Les ambitions mondiales de Huawei s’émoussent alors que les États-Unis intensifient leur campagne contre le géant chinois des télécommunications et que d’autres pays rejettent les actions de Pékin à propos de la pandémie et de Hong Kong.
Le Royaume-Uni réexamine son approbation de Huawei dans son déploiement 5G, tandis que les principaux opérateurs de Singapour ont choisi la semaine dernière les rivaux de Huawei, le suédois Ericsson et le finlandais Nokia, pour construire leurs réseaux sans fil de prochaine génération. Début juin, les principaux fournisseurs de télécommunications du Canada ont également renoncé à Huawei en faveur de ses concurrents européens.
Ces développements sont intervenus lorsque l’administration Trump a bloqué au mois de mai Huawei, le plus grand fabricant d’équipements de télécommunications du monde, qui utilise des puces fabriquées avec des technologies américaines. Cette décision pourrait constituer un sérieux revers pour l’entreprise, qui compte sur ces puces indispensables pour construire et entretenir ses équipements de réseau 5G, a déclaré Claude Barfield, expert en commerce international au sein du groupe de réflexion American Enterprise Institute, basé à Washington.
Parallèlement, Huawei se heurte également à une opposition croissante en Europe qui se justifie par la détérioration de l’attitude des pays à l’égard du régime communiste chinois qui a mal géré l’épidémie et a mené une campagne de désinformation massive pendant la pandémie.
« Cela est sans aucun doute renforcé par ce qui se passe à Hong Kong », a déclaré M. Barfield au journal Epoch Times, en faisant référence à la récente décision de Pékin d’imposer une loi de sécurité nationale dans la ville, renforçant ainsi son emprise sur le territoire.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, dans un discours au Forum du German Marshall Fund à Bruxelles le 25 mai, a décrit le « réveil transatlantique à la vérité de ce qui se passe » sur les défis posés par le régime communiste, notamment « Huawei, un bras de surveillance du Parti communiste chinois ».
Washington n’a cessé de faire des mises en garde sur les risques de sécurité posés par l’équipement de Huawei dans les infrastructures de la 5G. Les responsables américains affirment que l’équipement de cette société pourrait être utilisé par Pékin pour faire de l’espionnage ou pour perturber les réseaux de communication, en citant ses liens avec le régime et les lois de sécurité chinoises qui obligent les sociétés à coopérer avec les agences de renseignement lorsqu’on leur demande.
Selon le département d’État américain, la firme a également été impliquée dans des activités d’espionnage pour le régime. Un article de novembre 2018 du journal The Australian mentionne des informations secrètes provenant des services de renseignement australiens qui confirment que Huawei a communiqué des mots de passe et des données d’accès aux services de renseignement chinois, pour leur permettre d’accéder à un « réseau étranger ».
La semaine dernière, le ministère de la Défense a inclus Huawei dans une liste de 20 entreprises qui appartiennent ou sont contrôlées par l’armée chinoise, ce qui a suscité des appels à des sanctions économiques.
La société a nié ces allégations à plusieurs reprises, en affirmant qu’elle est une société privée et qu’elle n’est pas obligée par la loi de travailler avec Pékin. Huawei US n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Huawei lutte également contre deux actions fédérales, les procureurs lui reprochent de violer les sanctions contre l’Iran, de s’être engagé dans une campagne de vol de propriété intellectuelle qui dure depuis un an et d’avoir volé des secrets commerciaux à T-mobile.
Sécuriser les 5G
Dans une déclaration faite le 24 mai, M. Pompeo a souligné l’existence d’une dynamique en faveur d’une « sécurité 5G ».
« Plus les pays, les entreprises et les citoyens demandent à qui ils doivent confier leurs données les plus sensibles, plus la réponse devient évidente : pas au Parti communiste chinois, qui est un État espion », a-t-il déclaré.
La secrétaire d’État a cité la République tchèque, la Pologne, la Suède, l’Estonie, la Roumanie, le Danemark et la Lettonie parmi les pays qui n’autorisent que les fournisseurs de confiance dans leurs réseaux 5G. Le Ministère dispose également d’une liste d’entreprises de télécommunications dans le monde entier qui ne travaillent qu’avec des fournisseurs de confiance et qui ont refusé de travailler avec Huawei, les qualifiant de « sociétés de télécommunications propres ».
Pendant des années, les États-Unis ont cherché à convaincre leurs alliés d’écarter Huawei de leur infrastructure 5G pour des raisons de sécurité nationale. M. Pompeo a déjà annoncé que Washington devrait réévaluer son partage de renseignements avec les pays qui auront adopté Huawei.
Alors que le gouvernement britannique a approuvé la participation de Huawei au réseau national 5G au mois de janvier, le Premier ministre britannique Boris Johnston a été obligé de réévaluer cette décision après avoir subi la pression des législateurs au sein de son propre parti. Un nombre croissant de législateurs britanniques ont durci leur position vis-à-vis du régime communiste chinois depuis les répercussions engendrées par la pandémie. Ils sont en colère contre les dissimulations et les campagnes de désinformation continues de Pékin.
Boris Johnston aurait chargé des fonctionnaires d’élaborer des plans pour que la société se retire progressivement du réseau britannique dans un délai de trois ans.
L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a déclaré la semaine dernière que le Royaume-Uni devrait se ranger du côté des États-Unis dans sa position vis-à-vis de Huawei.
« Je pense que nous devons lancer un défi, et je pense qu’il doit être proaméricain en fin de compte », a déclaré Tony Blair dans une interview diffusée en direct par Reuters Newsmakers.
Il a noté que « Huawei [a] une infrastructure dont nous avons besoin qui est déjà bien intégrée, et la vérité est qu’elle est beaucoup moins chère que les alternatives qui sont développées jusqu’à présent ».
Mais « l’Amérique y tient beaucoup, et ils y tiennent pour des raisons assez bonnes, donc je pense que c’est très dur pour nous », a déclaré M. Blair. « Il est très difficile pour nous de ne pas être avec les États-Unis sur tout ce qui touche à la sécurité des États-Unis. »
Klon Kitchen, directeur du centre pour la politique technologique de la fondation du groupe de réflexion Heritage basé à Washington, a déclaré que Huawei a été un fournisseur 5G compétitif dans de nombreux pays du fait de ses prix avantageux, qu’elle a pu offrir avec l’aide financière du régime chinois.
En échange de l’aide généreuse de Pékin, des entreprises comme Huawei sont alors mandatées pour agir comme une extension de l’appareil d’État pour mener des activités de surveillance et autres, a déclaré M. Kitchen au journal Epoch Times.
« Cela entraîne des menaces très réelles pour la sécurité, des distorsions massives sur le marché libre mondial », a-t-il déclaré.
Actuellement, la France et l’Allemagne n’ont pas encore formellement interdit à Huawei de se lancer dans le déploiement de la 5G. Mais les deux pays sont en train de déterminer si cette interdiction sera appliquée réellement.
En Inde, où un récent conflit frontalier meurtrier avec la Chine a déclenché de nombreux appels au boycott et aux représailles contre le régime chinois, le gouvernement a interdit aux entreprises de télécommunications d’État d’utiliser tout nouvel équipement Huawei pour les futurs réseaux 4G. Il aurait également envisagé d’exclure les entreprises chinoises, dont Huawei, de la mise en place de la 5G dans le pays.
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