Le taux de surmortalité chez les jeunes Canadiens n’a cessé d’augmenter à mesure que la pandémie se prolongeait. Selon Statistique Canada, le phénomène résulte vraisemblablement des nombreux effets indirects de la pandémie, tels que les retards dans les procédures médicales et l’augmentation de la consommation de drogues.
L’organisme fédéral a publié les dernières données provisoires le 14 avril. Elles indiquent que 28 987 décès en surnombre ont été déclarés au Canada de mars 2020 à la fin novembre 2021
Cela représente 6,0 % de décès de plus qu’en l’absence de pandémie, après avoir tenu compte des changements dans la population tels que le vieillissement. Parallèlement, 28 600 décès directement attribués au Covid‑19 ont été signalés au cours de cette période.
L’agence relève trois périodes distinctes de surmortalité. Dans un premier temps, l’incidence de la surmortalité concerne les Canadiens âgés. Ensuite, ce sont les jeunes, surtout les hommes, qui sont les plus touchés.
« Dans une certaine mesure, ce changement peut être attribuable à l’augmentation des effets indirects de la pandémie, tels que les rendez-vous médicaux manqués et l’augmentation de la consommation de substances », indique le rapport.
Chez les Canadiens de moins de 45 ans, la surmortalité a augmenté dans chacune des trois périodes signalées par Statistique Canada : d’avril 2020 à juin 2020, d’octobre 2020 à fin janvier 2021, et d’août à la mi‑novembre 2021.
Les décès en surnombre des hommes de moins de 45 ans ont augmenté de 11,8 % lors de la première période, de 19,7 % lors de la deuxième période et de 24,4 % lors de la troisième période. Chez les femmes, la surmortalité était respectivement de 8,6 %, 11,7 % et 17,6 %.
Selon les données du gouvernement fédéral publiées en mars sur les méfaits liés aux opioïdes et aux stimulants au Canada, au cours de la première année de la pandémie, on a constaté une hausse de 95 % des décès apparemment liés à une intoxication aux opioïdes (avril 2020 à mars 2021, 7 224 décès) par rapport à l’année précédente (avril 2019 à mars 2020, 3 711 décès).
Depuis, les chiffres nationaux montrent que les décès apparemment liés à une intoxication aux opioïdes sont restés élevés au cours des neuf premiers mois de 2021, à raison d’une vingtaine de décès par jour.
Quelque 74 % de ces décès sont survenus chez les hommes entre janvier et septembre 2021, et la majorité, tant chez les hommes que chez les femmes, a été enregistrée chez des personnes âgées de 20 à 59 ans.
Le stress reste élevé
« Un certain nombre de facteurs ont probablement contribué à l’aggravation de la crise des surdoses au cours de la pandémie, notamment un approvisionnement en drogues de plus en plus toxiques, un sentiment accru d’isolement, de stress et d’anxiété ainsi que les changements dans la disponibilité ou l’accessibilité des services offerts aux personnes qui utilisent des drogues », peut‑on lire dans le rapport du gouvernement.
Dans un rapport datant de décembre dernier, Statistique Canada a constaté, dans le cadre d’une étude nationale, que les hospitalisations liées aux empoisonnements aux opioïdes ont été les plus élevées chez les personnes :
– dont le revenu et le niveau de scolarité sont plus faibles ;
– au chômage ou hors de la population active ;
– qui s’identifient comme Autochtones ;
– qui vivent dans un ménage monoparental ;
– qui consacrent plus de 50 % de leur revenu au logement.
Le rapport indiquait que les niveaux de stress restaient élevés, la pandémie continuant de mettre à l’épreuve la santé mentale des Canadiens, et réaffirmait que la pandémie a causé plus de décès que prévu. Globalement, ces décès n’étaient pas dus directement au Covid.
« Les empoisonnements et les surdoses d’opioïdes contribuent à la surmortalité », pouvait‑on lire.
Par ailleurs, près de 50 % des Canadiens ont estimé que leur niveau de stress était un peu plus élevé ou beaucoup plus élevé depuis la pandémie. Parmi les groupes de population connaissant des niveaux de stress accru, les personnes âgées de 35 à 44 ans.
Dans un sondage réalisé par Nanos Research en janvier, 64 % des Canadiens âgés de 18 à 34 ans ont déclaré que leur santé mentale s’était un peu détériorée ou vraiment détériorée depuis le début de la pandémie. C’est le pourcentage le plus élevé de tous les groupes d’âge.
Une proportion importante de jeunes Canadiens ont déclaré que les deux principaux facteurs de la détérioration de leur santé mentale étaient la perte de contacts sociaux (67 %) et l’impact des confinements et des restrictions (59 %).
Selon l’Agence de la santé publique du Canada, les Canadiens diagnostiqués comme souffrant de troubles de l’humeur étaient plus susceptibles de faire usage d’analgésiques opioïdes, ce qui aurait a contribué à la crise des surdoses exacerbée par les défis de la pandémie.
Les décès par overdose « sans précédent et terrifiants »
Au cours des neuf premiers mois de 2021, les données les plus récentes des services de santé indiquent que 88 % de tous les décès par overdose sont survenus en Colombie‑Britannique, en Alberta et en Ontario.
La Colombie‑Britannique est en tête de toutes les provinces avec un taux de 41,3 décès par overdose pour 100 000 habitants, comparativement à un taux de 33 décès en Alberta et un taux de 18,3 décès en Ontario.
Selon le BC Coroners Service, la province a enregistré un nombre record de 2 232 décès dus à des drogues illicites toxiques en 2021, soit une hausse de 128 % par rapport aux 981 décès enregistrés en 2019. Avec 382 décès déjà confirmés au cours des deux premiers mois de 2022, le service est en passe de connaître une nouvelle année record.
« Alors que nous approchons du sixième anniversaire de la déclaration sur l’urgence de santé publique en matière de méfaits liés aux substances, nous continuons à perdre des membres de nos communautés à un rythme sans précédent et terrifiant », a déclaré Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie‑Britannique, dans un récent communiqué.
Statistique Canada a prévenu que ses chiffres nationaux de surmortalité pourraient être plus élevés pour 2021, car les données publiées le 14 avril sont provisoires en raison des retards dans les déclarations de certaines provinces.
Les données, qui n’incluent pas le territoire du Yukon, montrent que si la surmortalité est en hausse chez les jeunes Canadiens, les décès ont en réalité diminué au cours des deuxième et troisième périodes chez les personnes âgées de 85 ans et plus.
Dans ce groupe d’âge, les femmes ont connu une surmortalité de 22,5 % lors de la première période, elle est descendue à 10,4 % dans la deuxième période et à 3,8 % dans la troisième période. Les hommes ont connu une surmortalité de 17,4 %, puis de 13,1 % et enfin de 6,4 %.
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