Les républicains s’affairaient en coulisses jeudi pour désigner enfin un « speaker » à la Chambre américaine des représentants et mettre un terme à la paralysie générée par la fronde d’une poignée d’élus de l’aile droite du parti.
Favori pour remplacer Nancy Pelosi, le républicain Kevin McCarthy a tendu la main à la vingtaine d’élus républicains, leur offrant des concessions de taille.
En vain, car le groupe refusait toujours de rentrer dans le rang à l’issue d’un neuvième vote, un scénario inédit en 160 ans.
Des répercussions très concrètes du blocage
Ce blocage a des répercussions très concrètes: sans président de la Chambre, les élus ne peuvent pas prêter serment ni donc passer de projet de loi.
« J’ai l’espoir aujourd’hui que les républicains arrêteront les chamailleries, la médisance et les coups dans le dos, afin que nous puissions travailler au service du peuple américain », a appelé le chef démocrate Hakeem Jeffries.
Membres de la frange la plus conservatrice du parti, ces élus ne font fondamentalement pas confiance à M. McCarthy et profitent de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions.
Le républicain, qui ne peut pas être élu sans leur soutien, a notamment accédé à une de leurs requêtes visant à faciliter l’éviction du « speaker ».
Mais l’opposition à sa candidature semblait se cristalliser.
« Nous devons réparer ce système défectueux », a estimé l’élu du Montana Matt Rosendale, exhortant d’autres républicains à se joindre à leur fronde.
Le « speaker », le troisième personnage le plus important de la politique américaine
L’élection du « speaker », le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix. Kevin McCarthy plafonnait pour le moment à 201.
Combien de temps sa candidature restera-t-elle viable?
L’élu de Californie ne dispose pas pour autant de concurrent crédible. Seul le nom du chef de groupe Steve Scalise circule comme possible alternative, sans que ses chances ne semblent sérieuses.
La Chambre continuera à voter jusqu’à ce qu’un président soit élu. Ce qui n’est généralement l’affaire que de quelques heures pourrait s’étendre sur plusieurs semaines: en 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de deux mois et 133 tours.
« Il ne fait pas de doute que les problèmes qui nous divisent aujourd’hui sont bien moins graves que ceux que nous avions en 1856 », a lancé l’élu John James, en appelant ses collègues à se ranger sans attendre aux côtés de Kevin McCarthy.
Des débats très animés dans l’hémicycle
Le président démocrate Joe Biden a qualifié mercredi cette situation d’« embarrassante », assurant que « le reste du monde » suivait de près la pagaille au Congrès.
L’agacement et l’impatience se faisaient aussi sentir dans les rangs du « Grand Old Party », qui soutiennent très largement la candidature de Kevin McCarthy, donnant lieu à des débats très animés dans l’hémicycle.
Les républicains se trouvent ainsi dans l’incapacité pour le moment d’ouvrir les nombreuses enquêtes qu’ils avaient promises contre Joe Biden.
Le parti de Joe Biden fait bloc autour de la candidature du chef Hakeem Jeffries, mais l’élu ne dispose pas non plus d’assez de voix pour accéder au perchoir.
Etre face à une Chambre hostile, mais désordonnée, pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s’il confirme son intention de se représenter en 2024, décision qu’il doit annoncer en début d’année.
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