Lorsque les premiers ministres provinciaux ont été convoqués pour discuter des soins de santé avec Justin Trudeau, il y a eu beaucoup de discussions. Nombreux étaient ceux qui anticipaient d’éventuels changements dans le système sanitaire, des innovations, une responsabilisation de la part des autorités.
Il semblait que les Canadiens et leurs dirigeants étaient enfin sur la même longueur d’onde, en reconnaissant que les soins de santé, tels qu’ils sont, sont largement défectueux et que l’argent seul ne suffira pas à tout arranger.
Cependant, la réunion s’est tenue, et il n’y a rien eu de tout cela, ni nouvelles idées, ni discussions pour un changement quelconque. Trudeau a présenté une grosse somme d’argent aux premiers ministres provinciaux au cours d’un déjeuner de deux heures et le message principal était « à prendre ou à laisser ».
Il semble à première vue que l’offre de Trudeau, s’élevant à 196,1 milliards de dollars, soit un investissement important, mais ce n’est pas le cas. Les premiers ministres ont demandé au gouvernement fédéral d’augmenter sa part des dépenses de santé de 22 à 35% (l’équivalent de 28 milliards de dollars par an).
Malgré les dépenses effrénées de Trudeau au cours des sept dernières années, cela ne se produira jamais – mais les provinces ne s’attendaient pas à ce que l’offre représente moins d’1% du budget fédéral.
Le montant de 196,1 milliards de dollars est un chiffre énorme qui, une fois disséqué, n’est plus que de la poudre aux yeux. L’argent couvre une période de 10 ans. Durant dix ans, les provinces n’auront pas à se donner la peine de demander plus d’argent à Ottawa. Par ailleurs dans ces 196,1 milliards de dollars, seuls 46,2 milliards de dollars représentent un apport ajouté à ce qui était prévu. Sur 10 ans, cela ne laisse que 4,6 milliards de dollars en nouvelles dépenses, chaque année, à répartir entre les dix provinces et les deux territoires.
Sur les 46,2 milliards de dollars de nouvelles dépenses, 2 milliards de dollars ont été affectés à des besoins urgents dans les hôpitaux pour enfants et les services d’urgence ; 17,3 milliards de dollars sont destinés à fournir un coup de pouce financier au cours de la prochaine décennie ; 1,7 milliard de dollars serviront à compléter les salaires sur cinq ans et 25 milliards de dollars sur 10 ans seront négociés avec chaque province indépendamment. Chacune des provinces devra présenter un programme pour avoir le droit de recevoir de l’argent.
Apparemment, ces programmes sont indispensables (et suffisants) pour avoir éventuellement accès au budget fédéral.
Il n’est pas étonnant que les premiers ministres provinciaux aient été consternés et aient utilisé des mots comme « déçus » (première ministre du Manitoba, Heather Stefanson), « un point de départ, un acompte » (premier ministre de l’Ontario, Doug Ford) et « insuffisant » (premier ministre du Québec, François Legault) dans leurs commentaires aux journalistes.
Des milliards de dollars représentent toujours un investissement substantiel, mais, dans ce cas, cela indique un manque choquant de leadership et de vision à un moment où les Canadiens ont besoin de changements concrets qui garantissent des soins en temps voulu.
Un sondage Ipsos publié juste avant la réunion des premiers ministres a montré que la position des Canadiens à l’égard des soins de santé évolue rapidement.
Pas moins de 85% des répondants ont déclaré que des « changements radicaux » devaient être apportés au système de santé et six personnes sur dix (59%) sont favorables à la mise en place de prestations privées au sein des services publics. Le même nombre (60%) a déclaré que ceux ayant les moyens de payer pour des soins privés devraient pouvoir y avoir recours.
Enfin, un tiers des Canadiens (32%) ont déclaré qu’ils étaient prêts à aller aux États‑Unis et payer de leur propre poche pour recevoir des soins de santé de routine, tandis que 29% ont déclaré qu’ils était prêts à le faire pour recevoir des soins urgents.
Ces chiffres montrent une nouvelle manière d’aborder les soins de santé et les hommes politiques devraient y prêter attention.
Pendant 60 ans, les Canadiens ont défendu le principe symbolique que les soins de santé universels répondaient à leurs besoins médicaux. Plusieurs avaient toutefois l’impression que l’attente était un peu plus longue que dans d’autres pays. Cependant l’accès universel représentait la bonne façon de faire et c’est ainsi que les Canadiens devaient s’organiser.
Suite à la pandémie de deux ans et le vieillissement rapide de la population, cet idéal s’est éffondré. Les Canadiens constatent que ce principe ne suffit plus à assurer l’accès aux soins médicaux (et encore moins des délais quelconques).
Selon une enquête récente du Fraser Institute, plus de 1,2 million de Canadiens étaient sur des listes d’attente pour diverses chirurgies et interventions en 2022. Plus d’un Canadien sur cinq était incapable de trouver un médecin traitant. L’accès à des soins de santé mentale non urgents prend des années. Les médias rapportent régulièrement des décès dus à ces attentes et à des services d’urgence débordés.
L’accès aux technologies de diagnostic médical (tomodensitométrie, IRM, tomographie par émission de positons) est limité, même si leur utilisation est courante dans d’autres pays développés. Nous avons besoin de médecins, d’infirmières et d’autres professionnels de la santé. Nous sommes loin derrière d’autres nations en ce qui concerne la transition vers les dossiers électroniques et la mise en place de soins en ligne pour les régions éloignées.
Le système a besoin d’argent, mais il a aussi besoin de leadership. Trudeau se contente de laisser les autres s’occuper d’un système défaillant et le Parti conservateur n’a pas grand‑chose à offrir, alors que le besoin de changement est profond. L’assurance‑médicaments proposée par le NPD ne ferait qu’accroître la pression sur un système surchargé.
Les soins de santé ont désespérément besoin d’un leadership inventif et le poste est ouvert à toute personne avec un esprit novateur. Postulez si vous êtes du métier. Merci.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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