Visionnaire, prophète sont des qualificatifs qui ont été utilisés dans les médias pour désigner Robert Silverman, mieux connu sous le nom de « Bicycle Bob ». Il y a une quarantaine d’années, il a joué un rôle important dans la création de pistes cyclables à Montréal. Je suis donc allée rencontrer ce Montréalais légendaire pour savoir comment il entrevoyait l’avenir du vélo dans la métropole.
Se disant lui-même « vélorutionnaire et fier de l’être », Bicycle Bob est aujourd’hui âgé de 82 ans et il continue de faire du vélo. C’est lorsque sa femme est décédée dans un accident de voiture qu’il a tourné le dos aux automobiles et adopté un nouveau mode de déplacement. Même s’il a quitté Montréal il y a 11 ans pour s’installer à Val-David dans les Laurentides, il continue à se tenir au courant des enjeux de la métropole et à prendre position pour tout ce qui a trait au vélo.
Robert Silverman est fier de ce qu’est devenu Montréal aujourd’hui : une ville où il fait bon se déplacer à vélo, une ville cotée 2e en Amérique du Nord pour l’utilisation de la bicyclette.
C’est dans son appartement où il collectionne les œuvres d’art qu’il me reçoit et me montre cette lettre qu’il a écrite récemment sur Facebook au sujet de la piste cyclable du pont Jacques-Cartier qui a été récemment fermée pour l’hiver, pensant aux nombreux usagers « qui ont désespérément besoin de ce service essentiel pour voyager quotidiennement d’un bord à l’autre du pont, et ce, en toute saison ».
Robert Silverman est fier de ce qu’est devenu Montréal aujourd’hui : une ville où il fait bon se déplacer à vélo, une ville cotée 2e en Amérique du Nord pour l’utilisation de la bicyclette. Il est fier d’avoir participé à cette « vélorution » il y a une quarantaine d’années, en cofondant l’organisme Le monde à bicyclette avec Claire Morissette. Les actions de cette association ont abouti à la création de nombreuses pistes cyclables, dont celles sur les ponts permettant de rejoindre la Rive-Sud. C’est aussi grâce à ce groupe que nous pouvons aujourd’hui transporter nos vélos dans le métro.
Le célèbre cycliste remarque que le mouvement de l’époque avait été créé à cause d’une « cyclofrustration », et que l’association Le monde à bicyclette ainsi que le mouvement de contestation ont disparu lorsque les droits des cyclistes ont été entendus.
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« La nouvelle “cyclofrustration” est à propos du déneigement ». Selon M. Silverman, il est « inévitable » que l’avenir des pistes cyclables montréalaises passe par leur déneigement prioritaire, comme c’est le cas dans plusieurs villes scandinaves.
En habitué des manifestations pacifiques qu’il organisait pour attirer l’attention des médias, comme la fois où il s’est déguisé en Moïse séparant les eaux du fleuve, pour symboliser le fait que les cyclistes puissent se rendre sur la Rive-Sud, « Bicycle Bob » apprécie les actions mises en place de nos jours par les groupes de jeunes cyclistes de la relève, affiliés à la Coalition vélo de Montréal.
Par exemple, il y a deux ans, des militants, armés de pelles à neige, ont organisé un « pellete-in » pour déneiger une piste cyclable d’Outremont. « La ville était tellement embarrassée qu’après ça ils ont déneigé », admire en riant M. Silverman.
« Quand nous avons commencé, on n’avait pas les changements climatiques comme argument ! Donc, chaque année, il y a de plus en plus d’arguments pour la bicyclette. » – Bicycle Bob
D’autres prédictions d’avenir ? « Socialement, il va y avoir des changements », prédit le visionnaire. L’attitude des gens a changé par rapport au vélo et elle va continuer à évoluer. À l’époque où Robert Silverman étudiait à l’université, « c’était une honte d’avoir une bicyclette, c’était une preuve que vous ne pouviez pas payer une auto ». Alors qu’aujourd’hui, « on voit même le doyen de McGill qui va à McGill à bicyclette. Donc, c’est presque une fierté ». Bicycle Bob voit une continuité dans ce changement, un avenir en progression avec un plus grand nombre d’hommes d’affaires, de secrétaires et autres professionnels qui se rendront au travail à vélo.
Celui qui a été qualifié de prophète par Stephen Phizicky, dans le récent documentaire de Josh Freed Les bons, les méchants et la bicyclette, prédit également un meilleur comportement, qualitatif et quantitatif, autant en ce qui concerne les chauffeurs de voiture que les cyclistes fautifs de ne pas respecter les règlements de circulation, espérant une plus grande action de la police pour surveiller les uns et les autres.
Finalement, le dernier aspect de la prédiction de l’octogénaire pour l’avenir de la bicyclette à Montréal concerne l’essor du vélo électrique.
Inutile de rappeler tous les avantages qu’offre la circulation à vélo dans une grande ville où il est de plus en plus difficile de se déplacer en voiture. « Quand nous avons commencé, on n’avait pas les changements climatiques comme argument ! Donc, chaque année, il y a de plus en plus d’arguments pour la bicyclette », souligne Bicycle Bob en riant.
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