En Bretagne, des centaines d’anguilles de mer s’échouent sur les plages : un phénomène aussi rare qu’inexpliqué

Par Emmanuelle Bourdy
28 août 2024 11:55 Mis à jour: 28 août 2024 11:55

Depuis ce jeudi 22 août, des congres, ou anguilles de mer, échouent en grand nombre sur les plages du sud du Finistère. S’agit-il des grandes marées, de la pêche, d’une maladie subite ou encore d’une toxine ? Pour l’heure, même les scientifiques ne savent pas expliquer les raisons d’un tel phénomène.

Les Finistériens assistent, depuis quelques jours, à l’échouages de dizaines de congres morts. Les plages entre Concarneau et le Guilvinec sont impactées par ce phénomène depuis jeudi dernier, rapporte France 3 Bretagne. Plusieurs hypothèses sont actuellement mises en avant, sans que l’une d’entre elles soit retenue.

Piégés par les grandes marées ?

Ce poisson, qui ressemble à une énorme anguille de mer grise, aime se cacher dans les failles et peut mesurer jusqu’à deux mètres de long. Après l’échouage de ces quelque 200 cadavres de congres, plusieurs hypothèses ont été avancées.

Parmi elles, les récentes grandes marées. Des pêcheurs supposent effectivement que ces poissons ont pu s’asphyxier en restant sous leurs gros blocs rocheux. « S’ils étaient affaiblis, ces poissons ont pu être piégés à marée basse, compte tenu des coefficients de marée importants, et mourir par manque d’oxygène », explique à France 3 le maître de conférences au muséum d’histoire naturelle, Samuel Iglesias, soulignant que « ceux que l’on a retrouvés vivaient très certainement près du bord ».

Une toxine pourrait être en cause

D’autres pensent que cet échouage serait dû à la récente pollution observée à Concarneau. Celle-ci serait liée à une toxine libérée par des algues. Des analyses bio-moléculaires sont d’ailleurs en cours, indiquent à France 3 des scientifiques de l’Ifremer. Ces analyses, dont les résultats ne seront connus que dans quelques semaines, vont permettre « d’identifier l’espèce d’algue et de savoir si elle produit des toxines », précisent ces chercheurs.

Toutefois cette seconde hypothèse laisse Samuel Iglesias perplexe. Il se demande en effet pourquoi seuls les congres auraient été touchés par cette toxine, et pas les autres poissons. Cependant, d’autres poissons ont depuis subit le même sort, notamment des dorades royales et homards, qui ont été retrouvés sur d’autres plages.

Deux hypothèses écartées

« Cela fait 27 ans que je travaille à la station marine de Concarneau, c’est la première fois que je vois un échouage massif », admet néanmoins auprès de nos confrères Samuel Iglesias. Quant à l’hypothèse selon laquelle ces congres auraient été rejetés par des pêcheurs, le scientifique n’y croit pas un instant car, selon lui, « il y a trop de cadavres et le phénomène est trop étalé sur la côte ».

Le chercheur écarte en revanche l’idée que cette mortalité soit en lien avec la reproduction de cette espèce car celle-ci aurait entraîné une décalcification du poisson. Or, cela n’a pas été observé dans le cas présent. De plus, aucune larve de congres n’a été repérée dans le plancton.

La plage de Concarneau fermée « jusqu’à nouvel ordre »

Trouvera-t-on finalement une réponse ? La question, pour l’heure, reste entière. En attendant, en raison des odeurs pestilentielles dégagées par ces poissons morts, les équipes techniques s’activent pour les évacuer et les emmener à l’équarrissage.

Quant à la mairie de Concarneau, elle a décidé de fermer la plage de sa commune « jusqu’à nouvel ordre ». L’arrêté, pris ce 25 août, indique que « les activités nautiques, baignades, promenades et toutes autres activités de loisirs » y sont interdites. La municipalité met en avant l’éventualité d’un « risque sanitaire ».

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