Le fait que l’art moderne ou la peinture abstraite restent rares dans les églises ne relève pas de la simple coïncidence. On y trouve rarement des « œuvres » faites de jets de peinture aléatoires, entre autres révélations « intellectuelles ».
Depuis la Renaissance, l’art réaliste joue un rôle de premier plan dans l’éducation, et en particulier dans l’éducation chrétienne. Que ce soit dans la Bible, les églises ou les publications chrétiennes, l’histoire illustrée du christianisme s’est faite par le biais d’images réalistes et vivantes, auxquelles chacun peut s’identifier et comprendre. La portée d’une représentation réaliste est connue de tous depuis des siècles.
Une œuvre d’art réaliste et forte est capable de transmettre un message théologique clair, de donner corps à la parole du Créateur tout en servant de puissant vecteur de communication auprès de la population. C’est pourquoi les artistes théologiens comme Raphaël, Léonard, Michel-Ange et d’autres maîtres de la Renaissance ont peint des œuvres religieuses. Ils voulaient éduquer, élever et renforcer la foi.
La définition d’un artiste était très claire dans le passé. Non seulement l’art ne s’appliquait qu’aux artistes visuels, mais la définition de l’art comprenait aussi la compétence de l’artiste, car celui-ci pouvait accomplir des choses que personne d’autre ne savait faire.
Qu’est-ce qu’un artiste ?
Aujourd’hui, à l’heure du relativisme, n’importe qui peut être qualifié d’ « artiste ». Les cuisiniers, les karatekas, les dentistes, les bouchers… Le terme d’artiste a perdu son sens sacré. Les défenseurs du modernisme nous disent souvent que « l’art peut être n’importe quoi et n’importe quoi peut être de l’art ». Pourtant, cela ne correspond en aucun cas à notre héritage et à notre culture, et représenter la Vierge, par exemple, par un jet de peinture chaotique ou une sculpture déformée va complètement à l’encontre de notre perception visuelle de la vie et de la beauté de la création.
Il me vient à l’esprit une histoire qu’on m’a racontée : une famille de quatre enfants voyageait en voiture sur une route bordée de champs, de bosquets d’arbres et de rivières. Ils jouaient à un jeu où chaque enfant devait nommer le meilleur artiste du monde. L’un des enfants disait Picasso, un autre enfant Van Gogh, et le troisième Monet. Le quatrième enfant continuait impassible à regarder par la fenêtre de la voiture et à admirer la nature qui défilait. Enfin c’était son tour de parler : « Regardez le soleil, les oiseaux et les nuages dans le ciel bleu, les formes et les couleurs des feuilles et de tous les arbres différents. Selon moi, le meilleur artiste au monde est le Créateur ».
En effet, personne ne pourra jamais créer quelque chose de mieux que le chef-d’œuvre du Créateur. En tant qu’artiste moi-même, je pense souvent à cette histoire, et je me rends compte que nous, les artistes réalistes, essayons de reproduire la beauté de la création de Dieu sur nos toiles. En tant qu’artistes théologiens, nous explorons la nature du divin. Voilà ce que nous faisons.
Nous le savons dès le départ, nous ne serons jamais aussi bons que le Créateur dans notre travail. Mais au moins nous essayons de nous approcher le plus possible de cette perfection magistrale. En d’autres termes, nous chérissons et glorifions la création de la vie et sa beauté. Nous tous en tant que réalistes avons suivi une formation traditionnelle qui est en communication directe avec la nature, à la suite de Michel-Ange, Raphaël et bien d’autres. Nous nous efforçons d’améliorer nos compétences en dessin, car l’art réaliste est le seul type d’art qui exige des compétences, en particulier lorsqu’il s’agit d’explorer et de capturer la vie dans toute sa beauté et sa complexité, telle qu’elle est, sans exagération.
J’ai eu la chance d’avoir bénéficié de l’essentiel de cette formation traditionnelle. Et contrairement à de nombreux experts qui donnent leurs opinions sur l’art, je m’appuie sur des bases qui me donnent une certaine autorité artistique.
Enfant surdoué, j’ai peint mon premier portrait à l’âge de 4 ans. Ma formation artistique a duré 16 ans. Dès l’âge de 9 ans, j’ai entamé une formation formelle (1974-1990), que j’ai poursuivie au lycée d’art spécial pour enfants surdoués, puis au niveau doctoral à l’Institut d’art Surikov, tous rattachés à l’Académie russe des arts (fondée en 1757), qui m’a récemment élu académicien honoraire à vie.
Le cursus de toutes mes études, outre les matières obligatoires telles que l’anatomie humaine, la perspective et autres, comprenait également l’histoire de l’art, de la préhistoire à l’art moderne en passant par la Renaissance. Ainsi, en tant qu’étudiants, nous connaissions tous les mouvements artistiques, les styles, les techniques et les aspects techniques de chaque période de l’art. Plus nous apprenions, plus nous nous rendions compte que les œuvres d’art réalistes exécutées de main de maître ne pouvaient en aucun cas être mises sur le même plan que les croutes insignifiantes et inutiles que nous voyons malheureusement aujourd’hui dans les livres d’école pour enfants.
Le danger du relativisme
C’est en enseignant aux enfants l’art du relativisme que l’on commence à abîmer l’esprit, et à créer une confusion totale de la pensée : si ceci est un chef-d’œuvre mais que cette autre chose-là est aussi un chef-d’œuvre, alors quel exemple dois-je suivre ? En réalité, ce n’est pas si compliqué. Il faut juste se rappeler que nous vivons dans un monde de contrastes : les plus, les moins – la lumière, l’obscurité – la beauté, la laideur.
Les concepts du relativisme sont basés sur la remise en question du connu. Mais cela revient à remettre en question les valeurs morales qui ont permis à l’humanité de survivre tout au long de son existence. L’art moderne va de pair avec le relativisme, le sens moral commun est moqué et les choix personnels (souvent mauvais, contraires à l’éthique voire même criminels, comme l’avortement ou l’euthanasie) sont défendus comme des droits, des privilèges et des symboles de la liberté d’expression.
Voici donc la question à se poser : le relativisme moral, un élément central du modernisme dans l’art, qui rejette et dénigre la forme parfaite dans l’anatomie humaine et la nature, qui célèbre la mort et la laideur au détriment de la vie et de la beauté, serait-il maléfique ?
La réponse est évidente.
Les critiques modernes de l’école de la Renaissance et du réalisme en général prétendent qu’il n’y a rien de créatif dans le fait de représenter l’homme ou la nature sous leur forme réelle. Pourtant, c’est exactement ce que le Créateur a fait quand il a créé le ciel et la terre, la nature et tous les êtres. Il a créé le modèle, le plan du réalisme dans l’art, en divisant la lumière et l’obscurité en différentes valeurs tonales, et ceux qui sont familiers de la tradition artistique savent que l’étude des valeurs tonales dans la nature est le principe fondamental du réalisme. Au contact d’une peinture réaliste, le spectateur en ressort éclairé.
Il trouve de la vérité et de la bonté dans les tableaux les plus tragiques et les plus tristes, comme le Christ sur la croix, ou lorsqu’un tableau dépeint la douleur et la souffrance. Ces tableaux nous incitent à la compassion et à l’amour. Le réalisme, c’est la prière, la gratitude, l’hommage à la création de Dieu. C’est à l’inverse du pessimisme inhérent à l’art moderne, qui est l’art de la laideur et de la mort, et où l’avenir n’existe pas.
Le talent artistique est souvent considéré comme un « don de Dieu » et doit être chéri comme tel, et ne pas être considéré comme acquis. Pour un artiste, ce don s’accompagne également de responsabilités sacrées, car la mission de l’art visuel n’est pas de célébrer l’expression égoïste des sentiments dépressifs du peintre par des moyens primitifs. L’artiste doit propager la bonté et la beauté, et non pas la laideur du mal. Et oui, même les horreurs de la guerre et de la dévastation peuvent être représentées avec des signes d’espoir qui nous aident à traverser les périodes difficiles.
L’art doit éduquer de manière positive, et les artistes ont cette obligation morale devant leurs spectateurs et devant le Créateur lui-même, qui leur a donné le talent.
« Les œuvres d’art parlent de leurs auteurs », a dit le pape Jean-Paul II.
Dans sa lettre aux artistes de 1999, le pape écrivait : « À tous ceux qui se consacrent avec passion à la recherche de nouvelles “épiphanies” de la beauté, afin que, par leur travail créatif d’artistes, ils puissent les offrir en cadeau au monde », puis, pour appuyer son propos, il citait Genèse 1:31 : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et cela était très bon ».
La résurrection du réalisme
Dans le contexte des débats d’aujourd’hui et de ce qui se passe dans les arts, j’ai décidé de créer le tableau d’un jeune enfant angélique, placé au centre et représentant la beauté, l’innocence et la pureté de l’art réaliste.
Depuis le milieu des années 1950, l’art réaliste a été écrasé par une éducation artistique faible et superficielle et par des critiques d’art autoproclamés, maintenus pendant des décennies dans l’obscurité du modernisme. Dans mon tableau, le modernisme est représenté par les horribles créatures du tableau « emblématique » de Picasso intitulé « Guernica ». Il dépeint le moment où le film des ténèbres commence à chauffer par en dessous, comme un volcan, il bouillonne et fond, et la lumière divine du réalisme brise cette captivité de ténèbres froides pour respirer l’air et la nouvelle vie tant attendue. J’ai intitulé cette œuvre « Résurrection du réalisme ».
Au cours de ma carrière professionnelle, j’ai réalisé des milliers de dessins et de peintures et j’ai peint plus de 2000 portraits. J’apprécie particulièrement le genre du portrait, car il célèbre la beauté de ce que le Créateur a créé de plus parfait : l’humanité. C’est peut-être la raison pour laquelle la pire attaque du modernisme contre la création vise en fait à briser et à mutiler la forme humaine.
Je ne donne jamais de préférence entre les adultes et les enfants. J’aime simplement les gens de tous horizons et j’aime trouver et capturer avec précision les caractéristiques uniques de leur monde extérieur et intérieur. Après tout, c’est notre singularité qui fait la beauté de chacun d’entre nous, car nous sommes tous des enfants de Dieu. Parmi les nombreux portraits qui m’ont été commandés figurent également des papes, des présidents, des Premiers ministres, des membres de la famille royale, des PDG de Fortune 500, des célébrités et d’autres personnes éminentes.
Ce fut une bénédiction et un privilège inouï d’avoir rencontré et peint trois papes vivants pour la collection du Vatican : Jean Paul II (2003), Benoît XVI (2008) et François (2015). Lorsqu’on m’interroge sur mon expérience de la peinture des portraits papaux, je rappelle naturellement que j’ai d’abord pensé que chacun d’entre eux était différent par sa nationalité, son passé, sa personnalité, son apparence, etc. et que mon objectif était de capturer et de communiquer ce caractère unique, ce qui inclut souvent aussi de recourir à des symboles connexes. Mais il y a une caractéristique principale que les trois pontifes ont en commun : leur sainteté. D’après mon expérience personnelle, ils avaient les pieds sur terre, et en même temps ils vous donnaient l’impression d’être « hors-sol ».
Le portrait officiel du pape Jean-Paul II, intitulé « Croyez, n’ayez pas peur », a été commandé à l’occasion de son 25e pontificat et de la célébration des Journées mondiales de la jeunesse, qu’il a fondées. Il était également connu sous le nom de « pape du peuple ».
Dans le tableau, le pape se tient au centre, entouré de jeunes. Toutes les personnes qui l’entourent sont sorties de mon imagination et représentent certains aspects de notre vie et de nos valeurs, liés au pape, à son caractère et à sa passion. Il s’agit d’un couple de familles traditionnelles sous la croix, d’une jeune fille africaine priant pour un avenir meilleur dans son pays en difficulté, d’un enfant philippin tenant dans ses mains une bougie allumée, symbole de l’amour et de la joie de la foi, d’un jeune prêtre suivant les traces du Saint-Père, d’un enfant du Moyen-Orient serrant dans ses bras une statuette de Notre-Dame de Fatima qui a sauvé la vie du pape lors d’une tentative d’assassinat, et d’une jeune sœur de la miséricorde aidant un jeune homme handicapé, qui symbolise « la force par la souffrance ».
Le pape Jean-Paul II, aujourd’hui saint, était également acteur dans sa jeunesse, un saint homme d’une profonde créativité qui aimait la vie et la beauté de la création. Il n’hésitait pas à dénoncer la « culture de la mort », à mettre en garde contre ses conséquences et à citer les célèbres paroles de Fiodor Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde ».
Pour la réalisation de mon deuxième portrait papal, celui du pape Benoît XVI, « La Vérité, la voie et la vie », le Vatican m’a accordé une séance spéciale pour dessiner des croquis du pape. Ensuite, le portrait à l’huile de grande taille a été développé chez moi dans mon studio avant d’être dévoilé au Saint-Père.
En tant que théologien et homme très saint, le pape Benoît XVI est représenté les mains en prière, en train de communiquer avec la figure du Christ ressuscité à l’arrière-plan. L’arrière-plan du portrait comprend également les armoiries papales, une silhouette de la basilique Saint-Pierre du Vatican dans le lointain, la Bible et trois bougies symbolisant la Trinité.
Le pape Benoît XVI, lui-même musicien classique, comprenait la transfiguration de la lumière, selon ses propres termes : « L’art est une porte ouverte sur l’infini ». Le conservateur du Vatican, Monseigneur Roberto Zagnoli, le plus grand spécialiste de Michel-Ange, lors de l’inauguration de mon portrait papal à l’exposition « Splendeurs du Vatican » au musée des beaux-arts de Ft. Lauderdale, a rappelé à nos contemporains qu’il ne fallait pas céder aux ordinateurs, caméras et autres gadgets et abandonner nos compétences et nos capacités naturelles, et que nous risquions de perdre notre chemin. C’est là qu’il m’a appelé « Maestro » pour la bénédiction du pape Benoît XVI, qui avait personnellement choisi mon portrait pour représenter sa papauté. C’est avec humilité et honneur que j’ai vu mon portrait exposé aux côtés des œuvres de mes géniaux prédécesseurs, Michel-Ange, Bernini, Giotto et d’autres grands maîtres de la Renaissance.
Mon troisième portrait papal du Vatican est celui du pape François, que j’ai intitulé « La Sainte Croix ». Avec chaque portrait que je réalise, je garde à l’esprit les responsabilités morales qui me sont confiées en tant qu’artiste. Comme l’a dit profondément le pape François, « la beauté, sous l’égide des artistes, a la capacité de transformer même la vie quotidienne des hommes et des femmes ». Je crois qu’un portrait doit aller bien au-delà de la photographie et capturer non seulement un « instant Kodak », mais la vie entière de la personne, et même au-delà.
Pour préparer le portrait du pape François, je me suis rendu au Vatican pour réaliser des études de portrait. Cette étape précieuse me permet d’obtenir la sensation de mon sujet en communication directe par le biais de l’art. À l’instar de mes nombreux portraits, celui du pape François est plus qu’un portrait au sens traditionnel du terme. Sa grande toile intègre un certain nombre de références symboliques reflétant le pape François : sa spiritualité et sa dévotion à la Sainte Famille, son amour pour les enfants et, bien sûr, le fait qu’il ait lavé les pieds des disciples de tous les jours.
Le mot « pontife » dérive du mot « pont » et signifie le « constructeur de pont », de sorte que l’arc-en-ciel derrière le Saint-Père symbolise un pont qui relie l’Église catholique à d’autres religions (représentées dans le tableau par la Sainte-Sophie d’Istanbul).
Le thème de la croix est présent tout au long du tableau. La composition du portrait comprend cinq « actions » principales : Le pape François au centre, comme point central du tableau, et quatre groupes, situés en diagonale dans les deux directions vers les coins de la toile. La figure du pape les relie tous ensemble, formant une croix. L’autre croix est provoquée par le faisceau lumineux de Dieu qui vient d’en haut, entre la colombe (symbole de l’Esprit Saint) à droite et la Sainte Famille avec le petit Jésus dans les bras de Marie, à gauche. Ce cadre invite le spectateur à percevoir le signe de la croix : Le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Le voyage de l’œil du spectateur commence par le Saint-Père et, dans un mouvement circulaire, revient vers lui, alors qu’il pose doucement les mains sur la croix de sa soutane, dans un geste de protection. C’est aussi sa posture typique. Je me souviens du dévoilement du portrait au pape François, lorsqu’il a mis la main sur son cœur et a déclaré à propos du tableau : « Il me touche », avant d’ajouter : « Il m’inspire ».
Notre avenir
Je souhaite laisser à mes lecteurs un avertissement pour l’avenir. Plus nous abandonnons nos talents, nos compétences et notre capacité à recréer la beauté de la création, plus nous brisons la forme humaine et nous nous éloignons de la nature, et plus nous nous éloignons du Créateur. Nous désobéissons à ses lois et à ses attentes et inversons, si l’on peut dire, sa création originelle, en retournant dans les ténèbres et le vide, auxquels il a apporté la lumière, la forme et la vie.
Le modernisme nous entraîne dans la direction opposée, dans le néant, et inverse le processus de création, des ténèbres à la lumière, pour nous faire passer de la lumière aux ténèbres.
Surmonter la destruction de l’école classique et la nécessité de promouvoir les compétences des anciens maîtres, la capacité de s’inspirer de la vie, la connaissance, l’éducation de la jeunesse, est la garantie que le sens moral commun prévaudra et maintiendra les traditions en vie, de sorte que la beauté sauvera effectivement le monde.
Reproduit et édité avec l’autorisation de babailov.com
Le maestro Igor Babailov, Hon. RAA, KStA est un portraitiste de renommée mondiale qui a réalisé des portraits de présidents, de Premiers ministres, de papes, de juges de la Cour suprême des États-Unis et d’autres personnalités. Il a reçu la médaille d’honneur d’Ellis Island en 2022 pour son portrait de George Washington à Mt. Vernon. Son site web est Babailov.com
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