Européennes : crédité d’un bon score, Raphaël Glucksmann apparaît comme le nouvel homme fort de la gauche

Par Epoch Times avec AFP
9 juin 2024 22:00 Mis à jour: 10 juin 2024 08:14

Raphaël Glucksmann, qui obtient la troisième place aux européennes de dimanche, est devenu le nouvel homme fort de la gauche et promet de participer à sa reconstruction, même s’il récuse toute ambition présidentielle.  

Peu après l’annonce des résultats, l’essayiste de 44 ans s’est dit fier de son score, mais a souligné qu’il n’avait « pas l’âme à la fête » après le score historique du RN.

Avec 14,2% des suffrages exprimés d’après les premières estimations, la tête de liste du PS et de Place publique est tout de même devenue incontournable, réussissant à plus que doubler son résultat médiocre de 2019 (6,19%), et à redonner de l’espoir à une social-démocratie en berne.

Son mandat d’eurodéputé l’a « transformé »

Il semble loin le temps de sa première campagne européenne, il y a cinq ans, où propulsé tête de liste par le patron du PS Olivier Faure, Raphaël Glucksmann semble mal à l’aise, et parfois déconnecté du terrain. Lui-même le reconnait, il était « mauvais ». Mais il a « travaillé » et son mandat d’eurodéputé l’a « transformé ».

Alors que d’autres jugent le mandat européen synonyme de sacerdoce, lui se découvre une passion et se fait connaitre à Bruxelles par son combat pour la défense des Ouïghours, minorité musulmane persécutée en Chine, et pour « le devoir de vigilance des entreprises ».

Engagé « contre les ingérences étrangères en Europe », notamment de la Russie et de la Chine, contre lesquels il met en garde « depuis des années », il se positionne aussi en opposant farouche à la droite nationaliste.

Reconduit tête de liste, le compagnon de la journaliste Léa Salamé, a pris de « l’épaisseur » et « s’est révélé », admet un élu socialiste qui n’était pas fan de la première heure : « Il n’est plus le fils de son père » le philosophe André Glucksmann, ex-maoïste devenu néo-conservateur et décédé en 2015.

Une campagne voulue « positive et joyeuse »

Dans sa campagne, qu’il a voulue « positive et joyeuse » et où il dit être le seul à « avoir parlé d’Europe », il a défendu un projet de transformation de la société qui passe par une Europe souveraine, le soutien à la résistance ukrainienne face à la menace russe, mais aussi une révolution environnementale basée sur un protectionnisme écologique, une réindustrialisation et la lutte contre les traités de libre échanges.

Celui qui s’est placé pendant la campagne dans les pas de Jacques Delors et de Robert Badinter, a eu le soutien des figures socialistes Lionel Jospin et Martine Aubry, mais aussi celui, plus embarrassant, de l’ex-président François Hollande, honni par une partie de la gauche.

De quoi alimenter les critiques de LFI (8,3% à 8,7% des suffrages exprimés, d’après les premières estimations) qui l’accuse d’être le candidat d’une « gauche molle » et a fait de lui sa première cible, quand les écologistes jugent qu’il manque de clarté sur ses votes au parlement, parfois en contradiction avec son groupe.

Accusé aussi d’être « trop parisien » ou « hors-sol », l’essayiste nourri d’internationalisme, rappelle son expérience comme documentariste sur le génocide des Tutsi au Rwanda puis sur la révolution orange en Ukraine en 2004, ou comme conseiller de l’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili de 2008 à 2012.

« Ma parole et ma vision du monde ne se sont pas forgées à Davos ou Washington, mais dans des lieux dont je ne sais si vous pouvez soupçonner la désolation », rétorque-t-il.

Pour l’avenir, il revendique d’ouvrir « un nouvel espace politique, qui se définit par un certain rapport à la démocratie, à la violence et à la vérité », manière de se positionner face à la « brutalisation » de La France insoumise et de son leader Jean-Luc Mélenchon, avec qui il a de profondes divergences de fonds, sur l’Europe et l’international.

Raphaël Glucksmann a promis de ne pas disparaitre le 10 juin, assurant qu’il serait « le garant » d’une ligne pro-européenne qui aura été tranchée, celle d’une « gauche pro-européenne, démocratique et humaniste ».

Certains affirment voir dans ses propos une ambition pour 2027. Mais il l’a toujours démenti, assurant vouloir surtout peser au niveau européen.

« Raphaël ne va pas entrer dans la guerre du “je suis candidat” », martèle son entourage. « C’est sa position de surplomb qui peut participer à ce que chacun fasse un pas l’un vers l’autre », en vu d’un rassemblement de la gauche pour 2027. « Ils ne le verront pas comme un concurrent. Il ne sera pas candidat. »

Mais « évidemment qu’il va pas disparaître. Sur le plan des idées, Raphaël va avoir son rôle à jouer. Un rôle intellectuel et idéologique », assure-t-on de même source.

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