Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a réitéré ses appels à la Russie pour qu’elle conclue un accord de cessez-le-feu de 30 jours avec l’Ukraine et a indiqué que de nombreuses options restaient sur la table des négociations alors que Moscou et Kiev travaillent à la mise en place d’une fin définitive à la guerre qui les oppose.
Les États-Unis et l’Ukraine ont annoncé conjointement le concept de cessez-le-feu temporaire après avoir conclu les négociations en Arabie Saoudite le 11 mars. Dans une déclaration commune, les négociateurs ont indiqué que le cessez-le-feu temporaire initial durerait 30 jours et pourrait être prolongé si Moscou et Kiev parvenaient à faire de nouveaux progrès dans les négociations de paix.
« Nous attendons tous avec impatience la réponse de la Russie et nous lui demandons instamment d’envisager de mettre fin à toutes les hostilités », a déclaré M. Rubio à la presse alors qu’il faisait escale en Irlande le 12 mars, sur le chemin du retour vers les États-Unis.
M. Rubio a déclaré qu’un « non » de Moscou à la proposition de cessez-le-feu temporaire obligerait Washington à réexaminer les intentions réelles de la Russie dans les négociations.
« S’ils disent non, nous aurons plus [d’éléments] sur leurs objectifs et leur état d’esprit », a-t-il ajouté.
Le 12 mars, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes que Moscou attendait des précisions sur la proposition de cessez-le-feu temporaire. M. Peskov n’a pas exclu la possibilité d’un entretien téléphonique entre le président Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.
M. Rubio a déclaré que l’administration Trump envisagerait de multiplier les points de contact pour faire avancer les discussions.
« Des gens se rendent en Russie en ce moment même », a déclaré le président Trump lors d’une réunion dans le Bureau ovale mercredi.
Le vice-président JD Vance a ajouté : « Nous aurons des conversations téléphoniques et de visu avec certains de nos représentants au cours des deux prochains jours. »
Concessions territoriales ukrainiennes
Lors de son entretien avec des journalistes le 12 mars, M. Rubio a confirmé que lors de la réunion, les représentants américains et ukrainiens avaient abordé la volonté de Kiev de céder des territoires comme moyen de régler le conflit avec la Russie.
« Nous avons eu des conversations », a déclaré M. Rubio à ce sujet.
Les responsables de l’administration Trump avaient fait valoir qu’il n’était pas réaliste pour l’Ukraine d’espérer récupérer tous les territoires qu’elle a perdus depuis 2014 au profit de la Russie. Lors de son entretien avec les journalistes le 12 mars, M. Rubio a déclaré que les deux parties devaient accepter d’arrêter les combats sans pour autant parvenir à leurs objectifs maximaux de guerre.
Selon une évaluation réalisée le 21 février par l’Institut pour l’étude de la guerre, la Russie contrôle actuellement environ 20 % du territoire ukrainien d’avant 2014. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déjà proposé d’échanger une partie du territoire ukrainien contrôlé par la Russie contre le retrait des forces ukrainiennes d’une bande de territoire qu’elles tiennent à l’intérieur de la région frontalière russe de Koursk depuis août 2024.
Moscou a affirmé avoir repris la majeure partie des terres de Koursk qu’elle avait perdues au profit de l’Ukraine l’année dernière, mais les forces ukrainiennes ont maintenu une position dominante à l’intérieur des frontières russes. Reste à savoir si Zelensky disposera encore d’une monnaie d’échange territoriale dans la région de Koursk lorsque les pourparlers de paix entreront dans leur phase finale et s’il sera en mesure d’échanger cette portion de territoire russe contre une partie significative de l’Ukraine d’avant-guerre.
M. Rubio a refusé de donner de plus amples détails sur les conditions que Kiev est prêt à accepter pour un accord de paix.
« Nous n’allons pas divulguer ce dont nous avons parlé, car dans toute négociation, il y a certainement un élément qui fait que vous ne voulez pas qu’une des parties révèle tout[es ses cartes] aux yeux du public », a déclaré M. Rubio.
Au lieu de se concentrer sur des termes spécifiques, M. Rubio a précisé que les discussions avec les Ukrainiens se sont principalement concentrées sur un plan global permettant de poursuivre les négociations avec Moscou, plutôt que sur les termes spécifiques d’un accord de paix final.
« L’essentiel de nos échanges a porté sur la forme que prendrait un processus de négociation, non pas en termes de conditions spécifiques, mais de calendrier, de mesures qu’ils souhaiteraient voir prises », a-t-il poursuivi.
Garanties de sécurité, Ressources naturelles
M. Zelensky a, à plusieurs reprises, présenté les garanties de sécurité internationales comme une composante indispensable à un accord de paix définitif. Parmi les garanties de sécurité qu’il a proposées figure l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
Poutine s’oppose depuis longtemps à l’adhésion de Kiev à l’OTAN et a laissé entendre qu’il avait ordonné l’assaut russe à grande échelle de 2022 contre l’Ukraine pour empêcher une telle issue.
Plus récemment, plusieurs dirigeants européens ont lancé l’idée de déployer des forces de maintien de la paix à l’intérieur de l’Ukraine, chargées de faire respecter l’accord de paix final. L’administration Trump s’est montrée ouverte à ce concept de maintien de la paix, en particulier s’il est mis en œuvre en dehors du champ d’application de l’article 5 de l’OTAN relatif à la défense mutuelle. Cependant, Moscou reste sceptique quant à l’intervention d’une force tierce en Ukraine.
M. Rubio a déclaré aux journalistes qu’une garantie de sécurité pour l’Ukraine pourrait prendre d’autres formes.
« Nous n’allons pas y aller avec des idées préconçues. L’essentiel, c’est que l’Ukraine ait le sentiment de pouvoir dissuader et empêcher une future invasion », a-t-il souligné. « Si nous parvenons à ce stade, nous discuterons de la forme que prendront ces mesures et des modalités de mise en œuvre. »
Les discussions sur les garanties de sécurité américaines pour l’Ukraine se sont déjà avérées être un point d’achoppement dans les discussions entre M. Trump et M. Zelensky. Le dirigeant ukrainien s’est rendu à Washington le 28 février, une visite annoncée par la Maison Blanche comme devant permettre de finaliser un accord de partenariat avec les États-Unis pour le développement des ressources naturelles et des infrastructures de l’Ukraine. Ces plans ont échoué lorsque MM. Trump et Zelensky se sont disputés au sujet des garanties de sécurité et de la volonté de Kiev de faire des concessions pour parvenir à un accord de paix.
M. Trump a présenté l’accord sur les ressources naturelles de l’Ukraine comme une opportunité pour les États-Unis de récupérer une partie des coûts supportés pour soutenir Kiev tout au long de la guerre. Le président américain a également indiqué qu’un tel partenariat pourrait inciter les États-Unis à apporter un soutien supplémentaire à l’Ukraine.
Lors de son adresse aux journalistes le 12 mars, M. Rubio s’est abstenu de dire qu’un accord octroyant aux États-Unis l’accès aux ressources naturelles de l’Ukraine constituerait une garantie de sécurité telle que celle recherchée par M. Zelensky.
« Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une garantie de sécurité, mais il est certain que si les États-Unis ont un intérêt économique direct qui génère des revenus pour notre peuple et pour le peuple ukrainien, nous aurions tout intérêt à le protéger s’il devait être contesté ou menacé », a-t-il affirmé.
À la suite des pourparlers du 11 mars en Arabie saoudite, les États-Unis et l’Ukraine ont déclaré qu’ils finaliseraient bientôt un accord portant sur les ressources naturelles de l’Ukraine, mais n’ont pas précisé le calendrier exact.
Avec Reuters
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.