Le mois dernier, le Président Donald Trump est retourné à la Maison-Blanche en promettant de mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui dure depuis quatre ans.
Pour ce faire, l’administration Trump a déjà accompli des progrès considérables, en adoptant une approche relativement amicale envers Moscou et son président, Vladimir Poutine.
Le 27 février, M. Poutine a déclaré que les premiers échanges entre Moscou et l’administration Trump avaient « inspiré certains espoirs ».
Ce même jour, des responsables américains et russes se sont rencontrés à Istanbul, où ils ont convenu d’une série de mesures visant à normaliser leurs relations après plusieurs années d’hostilité.
Deux semaines plus tôt, Vladimir Poutine et Donald Trump avaient eu une conversation téléphonique historique, que ce dernier a qualifiée par la suite de « longue et très productive ».
Le lendemain, Donald Trump a appelé à la réadmission de la Russie au sein du G7 (anciennement le G8), dont Moscou s’était retirée en 2017, après y avoir été suspendue trois ans plus tôt.
« Je serais ravi de les ravoir », a affirmé Donald Trump devant les médias. « Je pense que c’était une erreur de les mettre à la porte. »
Sergey Shoigu, chef du Conseil de sécurité russe, a qualifié de « révolutionnaire » l’approche conciliante de Donald Trump envers Moscou.
« Nous attendons de voir ce qui se passera et nous agirons en conséquence », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse russe TASS le 12 février.
Selon l’analyste politique russe Stanislav Aleksandrovich Pritchin, l’optimisme prudent de Sergey Shoigu correspond bien à l’opinion publique russe.
« Pendant le premier mandat de M. Trump, les attentes étaient élevées [en Russie] quant à l’évolution positive des relations bilatérales », a déclaré M. Pritchin à Epoch Times.
« Mais cela ne s’est pas concrétisé », a-t-il ajouté.
« Pour cette raison, l’opinion publique russe est encore divisée à propos de Trump », a affirmé M. Pritchin, directeur du bureau de l’Asie centrale à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de Moscou.
L’analyste politique turc Ferit Temur, spécialisé dans les affaires eurasiennes, a affirmé que l’opinion publique russe à l’égard de Donald Trump était « généralement positive ».
« Il y a une attente à ce que l’approche de M. Trump soit efficace pour trouver une solution – en faveur de Moscou – au problème de l’Ukraine », a affirmé à Epoch Times Ferit Temur, qui a étudié et travaillé dans les deux pays,.
Le 18 février, des responsables américains et russes, dont les plus hauts diplomates des deux nations, ont entamé une première série de discussions à Riyad, la capitale saoudienne, pour envisager des solutions pour mettre fin au conflit.
Depuis lors, les deux parties ont déclaré à plusieurs reprises qu’elles étaient en train de préparer une rencontre en tête-à-tête entre les deux chefs d’État.
« La première étape des négociations à Riyad et les déclarations positives de Donald Trump envers la Russie ont été bien reçues par le public russe », a affirmé M. Pritchin.
« Ils ont posé les fondations d’un optimisme pour les discussions à venir et une résolution potentielle de la crise ukrainienne », a-t-il ajouté.
Toutefois, M. Pritchin a également affirmé que les deux parties ont des « perspectives différentes » sur « certains aspects des relations internationales ».
« Par conséquent », a-t-il ajouté, « certains Russes – en particulier les spécialistes – ne sont pas tout à fait convaincus que les mesures [prises par l’administration Trump] permettront de rétablir complètement les liens ».
Faire face à la réalité
En février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine, puis, après avoir organisé des référendums, elle y a effectivement annexé quatre régions de l’est du pays, qu’elle considère désormais comme faisant partie de son territoire.
Selon Moscou, son « opération militaire spéciale » en Ukraine visait à protéger les Russes ethniques et à stopper l’expansion de l’OTAN vers l’est.
Moscou affirme également que la révolution du « Maïdan » de Kiev en 2014, qui a chassé du pouvoir le Président ukrainien pro-russe grâce à un soulèvement populaire, était en réalité un « coup d’État » orchestré par les États-Unis, également connu sous le nom de « révolution de couleur ».
Les conditions posées par la Russie pour mettre fin au conflit actuel comprennent le retrait complet des troupes ukrainiennes des quatre régions revendiquées par la Russie (Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia) et la garantie que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’OTAN.
Le 26 février, Donald Trump a déclaré qu’il s’efforcerait, lors des prochains pourparlers avec la Russie, de faire en sorte que l’Ukraine récupère « autant de territoires que possible ».
Toutefois, dans des remarques antérieures, des membres de l’équipe de politique étrangère de Donald Trump ont admis que tout règlement futur devrait prendre en compte les « réalités » du champ de bataille.
Peu avant l’investiture de Donald Trump, son conseiller à la Sécurité nationale, Mike Waltz, a déclaré à ABC News : « Je ne pense pas qu’il soit réaliste de dire que nous allons expulser tous les Russes de chaque centimètre carré du sol ukrainien. »
Selon Mike Waltz, Donald Trump a également « admis cette réalité ».
Depuis son retour à la présidence, M. Trump a émis plusieurs commentaires laissant croire que les préoccupations de Moscou à propos de l’expansion de l’OTAN étaient justifiées.
« Bien avant le Président Poutine, ils [les Russes] ont dit qu’il était hors de question qu’ils permettent cela », a-t-il déclaré à la presse le 12 février, en faisant référence à la présence de l’OTAN aux frontières de la Russie, que Moscou considère depuis longtemps comme une “ligne rouge”.
« Ils répètent depuis longtemps que l’Ukraine ne peut pas rejoindre l’OTAN », a-t-il poursuivi. « Et je suis d’accord avec cela. »
Le 26 février, Donald Trump a été encore plus loin, déclarant que l’Ukraine pouvait « oublier » de se joindre à l’alliance occidentale.
M. Pritchin a qualifié de « très positif » le fait que Donald Trump reconnaisse les préoccupations de la Russie en matière de sécurité, en ce qui concerne l’élargissement de l’OTAN.
« Toutefois, certains dirigeants européens n’ont pas cette compréhension et continueront à mener des politiques qui menacent la Russie. »
« Même si la Russie et les États-Unis améliorent leurs relations, il sera difficile de trouver un terrain d’entente dans ce triangle Russie-Union européenne-États-Unis », a-t-il ajouté.
« Pour cette raison, je reste sceptique quant à la possibilité de mettre en place une architecture de sécurité stable en Europe à court terme », a déclaré M. Pritchin.
Selon M. Temur, les récentes divergences entre l’administration Trump et les alliés traditionnels des États-Unis en Europe pourraient profiter à la Russie pour « maximiser ses intérêts régionaux et mondiaux ».
Fort, mais impétueux
Selon M. Pritchin, le public russe perçoit le président américain Trump comme un dirigeant fort, tandis que certains le voient plutôt comme étant irréfléchi et impulsif, selon M. Pritchin.
« Il est perçu comme un leader fort, capable de prendre des décisions difficiles », a déclaré M. Pritchin. « Mais il n’est ni cohérent ni systématique. »
« Il est impétueux et peut facilement changer d’avis à tout moment, ce qui crée une atmosphère d’incertitude, a-t-il poursuivi. « Les Russes ont des attentes prudentes. »
M. Pritchin a évoqué les relations houleuses de Donald Trump avec le Président ukrainien Volodymyr Zelensky en exemple de ce qui apparaît comme une incohérence caractérisant le président américain.
Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux le 19 février, il a qualifié M. Zelensky, dont le mandat présidentiel a pris fin l’année dernière, de « dictateur » impopulaire, appelant ensuite Kiev à organiser de nouvelles élections.
Volodymyr Zelensky a laissé entendre que le président américain avait été dupé par la « désinformation » russe.
Selon M. Pritchin, de nombreux Russes ont été ravis que Donald Trump ait qualifié le Président ukrainien de « dictateur ».
Moscou a « constamment refusé de signer des accords avec lui, car il n’est pas le président légitime ».
« Mais nous voyons une nouvelle volte-face de la part de M. Trump, qui vient de revenir sur ses déclarations antérieures concernant M. Zelensky », a fait remarquer M. Pritchin.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre britannique Keir Starmer le 27 février, un journaliste a demandé à Donald Trump s’il considérait toujours Volodymyr Zelensky comme un « dictateur ».
« Ai-je dit cela ? » a répondu M. Trump. « Je ne peux pas croire que j’ai dit ça. »
Le lendemain, M. Zelensky a rencontré Donald Trump à la Maison-Blanche pour signer un accord visant à exploiter conjointement les ressources minières ukrainiennes avec les États-Unis.
L’accord a toutefois été éclipsé par une prise de bec spectaculaire – et très publique – au cours de laquelle Volodymyr Zelensky a ouvertement contesté les récentes ouvertures de Donald Trump vers Moscou et Vladimir Poutine.
Le président américain a accusé le dirigeant ukrainien de « jouer avec la troisième guerre mondiale » et l’a averti que, si Kiev refusait de faire des compromis pour la paix, elle risquait de perdre le soutien des États-Unis.
Avec Reuters
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.