« Je n’ai jamais répondu à Monsieur Roussel, ce n’est pas pour répondre à Monsieur Martinez qui en est une version édulcorée » déclarait le leader insoumis ce dimanche 26 mars lors d’une interview sur LCI en réponse au secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, accusant depuis plusieurs mois Jean-Luc Mélenchon de vouloir « s’approprier le mouvement social pour reléguer les syndicats au second plan ». Au-delà d’être des évènements secondaires issus des mouvements de contestation contre la réforme des retraites, ces échanges à distance sont pourtant révélateurs de la continuité des tensions entre gauchistes et communistes.
Jean-Luc Mélenchon, un début de parcours très à gauche mais jamais communiste
Force est de constater que l’initiateur de la NUPES, bien qu’homme politique très à gauche sur l’échiquier politique français, n’a jamais été communiste pour autant. Jean-Luc Mélenchon semble être davantage proche d’une certaine tradition gauchiste, et plus particulièrement trotskiste comme en témoigne son parcours. En 1968, alors étudiant, Jean-Luc Mélenchon rejoint l’Organisation communiste internationaliste (OCI) pour tenter d’implanter un courant trotskiste au sein de l’UNEF (syndicat étudiant), s’opposant ainsi à l’Union des étudiants communistes (UEC), très liée au Parti communiste français. Son adhésion à l’OCI et donc son hostilité au communisme classique sera renforcée par le refus du PCF de condamner l’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces du bloc de l’Est, notamment l’Union soviétique, la République démocratique allemande, la Hongrie, la Pologne ainsi que la Bulgarie.
Presque dix ans plus tard, et jusqu’en 2008, il sera au Parti socialiste, mais toujours à la gauche de ce dernier, s’opposant farouchement à son aile plus modérée, notamment incarnée par Michel Rocard et plus tard par François Hollande, marquant sa différence par son opposition totale au libéralisme économique mais aussi au traité de Lisbonne.
Des alliances opportunistes avec les communistes suivant son départ du PS
Ne réussissant pas à imposer sa voix en sein du Parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon a fondé son propre parti en 2008 : le Parti de gauche. Il se rapprochera progressivement des communistes, notamment à l’occasion des élections européennes de 2009. L’appellation « Front de gauche » scellera leur alliance. Une alliance davantage électorale qu’idéologique.
En effet, le PCF n’ayant plus réellement d’électeurs et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon tout juste naissant, tous deux avaient intérêt à s’allier. Pendant les élections présidentielles de 2012 et 2017, Jean-Luc Mélenchon ayant acquis une certaine notoriété, le PCF le soutiendra mais progressivement de moins en moins. En 2012, faisant suite à une consultation de ses propres militants, le PCF annonce que 59 % des militants communistes souhaitent que leur parti soutienne le leader du Parti de gauche. Ils seront 53 % en 2017 et décideront de reprendre leur indépendance en 2022, en investissant leur secrétaire national, Fabien Roussel, premier candidat communiste depuis l’élection présidentielle de 2007. Lors d’une consultation en 2021, les communistes s’étaient alors prononcés à 72 % en faveur d’une candidature communiste autonome. Ils ne soutiendront donc pas cette fois-ci le candidat de la France Insoumise (mouvement fondé en 2016 par Jean-Luc Mélenchon).
La NUPES a paradoxalement davantage mis en évidence les divergences entre gauchistes et communistes
Dans le cadre de la préparation des élections législatives de 2022, les principales formations politiques de gauche (PS, EELV, LFI et PCF) trouveront un accord qui donnera naissance à la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES).
Cette alliance mettra en exergue les désaccords de fond et de stratégies entre gauchistes de la France insoumise et communistes du PCF, comme en témoigne la liberté de ton employée par Fabien Roussel à l’égard des insoumis et de Jean-Luc Mélenchon. Les communistes, malgré leur fibre révolutionnaire évidente sont très attachés à l’ordre. À l’Assemblée nationale, leur stratégie diffère totalement de celle des insoumis, il n’y a pas d’obstruction parlementaire, et le PCF assume clairement cette différence. Fabien Roussel, lors d’une interview sur BFMTV en février dernier accusera la France insoumise de « pourrir les débats » à l’Assemblée nationale et d’avoir une « stratégie clairement différente ». Ce soutien historique des communistes à l’ordre peut se vérifier dans le soutien indéfectible apporté par Fabien Roussel à la police. Autre différence majeure historique toujours d’actualité entre gauchistes et communistes, leur conception de la valeur travail. Pendant que les gauchistes et Jean-Luc Mélenchon prônent le « droit à la paresse », les communistes autour de Fabien Roussel proposent une autre conception du travail. En septembre 2022, à la fête de l’Humanité, Fabien Roussel déclarait : « La gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et des minima sociaux ».
Finalement l’actualité et les déclarations des uns et des autres ne font que confirmer une rivalité, voire une détestation historique entre deux courants majeurs à gauche. La question est maintenant de savoir si dans les années à venir, quand Jean-Luc Mélenchon sera définitivement retiré de la vie politique, le PCF reprendra ou non le leadership à la gauche de la gauche, aujourd’hui détenu par les Insoumis.
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