Sous la bruine et les vivats des admirateurs, le panda Yuan Meng a quitté le ZooParc de Beauval (Loir-et-Cher), où il était né en 2017, pour rejoindre la Chine. Le panda, un animal devenu sous l’ère communiste un cadeau symbolique des relations diplomatiques entre la Chine et son pays hôte.
? Revivez le dernier goûter de #YuanMeng organisé ce lundi à Beauval en présence de Rodolphe Delord, PDG de Beauval, de son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de Chine en France et de nombreux visiteurs pour partager ce moment. ? ?https://t.co/DNAcs8Qjhi#MerciYuanMeng
— ZooParc de Beauval (@zoobeauval) July 24, 2023
Dans son camion blanc escorté par des motards et des véhicules de la gendarmerie, le jeune ursidé a pris la direction de l’aéroport de Roissy, où l’attend un avion direction Chengdu (Chine) et le Centre de recherche et de reproduction du panda géant.
Entraîné depuis plusieurs jours à s’installer confortablement pour le voyage, le fils de Yuan Zi et Huan Huan, premiers pandas prêtés à la France par les autorités chinoises en 2012, n’a pas traîné pour rentrer dans sa cage spéciale remplie de bambous.
Le jeune panda, qui fêtera ses 6 ans en août, a ensuite été chargé dans un camion climatisé direction Roissy, où l’attendront notamment l’ambassadeur de Chine, la nouvelle secrétaire d’État à la Biodiversité Sarah El Haïry, et peut-être, selon le zoo, sa marraine Brigitte Macron, pour un dernier adieu.
Yuan Meng aurait initialement dû rejoindre la Chine à l’âge de trois ou quatre ans mais son séjour avait été prolongé en raison de la pandémie de Covid-19. Le jeune mâle libèrera ainsi de la place pour ses jeunes soeurs, les jumelles Huanlili et Yuandudu, nées le 2 août 2021.
« Tout s’est bien passé. Il a dit au revoir à ses parents et ses soeurs, avec un pincement au coeur des vétérinaires et des soigneurs », explique Rodolphe Delord, le PDG du zoo de Saint-Aignan (Loir-et-Cher).
« Il lui reste à continuer à vivre sa belle vie. C’est forcément un moment d’émotion, mais tous nos animaux nés ici sont amenés à partir un jour. On est habitué à ça », ajoute le dirigeant de Beauval.
Bravant les averses, 300 à 400 admirateurs s’étaient donné rendez-vous à l’entrée du zoo, pour saluer la star, dont le convoi s’est élancé à 9h30.
? ?? départ imminent de #YuanMeng qui quitte son zoo natal de #Beauval pour rejoindre la Chine. @zoobeauval https://t.co/QYVgSCHpvu pic.twitter.com/KGGoWRhSmn
— www.panda.fr (@pandas_fr) July 25, 2023
Un peu à l’écart de la foule, quelques employés de Beauval discutent après le passage du convoi, alors que les visiteurs se pressent à l’entrée du zoo. « On est venu entre collègues alors qu’on ne travaillait pas », raconte Thibaut Totis. « Les jours précédents, on était venu lui dire au revoir et lui souhaiter bon voyage. »
Le premier panda né au zoo
« C’est un événement rare, c’est quand même le premier panda né ici. On l’a vu grandir, c’est un grand garçon maintenant. Il y a quand même de l’émotion, mais on sait qu’à un moment, il faut quitter ses parents pour aller se reproduire », insiste le médiateur scientifique.
En attendant d’intégrer le Centre de reproduction de Chengdu où il sera chargé de perpétuer son espèce, désormais classée au statut « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Yuan Meng roule vers son avion de la China Airlines. Celui dont le nom signifie « accomplissement d’un rêve » en chinois, s’y installera vers 16h00 pour douze heures de vol en compagnie de sa soigneuse attitrée depuis sa naissance.
Un cadeau qui n’en est pas un
Cette pratique de la « diplomatie du panda » est très prisée des dirigeants communistes chinois, à commencer par Mao Zedong, dès 1949. Le panda, dont la Chine avait quasiment l’exclusivité des spécimens, devient le symbole utilisé par Pékin pour signifier les rapprochements diplomatiques, notamment avec des dirigeants étrangers qui acceptaient de dialoguer avec le régime communiste.
Le panda n’est pas donné à n’importe qui : « Quand un zoo souhaite accueillir un panda, le président du pays hôte doit s’entretenir avec son homologue chinois pour entériner la demande », peut-on lire sur le site Balises. À titre d’exemple, le zoo de Beauval aurait attendu 8 ans de négociations et l’intercession de deux présidents (Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy) avant de pouvoir recevoir un couple de spécimens, en 2012.
Cependant, un don de panda n’est pas sans conséquence. Le régime chinois a des attentes, en échange de ses pandas. « Ainsi, en 2012, la France a accueilli un couple de plantigrades quelques semaines après la signature par Areva d’un contrat d’approvisionnement en uranium pour la Chine de près de 20 milliards d’euros. »
Mais est-ce vraiment un don ? Depuis les années quatre-vingt, le régime communiste chinois « remplace les dons par des prêts à long terme, généralement de dix ans » et impose le paiement d’une taxe annuelle, pouvant s’élever à 1 million de dollars aux États-Unis, d’après le blog Royaume-panda. Pékin considère ces animaux comme étant sa propriété : « tous les petits nés de pandas prêtés (sont) des ressortissants chinois, quel que soit leur lieu de naissance ».
Ce type de tractations n’était pas du goût de Taïwan qui, en 2006, a refusé de recevoir les deux pandas qui leur était offerts par Pékin, y voyant « une manœuvre politique leur imposant de reconnaître Taïwan comme une simple province chinoise ». Quant à la France, les tractations pour recevoir le couple du zoo de Beauval avaient été suspendues en 2008 en raison de deux évènements ayant terni ses relations diplomatiques avec le régime communiste chinois. D’une part, la rencontre de Nicolas Sarkozy et du Dalaï-lama, et d’autre part le passage à Paris du relais de la flamme des JO de Pékin, perturbé par des manifestants pro-tibétains.
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