La question politique de la migration en France a pris une nouvelle tournure depuis l’arrivée de centaines de milliers de migrants d’Afrique et du Moyen-Orient depuis le début de l’année. Plus de 300 000 migrants ont en effet tenté de rallier l’Europe par la Méditerranée depuis janvier et plus de 2 500 d’entre eux sont morts en mer dans ce périple. Depuis la prise de conscience des pays européens, la cause humanitaire semble maintenant prévaloir à la cause politique.
Une question humanitaire européenne
Dépassant les considérations politiques entre la gauche et la droite, la crise des migrants place la France devant ses propres valeurs d’ « humanité » et devant sa propre responsabilité. Manuel Valls le soulignait en clôture de l’université du parti socialiste à La Rochelle: il y a, selon lui, une exigence de « fermeté » mais également un besoin d’« humanité » et de « responsabilité » à l’égard des migrants.
Le premier véritable message d’ouverture européen vis-à-vis des migrants est venu d’Allemagne, première destination en Europe. Angela Merkel déclarait le 25 août « l’Europe est dans une situation qui n’est pas digne de l’Europe, il faut tout simplement le dire », annonçant publiquement que son pays était prêt à accueillir et à intégrer les réfugiés – une attitude d’ailleurs suivie par la population elle-même. « Il faut le dire clairement : il n’y aucune tolérance vis-à-vis de ceux qui remettent en question la dignité d’autrui », a-t-elle prévenu suite aux heurs avec des militants d’extrême-droite à proximité des centres d’accueil pour les étrangers.
Un message clair salué par le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, soulignant le « comportement très courageux » de l’Allemagne. Le ministre des Affaires étrangères a également assuré la place la France à ses côtés et la nécessaire prise de responsabilité de l’Europe toute entière.
Entre migrants économiques et réfugiés politiques
La réponse en France et en Allemagne n’est cependant pas la même sur la question des migrants. Pour des questions démographiques: l’Allemagne n’a pas la même natalité que la France et voit sa population vieillir. Ensuite, pour des questions économiques. L’Allemagne possède un système d’intégration par le travail plus souple que l’hexagone, notamment sur l’emploi de travailleurs à bas coût.
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En France, la situation avait donc besoin d’être clarifiée pour permettre une prise en main dans les meilleures conditions du flux de migrants.
C’était le sens du message de Manuel Valls ce 31 août en déplacement à Calais, distinguant les migrants « économiques » en quête de meilleures conditions de vie, des réfugiés politiques qui « fuient la guerre, les persécutions, la torture, les dictatures ». Ceux-ci doivent « être accueillis (…) traités dignement, abrités, soignés », tandis que les autres, s’ils sont en situation irrégulière, doivent être traités avec fermeté.
Des quotas de migration économique sont en effet prévus en France chaque année. Il faut aussi empêcher la mise en place de filières d’immigration clandestine pouvant amener à des drames comme ceux en Méditerranée ou récemment en Hongrie, où l’on a retrouvé 71 Syriens asphyxiés dans un camion au bord de l’autoroute.
La question dépasse donc la seule question de politique intérieure du pays. Les réfugiés politiques sont protégés au titre du droit d’asile instauré par la Convention de Genève, venant en partie de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée Générale des Nations-Unies en 1948. Elle autorise le droit à l’asile et le droit à la dignité à chaque personne persécutée dans son pays pour des questions religieuses ou politiques.
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