Pouvant peser jusqu’à 200 kilos et mesurer trois mètres de long, le colossal pirarucu, qui avait presque disparu des rivières d’Amazonie en raison de la surpêche, prospère de nouveau aujourd’hui.
Ce poisson géant, appelé aussi « morue d’Amazonie », a été sauvé de l’extinction grâce à un programme scientifique de l’Institut Mamirauá, mené en symbiose avec les populations locales. On en trouve aujourd’hui de nombreux spécimens dans la région des réserves de Mamirauá et Amanã, à 500 km de Manaus, en plein cœur de l’Amazonie.
Le pirarucu (Arapaima gigas) était une importante source de subsistance des populations riveraines. Mais l’intensification de l’activité dans la forêt, les progrès technologiques des bateaux ainsi que la production de glace ont permis le stockage prolongé des poissons, et par là-même mis en danger les espèces, notamment le fameux pirarucu.
Contrairement aux autres poissons, le pirarucu possède un système respiratoire complexe, qui l’oblige à remonter à la surface toutes les 20 minutes pour respirer l’air. C’est à ce moment-là qu’on peut le pêcher. Mais surtout le compter, dans le cadre du programme de préservation.
Lorsque l’Institut de développement durable de Mamirauá est arrivé, « un groupe (de pêcheurs) a été créé pour compter les poissons quand ils remontent pour respirer », explique Luz Maria Luzilene de Castro, 48 ans, qui vit dans la communauté de Jarauá depuis 37 ans.
« Ce plan de gestion a 20 ans. Le pirarucu est revenu en abondance » et aujourd’hui les pêcheurs « disent qu’il y a plus de pirarucus que d’autres poissons », poursuit-il, évoquant notamment le tambaqui (Colossoma macropomum). Avec la pêche durable, la population de ces poissons géants est passée de 2.507 spécimens en 1999 à 190.523 en 2018.
Josué de Castro, 43 ans, a été l’un des « comptables » formés par l’institut. Il se souvient qu’avant le programme il n’y avait quasiment plus de pirarucus à Jarauá. « En méthodologie de comptage, vous comptez (le pirarucu) toutes les 20 minutes. Il (le poisson) remonte à la surface, il est facile pour vous de le voir », explique-t-il.
Aujourd’hui, la pêche du pirarucu est exercée de manière durable dans la zone des réserves, sur la base de quotas établis à partir du nombre total de poissons recensés l’année précédente. Elle tient compte de la période de reproduction, et est autorisée seulement de juillet à novembre et interdite le reste de l’année. Selon l’Institut Mamirauá, en 2018, la gestion du pirarucu a rapporté 1,56 million de réais (350.000 euros) à Mamirauá et à Amanã, qui ont été répartis entre plus de 700 pêcheurs.
Pour Emiliano Ramalho, directeur technique et scientifique de l’Institut Mamirauá, l’histoire du pirarucu résume bien l’alliance ente les différents savoirs à Mamiraua. « Un chercheur vient de l’extérieur pour soutenir une espèce menacée, le pirarucu, qui présente également un intérêt local », explique-t-il. « Ce savoir traditionnel, validé par la science, permet ensuite à seulement dix pêcheurs de compter les poissons dans un grand lac en une seule journée ».
D.C avec AFP
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