L’armée israélienne a mené une frappe aérienne jeudi sur la ville syrienne de Lattaquié, selon les médias officiels syriens, et les États-Unis ont bombardé des sites des rebelles houthis au Yémen, près d’un mois après le début de la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah pro-iranien au Liban.
L’Iran, allié du régime syrien, des Houthis, du Hezbollah et du Hamas palestinien, a de son côté menacé jeudi d’attaquer « douloureusement » Israël s’il frappait des cibles « en Iran ou dans la région », en riposte à l’attaque de missiles menée par Téhéran sur le territoire israélien le 1er octobre.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée à Londres, l’opération contre Lattaquié, fief du président Bachar al-Assad, visait « un entrepôt d’armes » du Hezbollah. Elle a fait deux blessés, selon l’agence officielle syrienne Sana.
Si elle mène des bombardements réguliers sur la Syrie, territoire utilisé par le Hezbollah pour acheminer des armes vers le Liban selon elle, l’armée israélienne vise rarement cette ville portuaire syrienne.
Plus de fermeté à l’égard des Houthis
Elle a appelé jeudi la population à évacuer une zone de la Békaa dans l’est du Liban frontalier de la Syrie, un des bastions du Hezbollah qu’elle pilonne depuis l’intensification le 23 septembre de ses frappes contre le mouvement islamiste libanais.
Les États-Unis ont de leur côté annoncé avoir utilisé pour la première fois des bombardiers stratégiques furtifs B-2 pour frapper cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen et mènent depuis des mois des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en soutien au Hamas.
« Cette opération marque un changement dans la politique américaine » avec « une position plus ferme contre le comportement déstabilisateur » des Houthis, a estimé Mohammed Al-Basha, un spécialiste du Yémen basé aux États-Unis.
Israël et Washington ont mené ces opérations au lendemain de dizaines de frappes aériennes israéliennes au Liban, qui ont coûté la vie à 22 personnes, selon le ministère de la Santé, 16 d’entre elles à Nabatiyeh, parmi lesquelles le maire de la ville.
Depuis près d’un mois, au moins 1373 personnes ont été tuées au Liban, d’après un décompte de l’AFP à partir de données officielles. L’ONU a recensé près de 700.000 déplacés.
L’armée israélienne a déclaré jeudi avoir tué la veille plus de 45 combattants et démantelé « plus de 150 cibles » du Hezbollah, notamment un entrepôt d’armes, dans le sud du Liban, où elle a engagé une offensive terrestre le 30 septembre contre la formation libanaise.
Dans le village de Cana, également bombardé dans la même région, Mohammed Nasrallah Ibrahim, un secouriste décrit « un véritable désastre », avec « plus de 30 » blessés et « plus de 15 bâtiments détruits ».
Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, où la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste sur son sol le 7 octobre 2023 fait toujours rage, Israël a déplacé le gros de ses opérations militaires sur le front libanais contre le Hezbollah.
Israël prépare sa riposte à l’attaque iranienne
Israël affirme également préparer sa riposte à l’attaque iranienne du 1er octobre.
« Si vous attaquez nos cibles, que ce soit dans la région ou en Iran, nous vous frapperons à nouveau douloureusement », a averti jeudi le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la révolution, lors des funérailles d’un général de cette armée idéologique du régime iranien, tué par une frappe israélienne avec l’ex-chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, fin septembre près de Beyrouth.
Mercredi soir, la Force de paix de l’ONU (Finul) déployée à la frontière entre les deux pays a par ailleurs de nouveau rapporté des « tirs directs » israéliens sur une de ses positions, après une série de manœuvres similaires ayant mis Israël sous le feu des critiques internationales. La Maison Blanche a répété avoir demandé à son allié « de ne pas mettre en danger la vie des civils », des Casques bleus et des soldats libanais.
Le Hezbollah a affirmé jeudi avoir tiré des roquettes ciblant des troupes israéliennes sur une zone frontalière contestée près du plateau du Golan syrien annexé par Israël, et détruit deux chars israéliens dans le sud du Liban. Les sirènes d’alerte ont aussi retenti jeudi matin à Haïfa, dans le nord d’Israël, contre lequel il intensifie ses tirs.
Des tirs de roquettes libanais incessants
Israël affirme vouloir éloigner le Hezbollah de sa frontière et mettre un terme à ses tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza, afin de permettre le retour dans le nord d’Israël de quelque 60.000 déplacés.
Mais le numéro deux du mouvement chiite, Naïm Qassem, a affirmé qu’il ne serait « pas défait » par Israël, appelant à un « un cessez-le-feu ».
Dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée, la quasi-totalité de la population à Gaza « vit dans la pauvreté », a alerté l’ONU jeudi, évoquant un impact de la guerre qui « se fera sentir pour les générations à venir ».
La veille, le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, avait pointé un « vrai risque » de famine, accusant « certains membres du gouvernement israélien » d’en faire « une arme de guerre ».
Le sort de quelque 400.000 Gazaouis pris au piège de combats dans le nord du territoire palestinien, notamment dans la ville de Jabalia, encerclée et pilonnée par l’armée israélienne depuis le 6 octobre, est au centre des inquiétudes internationales.
Les forces israéliennes ont relancé leurs opérations dans le secteur affirmant que le Hamas tentait d’y reconstituer ses forces.
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