Le prochain président des États-Unis devra faire face aux menaces posées par « l’axe du mal », déclare le président de la Chambre des représentants chargé du renseignement

La Chine sera la "menace la plus importante" pour la prochaine administration, a déclaré le député Mike Turner

Par Frank Fang
8 novembre 2024 14:20 Mis à jour: 16 novembre 2024 16:14

Selon le représentant Mike Turner (Parti républicain de l’Ohio), la nouvelle administration devra « prendre les devants » pour faire face aux menaces posées par les adversaires des États-Unis.

M. Turner, président de la commission permanente du renseignement de la Chambre américaine des représentants, a déclaré au Conseil de l’Atlantique (Atlantic Council), lors d’un événement organisé le 30 octobre, que le prochain président devra veiller à ce que les adversaires des États-Unis voient un pays qui va s’affirmer et dire : « Nous allons non seulement désamorcer, mais aussi résoudre ces conflits en notre faveur et en celle de nos alliés ».

Le républicain de l’Ohio a déclaré que « la Chine constituait de toute évidence la menace la plus importante » à laquelle les États-Unis étaient confrontés, ajoutant que la Russie, l’Iran et la Corée du Nord – qu’il a regroupés comme un « axe du mal » émergent – incarnaient la « menace la plus immédiate » pour les États-Unis.

En tant que candidats à l’élection présidentielle, Kamala Harris et Donald Trump avaient défendu des approches différentes concernant les guerres d’Ukraine, d’Israël et de la Chine. Concernant la Chine, les pratiques commerciales déloyales du régime communiste, son bilan en matière de droits de l’homme et Taïwan continueront de figurer parmi les questions clés des relations bilatérales.

M. Turner a mis l’accent sur l’alliance entre la Russie et la Chine, en particulier à l’occasion de ce qu’il a considéré comme un moment fort en mars 2023, lorsque le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping a déclaré au président russe Vladimir Poutine que les deux voisins étaient en train d’apporter des changements jamais vus « depuis 100 ans ».

La prochaine administration devra comprendre que la coopération croissante en matière de défense entre la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord « constitue une menace directe » pour les États-Unis et l’Occident, a insisté M. Turner.

« Il ne s’agit pas de petites escarmouches territoriales. Ce ne sont pas des conflits régionaux. Il s’agit d’un conflit bien plus vaste. Vladimir Poutine et le président Xi le reconnaissent ensemble », a-t-il ajouté.

Contrairement aux États-Unis, la Chine a « modernisé ses armes nucléaires et triplé ses capacités globales en la matière », a indiqué M. Turner, ajoutant que les capacités militaires chinoises comprennent désormais des systèmes antisatellites et des armes hypersoniques.

Le Pentagone et l’Agence de renseignement de la défense ont déclaré que la Chine possédait actuellement plus de 500 ogives nucléaires opérationnelles et qu’elle devrait en avoir au moins 1000 d’ici à 2030.

En juillet, le chef du commandement spatial américain, Stephen Whiting, a souligné que la Chine avait triplé son nombre de satellites à des fins militaires et de renseignement au cours des six dernières années.

Chine

Pour être en mesure de relever le défi, M. Turner a estimé que la prochaine administration devra consacrer de l’argent à « l’entretien différé et à la modernisation des systèmes militaires des États-Unis, afin [de pouvoir] rivaliser avec les grandes puissances concurrentes ».

Il faudrait ensuite se pencher sur la base industrielle de défense des États-Unis, a ajouté M. Turner, qui « n’est pas en mesure d’assurer la dissuasion et de produire ce dont nous avons besoin pour pouvoir réagir ».

La Commission sur la stratégie de défense nationale a publié un rapport en juillet dernier dans lequel elle constate que la base industrielle de défense des États-Unis « n’est pas en mesure de répondre aux besoins des États-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires en matière d’équipements, de technologies et de munitions ».

« Pour combler cette lacune, il faudra accroître les investissements, augmenter les capacités de fabrication et de développement, réaliser des productions conjointes et des coproductions avec les alliés, et assouplir les systèmes d’acquisition », indique le rapport.

En février de l’année dernière, le Centre d’études stratégiques et internationales a estimé dans un rapport que la base industrielle de défense américaine n’était pas prête pour un éventuel conflit avec la Chine dans le détroit de Taïwan. Se référant à ses simulations de guerre, le rapport notait que les États-Unis utiliseraient plus de 5000 missiles à longue portée, dont 400 missiles Tomahawk, au cours des trois premières semaines d’une guerre potentielle entre les États-Unis et la Chine.

Il a été demandé à M. Turner si la nouvelle administration devrait abandonner la politique américaine de longue date d’« ambiguïté stratégique », qui consiste pour les États-Unis à rester délibérément vagues quant à leur intention de se porter à la défense de Taïwan en cas d’attaque.

« Je ne pense pas que la nouvelle administration le fera ou devrait le faire », a affirmé M. Turner.

Le PCC considère Taïwan comme une province renégate et souhaite placer l’île autogérée sous son contrôle.

Actuellement, Washington et Taipei ne sont pas des partenaires diplomatiques officiels, mais les États-Unis sont le principal fournisseur d’armes de Taïwan pour son autodéfense.

L’année dernière, le directeur de la CIA, William Burns, a confirmé que Xi avait demandé à l’armée chinoise d’être prête, d’ici 2027, à mener une invasion réussie de Taïwan.

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