Le 14 février, la vice‑première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a annoncé que le gouvernement allait prendre des mesures de répression à l’encontre du désormais célèbre Convoi de la liberté 2022. Mme Freeland a déclaré : « Si votre camion est utilisé dans ces blocus illégaux, vos comptes d’entreprise seront gelés, l’assurance de votre véhicule sera suspendue. » Cette annonce fait suite à la déclaration du premier ministre canadien Justin Trudeau en faveur de la loi sur les mesures d’urgence. Ces mesures d’urgence ont été instituées, après des semaines de perturbations économiques et pratiques, particulièrement à Ottawa.
C’est à Ottawa qu’a convergé l’important convoi de camionneurs, rallié par des manifestants à pied. Tous voulaient signaler leur désapprobation quant au mandat de vaccination obligatoire entre autres mesures anti‑Covid. Ces protestations se sont répandues à travers l’ensemble du pays, la population ayant à cœur d’exprimer ses préoccupations concernant les politiques du gouvernement. (Voir le site Substack de Bari Weiss et l’excellent article intitulé : « What the Truckers Want ». [Ce que veulent les camionneurs, ndt.]) Le message du Convoi de la liberté est clair : mettre fin aux mesures d’urgence liées au Covid‑19.
Un certain nombre de gouvernements provinciaux canadiens viennent de lever leurs restrictions Covid, c’est le cas du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Ontario. Mais ils l’ont fait indépendamment des manifestations, prétendent‑ils.
Trudeau, de son côté, s’est opposé avec toujours plus de rigueur aux réclamations du Convoi. Invoquant la Loi sur les mesures urgences, utilisée pour la première fois depuis son adoption en 1988, Trudeau a tout simplement déclaré la guerre aux manifestants : « Ce n’est plus une protestation légale ou un désaccord sur la politique du gouvernement. Il s’agit maintenant d’une occupation illégale. Il est temps pour les gens de rentrer chez eux. »
La manifestation se poursuit depuis un moment déjà, soutenu par des populations qui l’alimentent financièrement. Le 4 février, la page GoFundMe du Convoi de la liberté 2022 pour « violation des (…) conditions de service (…) et a été retirée de la plateforme ». Suite aux actions de GoFundMe, les organisateurs du mouvement se sont tournés vers le site GiveSendGo pour lancer un autre financement participatif. Mais le 10 février, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a rendu une ordonnance interdisant l’accès aux fonds collectés sur GiveSendGo. Le 12 février, GiveSendGo tweetait : « GiveSendGo travaille avec de nombreux organisateurs de campagnes différentes pour trouver les moyens juridiques les plus efficaces pour continuer à faire circuler les fonds. » Selon le site Web CNN Business, « bien que GiveSendGo refuse de se conformer à l’ordonnance du tribunal, [la plateforme] pourrait tout de même être obligée de le faire. En effet, l’ordonnance s’applique également aux processeurs de paiement tiers du site Web ». C’est là que réside le problème majeur.
Bien que la liberté de se réunir (ou de protester) puisse être protégée, les gouvernements ont appris qu’ils pouvaient étouffer les protestations en limitant l’accès des militants aux processeurs de paiement et autres intermédiaires financiers. Après le 11 septembre, le Canada a modifié la « Loi sur le recyclage des produits de la criminalité » [une loi visant à faciliter la répression du recyclage financier des produits de la criminalité, ndlr.] et l’a élargie pour y inclure des dispositions afin du lutter contre le financement du terrorisme. La loi a donc été rebaptisée « Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes » (LRPCFAT). Selon le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada, l’un des objectifs de la LRPCFAT est « de mettre en œuvre des mesures spécifiques pour détecter et décourager le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes, afin de faciliter les enquêtes ou les poursuites relatives aux infractions de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme ».
À la suite de la déclaration de Trudeau concernant la Loi sur les mesures d’urgence, Mme Freeland a annoncé que le gouvernement élargirait la LRPCFAT pour y inclure les plateformes de financement participatif (crowdfunding) et leurs fournisseurs de services de paiement associés.
Lors d’une conférence de presse, Mme Freeland a déclaré : « Les blocus illégaux ont mis en évidence le fait que les plateformes de financement participatif et certains des fournisseurs de services de paiement qu’elles utilisent ne sont pas entièrement visés par la LRPCFAT », sans manquer de préciser que les « changements couvrent toutes les formes de transactions, y compris les actifs numériques tels que les crypto‑monnaies. » Grâce à la Loi sur les mesures d’urgence les banques ont temporairement l’autorisation, sans ordonnance du tribunal ni crainte d’être poursuivies, de geler les comptes personnels et professionnels soupçonnés d’être utilisés pour favoriser les blocus. Elles sont par ailleurs obliger de « signaler les relations financières avec les clients impliqués dans les blocus illégaux à la Gendarmerie royale du Canada ou au Service canadien du renseignement de sécurité ».
La conclusion logique basée sur les actions du gouvernement canadien est que Trudeau considère le Convoi de la liberté comme une forme de terrorisme. Si Trudeau voulait mettre fin aux manifestations, il aurait pu mettre en place une réunion avec les organisateurs pour discuter de leurs demandes ou étouffer la manifestation en envoyant l’armée. Le premier ministre a choisi de ne pas écouter les manifestants, de ne pas envoyer l’armée, mais de mettre au point une troisième stratégie : contraindre les fournisseurs de services de paiement et les institutions financières à servir d’intermédiaires pour l’Etat. Ce pouvoir nouvellement « découvert » s’inscrit dans une longue lignée de pratiques visant à supprimer les comptes bancaires (« débanquer ») des personnes politiquement défavorisées, écrit Ben Shapiro du Daily Wire.
Dans ces circonstances, il est clair que Trudeau cherche un moyen d’ignorer les demandes du Convoi de la liberté tout en mettant fin aux manifestations, ou à « l’occupation », comme il l’appelle. En juin 2020, Trudeau a été interrogé sur l’idée du président américain de l’époque, Donald Trump, d’utiliser des soldats contre les manifestants et les émeutiers. Il a répondu : « Nous observons tous avec horreur et consternation ce qui se passe aux États‑Unis. » Il est clair que Trudeau a été troublé par une approche musclée à l’égard des manifestants et des émeutiers de Black Lives Matter. Pourtant, sa réponse au Convoi s’est avérée plus brutale. Dans le déni, il n’a pas hésité à qualifier les manifestants de « minorité marginale » aux « opinions inacceptables ».
Le premier ministre est tombé dans le même piège politique que l’ancien président américain Barack Obama et l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton. Obama, Clinton et maintenant Trudeau peuvent tous être décrits comme des oligarques ayant perdu pied avec la réalité méprisant toute opinion politique contraire à la leur. Pendant des décennies, se préservant de toute responsabilité politiques, tenant les électeurs à distance, la classe politique a confié son pouvoir décisionnaire démocratique à de prétendus experts enracinés dans divers organismes administratifs. Sur le long terme, cette stratégie a abouti au mépris que nous voyons aujourd’hui de la part de nos dirigeants pour l’électeur moyen. Dans la lignée de cette politique Trudeau relaye la crise au niveau des institutions financières et des fournisseurs de services de paiement en abusant des leviers du pouvoir gouvernemental.
Par Mitch Nemeth
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur, et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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