WASHINGTON – Lors de deux récents forums sur la Chine, des universitaires et des dissidents importants étaient d’accord pour dire que les dirigeants communistes chinois perdent peu à peu leur emprise sur le pays et sur l’esprit des gens. Les troubles dans les rues et dans les campagnes ainsi que le rejet à grande échelle du Parti communiste chinois indiquent que ce dernier doit s’en remettre davantage à l’usage de la force pour garder le contrôle.
Le 10 décembre au Capitole à Washington, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, le Dr Joseph A. Bosco et le Dr Sen Nieh ont offert le portrait d’un régime chinois dans l’eau chaude. Le forum abordait la persécution du Falun Gong en Chine et les signes encourageants que les jours de l’oppresseur sont comptés.
Au Cato Institute, le 23 novembre, les dissidents chinois Chen Guangcheng et Wei Jingsheng ont expliqué comment les Chinois comprennent de mieux en mieux les dommages – physiques, légaux et économiques – que leur inflige le PCC.
Protestations massives
« Le PCC a réussi à bâtir la puissance économique et militaire de la Chine, avec un apport généreux – et parfois irréfléchi – de l’Occident », estime Joseph A. Bosco, membre du groupe de travail États-Unis–Chine au Center for the National Interest et chercheur agrégé au Center for Strategic and International Studies. Il a supervisé le dossier chinois au bureau du secrétaire de la Défense en 2005 et en 2006.
« Néanmoins, la République populaire de Chine ne se sent pas en sécurité avec ces réussites, puisqu’elle sait qu’elle ne jouit pas de légitimité authentique auprès de la population chinoise. C’est pourquoi il y a plus de 100 000 manifestations chaque année en Chine et c’est pourquoi elle dépense plus en sécurité interne qu’elle le fait sur son immense budget militaire. Le Parti communiste chinois a peur de la population chinoise », ajoute M. Bosco.
« L’Académie des sciences sociales chinoise a rapporté en 2012 que les incidents de masse excédaient régulièrement 100 000 par année », a indiqué le Dr Murray Scot Tanner, spécialiste de l’Asie chez CNA, lors de son témoignage du 15 mai 2014 devant la U.S.-China Economic Security and Review Commission.
Le Dr Sen Nieh, membre de la Washington DC Falun Dafa Association (WFDA), a démontré comment les membres du Parti communiste abandonnent l’organisation. Dans la province du Hubei, un groupe de 5000 membres ont décidé de démissionner en masse du PCC et de ses organisations affiliées à l’été 2013.
Lors du forum au Capitole, le Centre global pour démissionner du Parti communiste chinois (aussi appelé le Centre Tuidang), qui coparrainait le forum avec la WFDA, a fourni les dernières statistiques sur le nombre de personnes ayant démissionné du Parti communiste et/ou de ses organisations affiliées, soit la Ligue des jeunes communistes et les Jeunes pionniers.
Selon le directeur du centre, Yi Rong, il y a eu plus de 220 millions de démissions du genre.
« En 2015, le mouvement Tuidang [démissionner du parti en chinois] a pris de l’ampleur au rythme de 95 000 démissions par jour », indique-t-elle.
Citant les mêmes statistiques, le Dr Nieh a parlé de la « désintégration du PCC » et comment il perd le contrôle. Il a fourni plusieurs exemples et statistiques de mécontentement, parmi les Chinois, qui se transforme souvent en violence. Le Dr Nieh est le directeur du département de génie mécanique à la Catholic University of America.
Par exemple, le 9 décembre, dans le Hubei, des milliers de villageois se sont opposés à la construction d’une usine de traitement des déchets. « Il y a eu des heurts avec la police, et deux villageois ont été tués. Plusieurs voitures de police ont aussi été renversées », a-t-il mentionné.
Il y a environ un an, il y a eu une importante grève des enseignants en raison des salaires bas et des avantages médiocres à travers six provinces, du centre au nord-est de la Chine. Des dizaines de milliers d’enseignants y ont participé.
Plus de 500 manifestations ou conflits impliquant au moins 15 personnes surviennent chaque jour en Chine, fait-il remarquer. Les manifestations sont qualifiées d’importantes lorsqu’il y a plus de 5000 participants. En moyenne, il y a une manifestation importante par jour en Chine, selon des sources officielles.
Le chiffre de 500 par jour du Dr Nieh fait un total de plus de 180 000 événements par année, soit le chiffre avancé par Max Fisher dans le magazine The Atlantic en janvier 2012. « Il y a eu 180 000 émeutes et protestations massives en Chine en 2010, soit en moyenne 500 par jour, un chiffre qui a probablement augmenté depuis », a écrit M. Fisher. Il avance que le chiffre utilisé par MM. Bosco et Tanner de « plus de 100 000 » est sous-estimé et dépassé.
Les forces de sécurité chinoises sont essentiellement une force militaire avec des grades militaires sur leurs uniformes. Elles utilisent des tactiques et des armes militaires pour réprimer les manifestations, dont des mitrailleuses et des chars, indique-t-il. Elles peuvent tirer à balles réelles et ne pas rendre les dépouilles aux familles. Durant les cinq dernières années, le budget en sécurité intérieure a dépassé celui de l’Armée populaire de libération.
« Leur principal ennemi n’est pas les États-Unis », affirme le Dr Nieh, insinuant qu’il s’agit de la population chinoise.
Beaucoup de responsables du Parti communiste quittent la Chine, selon le Dr Nieh. Le nombre de responsables dont les conjoints et les enfants vivent à l’étranger était évalué à 1,18 million entre 1995 et 2005, d’après le professeur chinois Lin Jie, expert en anticorruption. Plus de 4000 importants responsables ont fui le pays en emportant chacun en moyenne 16,6 millions de dollars.
Le pays le plus prisé par ces responsables est les États-Unis, particulièrement le sud de la Californie et la région de San Francisco. Ils achètent des manoirs qui coûtent des millions de dollars et 70 % d’entre eux les paient en argent comptant. Les responsables chinois dépensent 39 milliards de dollars par année dans l’immobilier à travers le monde.
La Chine n’a pas un gouvernement « normal »
Chen Guangcheng, l’avocat et militant des droits de l’homme, qui est non-voyant, prévoit un changement au régime autoritaire du PCC. La désinformation et les mensonges sur lesquels s’appuie le régime ne fonctionnent plus, a-t-il affirmé au Cato Institute. Le régime peut conserver son pouvoir seulement par la coercition, car les gens et le Parti lui-même ne croient plus au communisme. Une société civile en croissance s’oppose au régime. Chen a dit que les récentes confessions publiques forcées d’avocats des droits de l’homme (comme durant la Révolution culturelle) ne sont qu’un « vieux truc » pour tenter de discréditer la société civile.
« Le gouvernement aide la population à réaliser quel genre de régime il s’agit », a-t-il dit avec l’aide d’un interprète.
Chen a perdu l’usage de la vue alors qu’il n’avait pas encore un an. Il a appris le droit par lui-même et il est devenu célèbre, en tant qu’« avocat aux pieds nus », pour avoir dénoncé les abus du système de planification familiale avec ses avortements et stérilisations forcés dans les campagnes chinoises. Il a aussi milité pour les droits fonciers et les personnes avec des handicaps. Le régime l’a emprisonné pendant quatre ans et trois mois. Après sa libération en 2010, lui et sa famille ont été placés en détention à domicile abusive. Chen a réussi à s’évader en avril 2012 et à se rendre à l’ambassade américaine de Pékin, provoquant un incident international. Finalement, Chen, son épouse et ses deux enfants ont pu quitter la Chine pour les États-Unis. Chen est actuellement associé au Witherspoon Institute et à la Catholic University of America.
« La Chine n’est pas un “gouvernement” dans le sens normal du terme », estime-t-il.
« La dictature à parti unique du Parti communiste chinois est la source ultime de l’échec de la Chine à obtenir la démocratie, la liberté et la justice sociale. Avec l’appareil de sécurité publique, il contrôle toutes les branches judiciaires et, en même temps, avec le département central de la propagande, il projette sa vision dans tous les médias qu’il contrôle. De fait, le parti transcende tout et impose sa volonté sur tout le reste. »
« Les passages à tabac, la torture et la persécution collatérale des membres de famille et des militants sont chose courante », ajoute-t-il. Chen sait de quoi il parle, lui et sa femme ayant été battus à plusieurs reprises.
La pression monte
Wei Jingsheng, s’exprimant avec un interprète, a affirmé que l’économie chinoise est une distorsion d’une économie de marché normale. La Chine pratique un « commerce inéquitable », puisque les protections ne sont pas les mêmes qu’ailleurs.
Wei Jingsheng, président de la Wei Jingsheng Foundation, est probablement l’un des militants chinois pour la démocratie et les droits de la personne les mieux connus. Il a été condamné à la prison à deux reprises pour un total de 18 ans en raison de ses activités pour la démocratie. Wei a été sélectionné à sept reprises pour le prix Nobel de la paix et il a gagné plusieurs prix prestigieux des droits de l’homme.
L’économie chinoise doit utiliser d’autres moyens que le marché afin de se soutenir et maintenir la croissance élevée, estime-t-il.
« Afin de conserver un énorme surplus commercial, la Chine doit utiliser différents moyens pour détruire l’ordre au marché, dont la manipulation de sa devise, la falsification des données, les différentes barrières non commerciales et éviter astucieusement le droit international, l’arbitrage, etc. »
Lorsque les gens d’affaires chinois et américains « se soucient seulement de l’argent sans tenir compte des droits de la personne, la société chinoise est blessée », affirme-t-il.
Wei a mentionné que la pression intérieure pour un changement en Chine est de plus en plus forte. « Malheureusement, la pression venant de la communauté internationale est très faible et c’est pourquoi nous ne voyons pas beaucoup de changements en Chine. La population chinoise doit maintenir la pression jusqu’à ce que le régime communiste s’effondre. Ainsi, il est important pour la communauté internationale d’exercer une pression. »
Version originale : Chinese People Waking Up, Say Dissidents and Academics
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