L’Afrique est devenue un foyer majeur de l’extrémisme violent, avec une augmentation significative des attaques terroristes sur ce continent au cours des dernières années. Cette situation constitue un défi majeur pour la paix et le développement, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Giordano Segneri, Chef d’équipe régional pour les États arabes au sein de la section « Gouvernance et consolidation de la paix » du PNUD, basé à Amman en Jordanie, a expliqué les raisons de cette évolution préoccupante à ONU Info Genève à l’occasion de sa participation à un dialogue politique organisé au Palais des Nations à Genève sur l’extrémisme violent en Afrique.
Selon Giordano Segneri, bien que les décès liés au terrorisme aient diminué dans le monde ces dernières années, les attaques en Afrique ont doublé depuis 2016. En 2021, près de 50% des décès liés au terrorisme ont eu lieu sur le continent africain, dont un tiers se concentre dans seulement quatre pays.
Une approche intégrée nécessaire
Cette réalité fait de certaines zones africaines un nouvel épicentre de l’extrémisme violent, avec des répercussions qui s’étendent également aux sous-régions voisines. Ainsi, la réponse à cette menace dépasse les frontières africaines et nécessite une approche intégrée impliquant toutes les parties prenantes, y compris les pays extérieurs à l’Afrique.
Selon M. Segneri, les groupes extrémistes violents trouvent souvent refuge dans des zones frontalières marginalisées, où l’autorité de l’État est faible ou inexistante. La pauvreté, la marginalisation et l’exclusion socio-économique créent un environnement propice au recrutement de nouvelles recrues. De plus, certains groupes aspirent à remplacer les autorités étatiques, ce qui souligne l’importance de renforcer le développement local et la gouvernance démocratique, tout en prenant en compte les préoccupations des populations dans les zones où les forces de sécurité interviennent.
La logique de recrutement de ces groupes extrémistes violents est complexe et sociale, selon M. Segneri. Les hommes sont souvent influencés par leurs amis, tandis que les femmes sont susceptibles de rejoindre ces groupes en suivant un membre de leur famille, généralement leur mari. La radicalisation peut se produire rapidement, certains individus rejoignant ces groupes en l’espace d’un mois.
Raisons multiples
Les conditions qui favorisent l’émergence de ces groupes extrémistes en Afrique sont multiples. Les populations éloignées des centres urbains, qui ressentent un manque de justice et de services de base, sont particulièrement vulnérables. De plus, les éléments déclencheurs, jouent un rôle crucial dans le basculement de certains individus vers l’extrémisme violent. Ces éléments déclencheurs peuvent être des violations des droits de l’homme, des actes de violence perpétrés par les forces de sécurité, des discriminations ethniques ou religieuses, des conflits intercommunautaires, ou encore des frustrations socio-économiques profondes.
Enfin, l’expert reconnaît que les politiques de développement actuelles n’ont pas réussi à endiguer la montée de l’extrémisme violent en Afrique et dans d’autres régions. Il appelle à une approche plus holistique et à une meilleure coopération entre les pays du Sud et les pays donateurs. Les objectifs de développement durable fournissent un cadre commun, mais la mise en œuvre de politiques efficaces nécessite un engagement politique et multilatéral pour réunir toutes les parties prenantes.
L’extrémisme violent en Afrique constitue donc un défi majeur pour la paix et le développement dans la région. Comprendre les facteurs qui favorisent son émergence et mettre en œuvre des stratégies intégrées sont essentiels pour lutter contre cette menace. La combinaison de mesures sécuritaires et de développement, ainsi que la promotion de la justice, de l’inclusion et du respect des droits de l’homme, sont des éléments clés pour prévenir et contrer ce phénomène.
L’article publié avec l’aimable autorisation de l’ONU.
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