En réponse à la pandémie, le gouvernement canadien a lancé une vague de dépenses sans précédent. À Ottawa, le gouvernement fédéral cherche à pérenniser ce niveau de dépenses.
En 2020‑21, les dépenses fédérales ont augmenté de 73% pour atteindre 644,2 milliards de dollars, avant de diminuer de 21% pour rejoindre un montant estimé à 508 milliards de dollars en 2021‑22. Les dépenses totales des gouvernements provinciaux ont aussi augmenté de 9,2% en 2020‑21 pour atteindre un montant prévu de 504,4 milliards de dollars, et de 5,6% supplémentaires en 2021‑22 pour atteindre 532,9 milliards de dollars.
Par conséquent, entre 2019‑20 et 2020‑21, le ratio du déficit au PIB (un indicateur de la capacité d’une administration à rembourser sa dette) est passé de ‑1,8% à ‑13,2%, tandis que le ratio du déficit collectif au PIB des provinces est passé de ‑0,8% à ‑1,9%. En conséquence, le ratio de la dette nette fédérale au PIB est passé de 33% en 2018/19 pour atteindre près de 50% en 2021/22, tandis que le ratio collectif des provinces est passé de 29% à environ 31%.
Au niveau provincial, les déficits budgétaires semblent corrélés avec l’intensité de l’impact de la pandémie en termes de nombre de cas par habitant par province, bien que cela ne soit pas aussi évident au niveau fédéral. En effet, au niveau fédéral, près de la moitié du déficit encouru lors de la pandémie venait des transferts de santé ou le soutien du revenu aux personnes et aux entreprises, tandis que le reste était dû à des dépenses indépendantes de la pandémie, représentant une augmentation permanente et à long terme des dépenses fédérales.
En plus des montants substantiels de soutien de revenu aux personnes et aux entreprises provenant des prestations d’intervention d’urgence, Ottawa a généré une augmentation permanente substantielle de ses propres niveaux de dépenses, pendant la pandémie, ce qui mérite une attention particulière.
Le budget fédéral de 2022 prévoyait que (même après la baisse des dépenses post‑pandémie), par rapport à l’exercice 2019‑20, les dépenses totales en 2022‑23 seront environ 27% plus élevées, soit une augmentation annuelle moyenne de 9% par an. Cela représente une empreinte plus importante des dépenses du gouvernement fédéral à long terme et deviendra un exemple classique de l’hypothèse de déplacement des dépenses de Peacock Wiseman.
Les économistes britanniques Alan Peacock et Jack Wiseman ont observé que les dépenses du gouvernement britannique avaient augmenté de façon spectaculaire pendant les guerres mondiales, mais qu’elles n’ont ensuite jamais diminué pour atteindre les niveaux d’avant‑guerre, se stabilisant plutôt sur un nouveau plateau. Selon eux, le financement des dépenses publiques était en définitive limité par les recettes fiscales et restreint par ce que le public considérait comme des niveaux d’imposition tolérables.
Mais une crise sociale telle que la guerre réduit la divergence entre les niveaux souhaités de dépenses publiques et ce que le public considère comme une charge fiscale tolérable. Cependant, une fois la crise sociale passée, les nouvelles recettes sont restées, permettant au gouvernement de financer en permanence des niveaux de dépenses plus élevés qu’avant la crise. Aujourd’hui, les recettes fiscales post‑pandémie sont en forte hausse au Canada, ce qui donne à Ottawa la tentation de continuer à dépenser.
En résumé, pendant le Covid, les deux niveaux de gouvernement ont vu leurs recettes diminuer puis se redresser, les provinces se redressant plus rapidement au départ, en partie grâce aux transferts d’Ottawa. Les deux paliers ont également vu leurs dépenses augmenter, ce qui a entraîné une hausse des déficits budgétaires et de la dette. Toutefois, collectivement, les provinces canadiennes ont subi des effets plus modestes en termes de déficits moins importants et de ratios dette/PIB par rapport au gouvernement fédéral, qui a profité de la pandémie pour augmenter ses dépenses à long terme.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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