Souvent présentés comme un symbole de l' »excellence à la française », les lycées français de l’étranger étaient en grève lundi contre les coupes budgétaires et suppressions de postes en vue, selon les bureaux de l’AFP dans le monde.
Les enseignants protestataires dénoncent la baisse des dotations de l’État à l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE), organisme public chapeautant près de 500 établissements à travers la planète.
Les syndicats voient dans cette réduction budgétaire le risque d’un affaiblissement d’un réseau réputé, élément clef du soft power français et du rayonnement de la francophonie.
« Les lycées sont un outil d’influence majeur pour la diplomatie (…) et c’est un réseau pour les entreprises françaises qui permet de favoriser la mobilité de leur personnel en offrant une continuité d’une scolarité de qualité », résume Jean-Baptiste Ribet, responsable du syndicat SNES et professeur de maths au Lycée français de Madrid.
La grève est « massive » dans cet établissement, un des plus grands au monde avec quelque 4.000 élèves, selon M. Ribet.
La réduction de dotation entraînera la suppression de deux postes à Madrid « mais on s’attend à pire en 2018 », selon lui. « Cela peut supposer de faire passer les frais de 5.000 euros par an à près de 8.000. On va exclure un bon nombre de familles françaises qui n’auront plus les moyens », estime le syndicaliste.
Le mouvement semblait largement suivi de par le monde, selon les témoignages recueillis par les bureaux de l’AFP auprès des enseignants et de parents d’élèves souvent solidaires.
À Pékin, plus de trois quarts des professeurs ont répondu à l’appel du SNES-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire; 57% au lycée de Tokyo où, pourtant, « les mouvements de grève sont rares », selon des responsables syndicaux.
Forte participation aussi à New Delhi où Stéphanie Orace, professeure en poste depuis six ans, rapportait n’avoir « jamais vu une grève suivie comme cela ».
Les établissements d’Europe et d’Afrique n’étaient pas en reste : 83% de grévistes au Lycée de Vienne en primaire, 80% des personnels résidents à Athènes, « une grève beaucoup plus suivie que traditionnellement » aux Pays-Bas, selon le proviseur du lycée de La Haye Amsterdam, Franck Barro.
À Nairobi, un tiers des 34 enseignants locaux se sont joints à leurs collègues grévistes de statut résident ou expatrié (16 sur un total de 20). Les enseignants de statut local ne sont en revanche pas directement touchés par le mouvement.
Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères, autorité de tutelle de l’AEFE, confirme une réduction de 33 millions d’euros de la subvention pour cette année mais assure que « les suppressions de postes ne toucheront pas d’enseignants en cours de contrat ».
Le ministère, qui n’a pas donné de taux de grévistes, promet de plus des recrutements « d’agents en contrat local » et renouvelle son « attachement à la promotion de l’enseignement français à l’étranger ».
Un outil majeur de la diplomatie d’influence de la France
L’association Français du monde-ADFE et quatre syndicats dénoncent en revanche « un coup brutal porté » à l’AEFE, « outil majeur de la diplomatie d’influence de la France ».
La réduction équivaut à « une baisse de près de 10% » du budget de l’AEFE et va entraîner la suppression de « plus de 500 postes d’enseignants titulaires, soit 8% des effectifs actuels », sur les trois ans à venir.
Ces organisations redoutent à terme « une privatisation encore plus grande du réseau », qui rassemble 492 établissements dans 137 pays, soit 350.000 élèves à 40% français.
De nombreux étrangers inscrivent en effet leurs enfants dans les écoles françaises de l’étranger.
« Le réseau de lycées français à l’étranger c’est ‘l’excellence à la française’. C’est un élément diplomatique important. C’est aussi une présence pédagogique importante pour les Français et la francophonie », a relevé à Pékin Franck Pajot, professeur et responsable syndical. Or, « on sent un abandon ».
« Monsieur le président, ne sacrifiez pas les lycées français de l’étranger! », avait de son côté plaidé vendredi dans une tribune de presse une agrégée d’histoire, Anne-Sophie Letac.
I.M. avec AFP
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