À 60 ans, François Foucault participera à partir de samedi à son cinquième Salon de l’agriculture en tant qu’éleveur, mais celui-ci s’annonce « un peu plus stressant » : sa vache normande Oreillette est l’égérie de l’édition 2024.
« J’ai toujours aimé défendre la race normande, on est en Normandie et on a une belle race », déclare M. Foucault, avec un sourire fier.
Installé depuis plus de 30 ans avec son cousin en GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) à Briouze, dans l’Orne, l’éleveur exploite 155 hectares de terres pour une centaine de vaches en production laitière. Il a repris la ferme après ses parents, et sa fille Lucie, 24 ans, s’apprête à reprendre le flambeau avec son compagnon, tous les deux salariés du GAEC.
« On a subi toutes les crises du lait »
Mais l’aventure Foucault remonte à des temps immémoriaux : « mon père m’a dit ‘ça fait plus de 200 ans qu’on est sur la commune de Briouze’, mes parents étaient là, nos grands-parents étaient là, et nos arrières-grands-parents étaient déjà là ! ».
Si les générations se succèdent sur la ferme Foucault, ça n’a pas toujours été simple. « On a subi toutes les crises du lait conventionnel, 2008-2009, 2015-2016, les prix de base ont chuté sérieusement », relève l’homme aux cheveux blancs.
Mais depuis 2016, la situation s’est améliorée : « depuis qu’on est en AOP (Appellation d’origine protégée ndlr), on peut le dire, ça va mieux financièrement, ça nous a permis d’embaucher ma fille Lucie et mon gendre Florian à mi-temps ». « La prime AOP donne un coup de pouce, il y a un cahier des charges strict mais si on gagne mieux, c’est normal de plus se prendre la tête », reconnaît M. Foucault.
« Nous devons respecter la qualité du lait sans pathogènes »
En octobre 2023, le prix de base du lait en agriculture conventionnelle était de 437 euros pour 1000 litres de lait, contre 570 pour la filière AOP. « La race doit être 100% normande, nous devons respecter la qualité du lait sans pathogènes et nous sommes en agriculture biologique », détaille-t-il encore en se frottant les mains. Ce lait est collecté par la laiterie Gillot, située à 6 km de l’exploitation, pour fabriquer deux fromages protégés, du Pont-l’Evêque et du Camembert.
Des aides financières qui soulagent la rudesse du travail à la ferme : « À quatre, ça permet d’avoir un week-end sur deux. Quand on était seuls avec Didier on faisait le weekend tout seul, on s’est vu commencer le matin à l’aube et n’avoir que le temps de manger le midi avant le coucher ». « À 35, 40 ans, on est en forme, maintenant ce serait plus dur », avoue celui qui envisage sereinement de passer le relais.
Sa fille Lucie, amenée aux champs et à la ferme par son père « depuis toujours », s’y prépare depuis 2020, après avoir appris le métier en lycée agricole. Doudoune sur le dos, elle s’occupe de la traite, des soins aux vaches et aux veaux, ainsi que de la génétique au GAEC qui porte son nom. Lucie ira à Paris « pour représenter une race, montrer les beaux produits qu’elle fait et les belles choses de l’agriculture ».
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