Le cinéaste Laurent Cantet, qui avait reçu la Palme d’or en 2008 pour son film Entre les murs, est décédé jeudi, laissant neuf long métrages, tous marqués d’une profonde humanité.
« Il est mort ce matin, à Paris, de maladie », a indiqué Isabelle de la Patellière, confirmant une information de Libération. Réalisateur discret à la fibre sociale assumée, Laurent Cantet était entré dans la légende de Cannes en 2008 en recevant la Palme d’or pour Entre les murs, par le jury présidé par Sean Penn.
Le Festival de Cannes a salué la mémoire d’un « humaniste acharné, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ». Un cinéaste et scénariste « dont l’œuvre cohérente et humaniste dessine un cinéma sensible, à fleur de peau et à fleur de société », ajoute le festival. Et pour Entre les murs, un film « au naturalisme déconcertant ».
Mi-documentaire mi-fiction, ce film d’un budget de 2,4 millions d’euros met en scène un professeur de français, François Bégaudeau (auteur du roman éponyme dont il s’inspire), et des élèves de 13 à 15 ans, aux origines géographiques et sociales multiples, dans un collège de l’est parisien.
« J’aime pas les maths, les racistes et Materazzi »
Très souvent drôle – « J’aime pas les maths, les racistes et Materazzi », lançait Carl, un des personnages d’Entre les murs en faisant son auto-portrait –, le film a aussi ses moments émouvants et graves, l’école servant de caisse de résonance aux difficultés et aux inégalités sociales.
Succès public et critique, le film, son cinquième, avait attiré 1,6 million de spectateurs en salles et avait été en lice pour les Oscars. Le tournage avait été précédé, le temps d’une année scolaire, d’ateliers d’improvisation au collège Françoise-Dolto, dans l’est parisien, où il avait été tourné.
Avant cela, Cantet s’était fait remarquer avec le film Ressources humaines (1999), sur le monde de l’entreprise, qui lui avait valu son premier César, et L’emploi du temps (2001), inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand.
L’Académie des César a rendu hommage jeudi à un « cinéaste engagé, ses films mettaient toujours en lumière des sujets sociétaux qui questionnent, qui émeuvent ou qui nous font nous interroger ». Jusqu’à un retour à Cannes en 2017 avec L’Atelier dans la section « Un Certain regard », dans lequel un groupe de jeunes en insertion effectue un stage d’écriture.
🔴 Hommage à Laurent Cantet 🔴
« Je suis plus ému qu’émouvant » 💬
Laurent Cantet prononçait ces mots sur la scène de la 26e Cérémonie des César, en 2001, alors qu’il recevait son tout premier César pour Ressources Humaines. Il avait aussi réalisé Entre Les Murs, chef d’oeuvre… pic.twitter.com/gluNQ8vtIH
— Académie des César (@Les_Cesar) April 25, 2024
« Le film fait le constat d’un monde peut-être plus dur encore que celui que décrivait Entre les murs. Mais en même temps, j’espère que le film démontre aussi que la parole est importante. Et que les jeunes la maîtrisent plutôt bien », disait alors Laurent Cantet.
« Filmer les conversations, c’est-à-dire la vie »
Son dernier film Arthur Rambo, sorti en 2021, se penchait sur la destruction d’une réputation sur les réseaux sociaux. Il s’inspirait de l’histoire vraie de Mehdi Meklat, qui avait acquis une notoriété en chroniquant les quartiers défavorisés, avant de tout arrêter face à la découverte en 2017, de tweets antisémites, homophobes, racistes et sexistes.
« Cinéaste fin, discret et plein d’humanité, nullement ébloui par sa Palme d’or, Laurent Cantet réussissait avec précision et sens du rythme ce qu’il y a de plus difficile au cinéma : filmer les conversations, c’est-à-dire la vie », a réagi auprès de l’AFP l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.
Aux côtés de Pascale Ferran et de Cédric Klapisch, il avait fondé en 2015 La Cinetek, plateforme de VOD de films éditorialisée par des cinéastes. Laurent Cantet a beaucoup collaboré avec Robin Campillo (120 battements par minute), qui fut son monteur avant de passer à la réalisation. Le réalisateur de 63 ans travaillait sur un film L’apprenti qui devait sortir en 2025.
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