La Covid fait encore des siennes. Elle reprend de la vigueur et touche plus de jeunes. Il faut pourtant être prudent avec les chiffres. Bien entendu, la COVID a tué de façon non négligeable. On évoque environ 30 000 morts en France à ce titre et ça n’est pas fini. Mais il faut aussi relativiser les chiffres qui varient d’une année à l’autre, notamment selon les épidémies. Les chiffres de l’Insee font apparaître que le nombre de morts en France au premier semestre 2020 (332 600) est supérieur de 7,03% à celui du nombre de morts au premier semestre 2017 (310 741).
Mais toujours selon l’Insee, sur les mois d’hiver (décembre/janvier/février) de 2016/2017, le nombre de morts (178 022) en France a été supérieur de 9,015% à celui de la même période en 2019/2020 (163 300). Il faudra observer les chiffres dans les séries longues car les morts du coronavirus sont pour une large partie des personnes très âgées : au moins 92% des personnes décédées de COVID-19 sont âgées de 65 ans ou plus et l’âge médian au décès est de 84 ans. De telle sorte que les tables de décès en seront peut-être affectées à la baisse ces deux prochaines années. Quoi qu’il en soit, l’augmentation de la mortalité reste dans des zones proches des aléas annuels. S’il faut continuer de lutter contre ce fléau et s’il faut espérer que bientôt remèdes et vaccins efficaces, faut-il pour autant envisager à nouveau de geler la société et l’économie ?
D’autant que si le nombre de cas d’infection augmente c’est aussi parce que les dépistages sont plus nombreux. Certes, les cas d’admission en hôpital et en réanimation augmentent aussi, mais de manière mesurée et en l’état, sous réserve de confirmation, il semble que le virus baisse d’intensité pour devenir peut-être plus contagieux, mais moins meurtrier. Il faudrait alors relativiser aussi les règles de précaution pour éviter qu’elles fassent plonger une seconde fois l’économie dans un trou noir dont elle aurait plus encore de mal à se relever, causant à son tour de plus grands maux et peut-être plus de morts, du moins à terme.
Déjà, le nombre de défaillances d’entreprises est en forte augmentation dans le monde et particulièrement aux États-Unis et en Europe, plus élevé qu’en 2009 après la crise de 2008. 147 grandes entreprises (plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires), dont 20 entreprises françaises, ont fait faillite au deuxième trimestre à travers le monde, soit deux fois plus qu’en 2019 sur la même période selon la société d’assurance-crédit Euler Hermès. Celle-ci prévoit que le taux de défaillance augmentera de 35% d’ici fin 2021. En France, le nombre de procédures collectives, après cessation de paiement, déclaré en France a été particulièrement faible, mais il est illusoire à double titre : d’une part les tribunaux de commerce ont été, scandaleusement, fermés pendant le confinement et n’ont repris que lentement leur activité, d’autre part les aides déversées depuis fin mars soutiennent artificiellement les entreprises. Mais ça ne pourra pas durer, ces aides vont s’arrêter. Il faudra rembourser les prêts généreux garantis par l’État dont de nombreuses entreprises ont profité. Bien sûr ce sont les canards boiteux qui se déclareront les premiers en faillite, mais d’autres suivront malgré leur bonne gestion, notamment dans les secteurs du loisir, de la culture, de la restauration, du tourisme… qui ne peuvent toujours pas accueillir normalement leurs clients.
Le port obligatoire du masque partout ou presque ne facilitera pas la rentrée. Pire, il institutionnalise, comme le fait autrement la burqa, la dissimulation du visage dans la reconnaissance duquel se créent et s’apprécient les relations humaines qui façonnent les sociétés. Peut-être est-il donc temps d’éviter le massacre non seulement économique et social, mais culturel et presque civilisationnel que constitue cette religion de la peur instituée en religion d’État. Il faut le faire avec précaution, mais le principe de précaution exige précisément de ne pas détruire un monde pour contenir à peine une épidémie qui reste à la mesure raisonnable de celles que le monde connaît depuis une éternité.
Article de Jean-Philippe Delsol avec l’aimable autorisation de l’IREF
Docteur en droit et licencié ès lettres, Jean-Philippe Delsol est avocat au Barreau de Lyon spécialisé en droit des sociétés et fiscalité internationale. Fondateur du cabinet Delsol Avocats, il est Président de l’IREF.
Auteur de plusieurs livres, dont « A quoi servent les riches », il est un interlocuteur privilégié des médias sur les sujets touchant à la fiscalité, au patrimoine et à l’entreprise. Autres ouvrages publiés : Au risque de la Liberté (FX de Guibert, 2007), Pourquoi je vais quitter la France (Tatamis, 2013), Anti-Piketty (libréchange, 2015), L’Injustice fiscale (Desclée de Brouwer, 2016).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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