Le ministre de la Santé, François Braun, a lancé vendredi un processus de réforme de la formation et du métier d’infirmier, qu’il espère voir aboutir d’ici la rentrée 2024.
« Nous avons besoin de modifier les compétences, de modifier l’exercice » de la profession, a expliqué le ministre, en citant notamment la priorité croissante donnée à la prévention.
Je lance en cette journée internationale des infirmiers la refondation profonde de la formation et du métier, car ils ne correspondent plus pleinement aux besoins de santé des Français et aux attentes des professionnels, alors qu’ils ont un rôle clé dans notre système de santé. pic.twitter.com/8xkp9vlNXX
— François Braun (@FrcsBraun) May 12, 2023
Il a marqué le démarrage du processus par un séminaire jeudi et vendredi sur la « refondation du métier d’infirmier », auxquels ont participé 31 membres de la profession, mais pas les syndicats et l’Ordre des infirmiers. Ce séminaire « de co-construction » était destiné à « chercher des idées », selon le cabinet de M. Braun, mais « chacun aura sa place » dans les discussions ultérieures.
Méfiance et hostilité chez les infirmiers
Face au manque chronique de médecins, le gouvernement fait feu de tout bois pour parvenir à les décharger des tâches qui peuvent être faites par d’autres, en particulier par les infirmiers. L’ambition de François Braun est de revoir le « décret d’actes », qui encadre strictement les actes que peuvent faire les infirmiers, pour y introduire des « missions », dans un cadre moins rigide et laissant plus de possibilité d’ajustement en fonction des besoins.
Une évolution soutenue par le président de l’Ordre des infirmiers, Patrick Chamboredon, qui s’est réjoui « de l’annonce de l’ouverture des travaux sur le passage d’un décret d’actes à un décret à missions », une demande de l’Ordre « depuis de nombreuses années ». Mais elle suscite la méfiance, voire l’hostilité de plusieurs organisations d’infirmières, qui craignent un chamboulement de la répartition des rôles entre soignants.
Daniel Guillerm, président de la FNI (fédération nationale des infirmiers, principal syndicat d’infirmiers libéraux) a mis en garde contre l’ « écrasement du décret d’actes », tout en se disant favorable à l’adosser à des « missions » dans certains domaines comme la prévention ou la santé publique. « La pénurie de personnels médicaux et soignants ne pourra être compensée par de nouvelles répartitions des tâches et des missions », a taclé de son côté la CGT Santé et Action sociale, qui réclame des augmentations d’effectifs et de rémunérations pour rendre la profession plus attractive.
Combattre l’abandon des jeunes en cours de formation
S’agissant de la formation, le gouvernement veut faire face au paradoxe d’un fort taux d’abandon des élèves infirmiers en première année (10%), alors que cette formation est la plus demandée par les lycéens sur Parcoursup (90.000 demandes l’an dernier, pour 38.000 places en formation aujourd’hui). Les jeunes qui abandonnent probablement « ne trouvent pas la formation à laquelle ils s’attendaient » et constatent « une discordance entre la formation et ce qu’ils voient sur le terrain », a expliqué cette semaine M. Braun sur CNews.
« Les contenus de formation nécessitent d’être revus » face à de « nouveaux besoins, en particulier en pédiatrie et santé de l’enfant, ou en santé mentale », a aussi indiqué son cabinet. Au total, l’ « idée est qu’en septembre 2024, on ait à la fois transformé le métier et fait évoluer la formation », a-t-on précisé de même source.
La journée internationale des infirmières vendredi a également été marquée par une grève des infirmiers anesthésistes (IADE), qui redoutent de voir leur statut à part dans la profession se dissoudre dans les réformes actuelles et futures. Les infirmiers anesthésistes, qui ont fait deux années d’études supplémentaires, jouissent d’une plus grande autonomie dans leur collaboration avec le médecin que les autres spécialités.
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