Un piratage informatique chez Uber, revendiqué par un jeune adulte, a fait chuter son action à Wall Street vendredi et incité les experts en cybersécurité à rappeler à quel point de nombreuses grandes entreprises sont mal protégées.
« Nous n’avons aucune preuve que l’incident a compromis des données sensibles des utilisateurs » a indiqué la plateforme de réservation de véhicules avec chauffeur (VTC) vendredi, ajoutant que tous ses services et son application mobile étaient « opérationnels ».
Uber a fait état jeudi soir d’un « incident de cybersécurité », précisant être « en contact avec les autorités » à ce sujet.
Vers 19H00 GMT vendredi, le titre Uber perdait 3.41% à 32 dollars, après avoir lâché jusqu’à 6,79%.
Selon le New York Times, un jeune pirate qui dit avoir 18 ans aurait obtenu des codes d’accès au réseau interne d’Uber en se faisant passer pour un membre de l’équipe technique auprès d’un employé, et ainsi à l’intranet, au code source ainsi qu’à des courriels, selon le quotidien, qui a reçu du hacker des captures d’écran à l’appui de ses assertions.
Plusieurs spécialistes de cybersécurité ont également indiqué avoir été en contact avec celui qui se présentait comme le pirate.
Celui-ci a réussi à déterminer un nom d’utilisateur et un mot de passe valides, explique Graham Cluley, un analyste en cybersécurité, dans un billet de blog vendredi.
Ensuite, le pirate « dit qu’il a simplement (…) bombardé un employé avec des requêtes d’authentification multifacteur », jusqu’à ce que la personne cède et lui donne accès par « ras-le-bol ».
Sollicité par l’AFP, Uber n’a pas donné plus de précisions que sur Twitter.
« L’humain est souvent le maillon faible », a rappelé Ray Kelly, de Synopsys Software Integrity Group, une entreprise californienne d’infrastructure informatique, « les groupes dépensent beaucoup d’argent en matériels et outils de sécurité, mais les salariés ne sont pas suffisamment formés ».
Uber déjà ciblé en 2016
En moyenne les entreprises américaines subissent 42 cyberattaques par an, dont 3 réussies, d’après la société spécialisée Keeper Security.
L’incident intervient alors que se tient, cette semaine, à San Francisco, le procès de l’ancien responsable de la sécurité informatique d’Uber, Joe Sullivan, accusé d’avoir dissimulé, en 2016, une attaque informatique qui avait permis à des pirates de mettre la main sur des données personnelles d’environ 57 millions d’utilisateurs de la plateforme.
Selon l’acte d’accusation, Joe Sullivan, licencié en novembre 2017, avait également organisé le versement d’une rançon de 100.000 dollars aux pirates à l’origine de l’attaque.
L’affaire n’avait été révélée qu’un an plus tard, Uber passant alors un accord amiable avec les procureurs de 50 Etats américains, intégrant 148 millions de dollars d’indemnités, au total, pour avoir tardé à dévoiler l’attaque au régulateur ainsi qu’au grand public.
Identifiés par les autorités américaines, les deux pirates à l’origine de la cyberattaque ont été interpellés et ont plaidé coupable d’extorsion devant un juge fédéral de Californie en 2019. Leur peine n’a pas encore été prononcée.
Le procès de Joe Sullivan est considéré comme un test quant à la vision qu’a la justice américaine des responsabilités et des obligations des spécialistes de cybersécurité au sein des entreprises.
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