Linda essuie une larme devant la scène : mairie ravagée, vitres brisées, voitures calcinées. Mons-en-Baroeul, dans le Nord de la France, présente un visage dévasté après une nuit de violences, en réaction à la mort à 230 km de là d’un jeune tué par un policier.
« On était aux premières loges. Ça tirait au mortier (d’artifice) dans tous les sens », témoigne-t-elle, claquettes aux pieds sur les débris de verre, dans la fraîcheur du petit matin, au moment où des agents municipaux installent des barrières interdisant l’accès à l’hôtel de ville.
Une odeur de brûlé flotte encore dans l’air, stigmate de la nuit passée, tout comme les carcasses de véhicules calcinés et les traînées de suie qui maculent la façade du bâtiment de cette commune populaire, mais tranquille, collée à Lille, non loin de la frontière belge.
« Ils ont mis le feu à tout », se désole le maire de gauche de Mons-en-Baroeul, Rudy Elegeest, la voix fatiguée après une nuit à constater, impuissant, les destructions. « Les dégâts matériels sont absolument considérables. »
Les violences débutent vers 23h30, quand « une cinquantaine d’individus cagoulés » commencent à tirer contre la mairie à coup de mortier d’artifice, raconte l’édile. Puis « ils sont rentrés et ils ont mis le feu à plusieurs endroits ».
« On a échappé au pire, parce qu’il y avait trois agents à l’intérieur » qui « se sont cachés pour échapper à la fois à cette violence terrible et aux flammes », poursuit-il.
Les assaillants « se sont ensuite attaqués à une très grosse salle des fêtes, située en face de l’Hôtel de ville », puis « une autre salle encore à côté ».
Les violences et les tirs de mortiers ne cesseront qu’aux alentours de 4h30.
« C’est la désolation, la stupéfaction, l’incompréhension, parce que c’est une ville plutôt calme. On n’a jamais eu ce genre de choses », se désespère Véronique Delahaye, responsable des ressources humaines à la mairie.
« On ne comprend pas cette réaction à l’échelle nationale », dit-elle, après la mort mardi matin de Nahel, adolescent de 17 ans tué par un tir de policier suite à un refus d’obtempérer à Nanterre, près de Paris.
Les violences ont été particulièrement importantes en région parisienne, à Nanterre, où des centaines d’émeutiers ont affronté les forces de l’ordre aux cris de « À mort les keufs (flics en verlan) ! » ou à Garges-les-Gonesse, où l’hôtel de ville a été incendié.
La mort de Nahel, personne n’en parle
« Incendier la mairie, c’est sale, bête et méchant », réagit avec dépit Adilia Ribeira, une retraitée de 64 ans. « Mon sentiment, c’est de penser aux dépenses que cela va représenter pour réparer et ça va aussi allonger les démarches que les gens voulaient faire à la mairie, » déplore Térésa Isabel, une mère au foyer de 39 ans.
La France a été à plusieurs reprises le théâtre de violences urbaines. En 2005, la mort de deux adolescents poursuivis par les forces de l’ordre avait provoqué trois semaines d’émeutes.
Cette année, les violences ont gagné particulièrement rapidement plusieurs villes de province, comme dans le Nord. Dans le quartier populaire de l’Alma, à Roubaix, un véhicule calciné fait face au centre social du quartier, où la chaussée noircie porte les traces des incendies de la nuit. Quelques flammes couvent encore sous un tas d’ordures.
« Dans la journée, personne ne parle vraiment de ça (la mort de Nahel, ndlr) mais la nuit les loups-garous sortent », raconte Hamid Meddahi, un épicier qui dit avoir été contraint de déplacer son camion « dans la nuit, parce qu’une voiture brûlait à côté ». Nanterre, « c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », estime Karim, la trentaine, croisé dans le quartier, qui ne veut pas donner son nom.
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