L’Assemblée s’échauffe sur les retraites, tandis que le budget de la Sécu patine

Par Epoch Times avec AFP
29 octobre 2024 20:37 Mis à jour: 30 octobre 2024 13:00

Les députés poursuivaient mardi dans l’hémicycle l’examen du budget de la Sécurité sociale, théâtre d’une première passes d’armes concernant les retraites et symptôme des profonds clivages qui ralentissent un débat pourtant contraint par le temps.

Reprise des hostilités sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Après avoir rejeté les trois premiers articles du texte lundi soir, l’Assemblée nationale s’est lancée d’entrée de jeu mardi après-midi dans une bataille rangée sur l’inflammable dossier des retraites.

La gauche voulait engranger une victoire symbolique en faisant voter une hausse de cotisations, première étape en vue d’une abrogation de la dernière réforme qui a porté l’âge légal à 64 ans. Combat finalement perdu par 182 voix contre 232, les quatre groupes du Nouveau Front populaire et les indépendants de Liot se heurtant au front commun des macronistes, de la droite et du Rassemblement national.

Pas question en effet pour l’extrême droite de donner le point au camp opposé, à deux jours de sa « niche » parlementaire. « Rendez-vous jeudi », ont ainsi lancé les élus RN Thomas Ménagé et Laure Lavalette.

L’épisode a toutefois permis à quelques ténors de donner de la voix, Gérald Darmanin (EPR) défendant le « programme présidentiel » d’Emmanuel Macron quand Boris Vallaud (PS) a reproché au pouvoir d’être « passé en force » à coup de 49.3. D’autres ont profité de l’occasion pour mettre en cause François Hollande, au point que l’ex-président socialiste est sorti du silence pour défendre son bilan : la « loi Touraine » de 2014, « votée sous (son) autorité » et qui a « permis à 800.000 personnes de partir à 60 ans » en créant les « carrières longues », a-t-il rappelé.

(Photo AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Chahuté pour cette première prise de parole depuis son élection en juillet, l’élu de Corrèze s’est ensuite vu accuser par Laurent Wauquiez (LR) d’avoir « massacré les retraités » durant son quinquennat.

Après une courte pause pour faire redescendre la tension, les débats ont repris dans un hémicycle plus clairsemé et plus apaisé. Un léger soubresaut a parcouru les rangs lorsque la gauche a de nouveau tenté de taxer les « superprofits » pour financer le retour à 62 ans.

Réflexe « pavlovien » de ceux « qui pensent que quand il y a un problème, on ne le résout que par une taxe », a fustigé le macroniste Mathieu Lefèvre, à qui l’écologiste Benjamin Lucas a reproché « l’obsession » de « défendre les ultrariches en toutes circonstances ». Même rapport de force, même résultat : avec 96 voix contre 142, le NFP a de nouveau buté sur la coalition de ses adversaires.

Les socialistes ont tout de même remporté une victoire, certes moins prestigieuse, avec un amendement pour « empêcher » la hausse de cotisations sur les collectivités locales et les hôpitaux, contre l’avis du gouvernement et avec l’appui du RN.

85 amendements discutés et 2000 restants

L’extrême droite a en revanche soutenu l’exécutif et sa majorité relative pour faire passer une nouvelle mesure en faveur du cumul emploi-retraite des médecins.

La discussion devait continuer dans la soirée sur le volet plutôt consensuel des exonérations pour les agriculteurs, prélude au sujet beaucoup plus sensible des cotisations patronales. Le gouvernement, qui entend revoir ces allègements pour récupérer 4 milliards d’euros, risque en effet un désaveu sur cet article, rejeté par son propre camp la semaine dernière en commission.

Mais rien ne garantit que l’explication aura lieu avant minuit, vu le rythme des débats jusqu’ici : 85 amendements seulement ont été discutés, en un peu moins de six heures depuis lundi. Il en reste au total environ 2000 à écluser avant le vote solennel, programmé le 5 novembre. Calendrier intenable pour la députée Anne Le Hénanff (Horizons), qui a jugé en conférence de presse « vraisemblable que nous n’arrivions pas au bout du texte ».

Dans ce cas, ou si le projet de loi était rejeté par l’Assemblée, c’est la version initiale du gouvernement qui serait transmise eu Sénat.

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