Un jeune homme de 19 ans a été condamné jeudi à quatre ans de prison ferme pour des dégradations commises à Strasbourg lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, dont l’incendie d’une mairie de quartier.
Interpellé mardi au terme d’une enquête qui a permis de l’identifier sur des images de vidéosurveillance et des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, ce jeune homme sans casier judiciaire a été jugé en comparution immédiate après sa garde à vue. Le tribunal de Strasbourg l’a condamné à cinq ans d’emprisonnement dont un an assorti d’un sursis probatoire durant trois ans avec obligation de travail et obligation d’indemniser les parties civiles.
Le 29 juin, le jeune homme avait formé des barricades, tiré sur les forces de l’ordre avec des mortiers et, en compagnie d’autres personnes, était entré par effraction dans la mairie de quartier Neuhof-Meinau. Il avait mis le feu à de l’essence déversée par un autre émeutier, puis avait volé un drapeau de la France.
Un « effet de groupe »
Les dégâts sont estimés à 800.000 euros, a souligné l’avocat de la mairie et de l’Eurométropole de Strasbourg, Me Gauthier Bautz. « Je n’ai pas d’explications », a déclaré le prévenu au président du tribunal, Marc Picard, avant d’évoquer un « effet de groupe ».
Il était jugé au côté d’un homme sans domicile fixe de 43 ans, père de six enfants, qui comparaissait pour avoir, le même soir, mis le feu à des poubelles et encouragé des mineurs à faire de même. Ce quadragénaire, dont le casier judiciaire présente 31 mentions, notamment pour des faits de vol, de violence et une condamnation pour trafic de stupéfiants, a été condamné à trois ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt. « Je ne regrette pas », a-t-il déclaré lors de l’audience.
Le tribunal a été plus sévère que les réquisitions de quatre ans d’emprisonnement dont un avec sursis probatoire pour le mineur et 30 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt pour le majeur.
« Une bêtise insondable » et « une absence de limites »
Le procureur Alexandre Chevrier a déclaré que la mort de Nahel n’était qu’un « prétexte pour casser » et estimé que l’incendie de la mairie de quartier, « un lieu au service de la population » constituait le « comble de l’absurdité », « révélateur d’une bêtise insondable et d’une absence de limites ».
L’avocat des deux hommes Me Christophe Cervantes avait souligné que ses clients reconnaissaient les faits et avait mis en garde contre la tentation de leur faire « porter une responsabilité très lourde » pour leurs rôles dans des émeutes auxquelles ont participé des « dizaines voire des centaines de personnes ».
Ils ont dix jours pour faire appel.
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