ENVIRONNEMENT

L’étude des baleines à bosses en Nouvelle-Calédonie

novembre 15, 2016 17:00, Last Updated: novembre 16, 2016 10:49
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Les scientifiques de l’IRD, du WWF et de l’Opération Cétacés sont revenus satisfaits de leur seconde campagne MARACAS à bord de l’Amborella, le navire océanographique du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Des balises ont pu être déployées, et il est désormais possible de suivre les baleines par internet en temps réel.

Lancé en 2016, le projet WHERE avait pour objectif d’explorer la distribution spatiale et l’habitat des baleines à bosse sur l’ensemble de l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. Ce projet s’intéresse en particulier aux régions éloignées du parc naturel de la mer de Corail, une des plus grandes zones marines protégées au monde, créée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en 2014. Les deux premières campagnes de cette étude (MARACAS 1 et 2) viennent de s’achever.

Un faible nombre de baleines

La première campagne MARACAS s’est déroulée du 22 aout au 4 septembre dans l’ouest de la mer de Corail. Elle avait pour but d’échantillonner les baleines dans les grands complexes récifaux de Chesterfield et Bellona, lesquels s’étendent sur plus de 300 km de long.

Bien que la météo ventée n’ait pas facilité le travail de l’équipe, il a été surprenant de ne pas avoir rencontré plus d’animaux dans cette zone connue pour être un des hauts lieux de la chasse baleinière du XIXe siècle. Les membres de l’expédition se gardent néanmoins de toute conclusion hâtive. La saison 2016 semble en effet avoir enregistré un faible nombre de baleines sur les différents sites de reproduction de l’hémisphère sud. Une nouvelle campagne menée dans cette zone en 2017 apportera de plus amples informations.

De nombreuses mères accompagnées de baleineaux

La deuxième campagne MARACAS a eu lieu en octobre 2016 et vient de s’achever. Elle s’est déroulée dans la région de Walpole toujours à bord de l’Amborella. Cette fois, une météo très favorable a permis d’acquérir de nombreuses informations sur la présence de baleines à bosse dans cette zone. Une trentaine d’animaux a été observée. Parmi eux, de nombreuses mères accompagnées de baleineaux. Comme lors de la première campagne, des clichés photographiques et des échantillons de peau ont été collectés et permettront d’en apprendre plus sur le déplacement des baleines.

Les scientifiques ont cette fois-ci pu équiper quatre baleines adultes de balises satellitaires. Les données recueillies permettront d’en savoir davantage sur la manière dont ces animaux utilisent leur habitat. En effet, en plus de la localisation géographique, les balises utilisées fourniront des profils de plongée permettant d’obtenir des informations sur leur comportement.

À ce jour les connaissances sur l’habitat et l’écologie des mammifères marins dans la mer de corail de la Nouvelle-Calédonie sont limitées. C’est pourquoi les scientifiques proposent de collecter des informations essentielles sur l’écologie des cétacés et les facteurs qui influencent leur distribution à grande échelle spatiale. « Nous nous intéresserons tout d’abord au cas des baleines à bosse pour lesquelles de récentes études, utilisant la télémétrie satellitaire, mettent en évidence l’usage de certaines zones océaniques », ont-ils déclaré.

Les baleines viennent s’accoupler ou mettre bas dans les eaux chaudes de la Nouvelle-Calédonie. (Getty Image/Fred Payet)

L’interrogation des chercheurs sur les déplacements des baleines

Que savons-nous des déplacements des baleines à bosse autour de la Nouvelle-Calédonie ? Pourquoi viennent-elles dans les eaux calédoniennes et quelles routes marines empruntent-elles ? C’est pour répondre à ces questions que les recherches sont organisées.

L’objectif général de ce projet est d’identifier les habitats des baleines à bosse, d’en caractériser l’usage, d’évaluer leur importance pour la population et de mesurer la connectivité entre ces zones clés. Les résultats permettront de renseigner les zones de conservation prioritaires et de faciliter la mise en place de mesures appropriées de protection et notamment de permettre la création d’AMP (Aires Maritimes Protégées) qui puissent efficacement protéger les grands migrateurs.

Chaque année au cours de l’hiver austral, les baleines à bosses migrent, elles partent de l’Antarctique et viennent dans les eaux chaudes qui entourent la Nouvelle-Calédonie, elles s’accouplent ou mettent bas. Ces eaux font partie des plus riches de la planète en terme de biodiversité marine.

Vers la création du Parc Naturel de la Mer de Corail (PNMC)

Pour apporter des éléments de réponse, une analyse stratégique de l’Espace maritime de la Nouvelle-Calédonie a été réalisée. À partir d’une synthèse des connaissances issues de nombreux travaux scientifiques, ce travail a permis d’identifier différents enjeux de gestion, environnementaux et socio-économiques, souvent croisés. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer un parc naturel de la mer de Corail, en 2014, dans le but de disposer d’un outil de gestion capable de relever les différents défis de protection et de développement durable.

L’histoire géologique de cet espace a façonné des reliefs sous-marins complexes, souvent invisibles de la surface, mais qui favorisent l’existence d’environnements singuliers, dynamiques et d’écosystèmes d’une extraordinaire diversité. De l’obscurité des abysses aux eaux chaudes et turquoises des récifs, du plancton à la grande faune migratrice, tout un peuple de la mer, aux formes et aux interactions innombrables, s’est développé.

Une zone d’affrontement entre deux plaques tectoniques

Une histoire géologique originale : l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie se situe au cœur de la région du Sud-Ouest Pacifique, zone d’affrontement entre deux plaques tectoniques majeures, les plaques Australie et Pacifique. Cette région se caractérise par une succession de rides et de bassins globalement orientés Nord-Sud, de tailles, de profondeurs, de natures et d’âges très divers. Ces éléments géologiques sont l’expression de processus qui ont façonné la région tout au long d’une histoire géodynamique complexe. Durant des centaines de millions d’années et jusqu’il y a environ 100 millions d’années vers le milieu du Crétacé.

D’importants mouvements profonds dans le manteau terrestre pourraient être à l’origine d’une activité volcanique intense affectant toute la région de l’Oligocène au Miocène. De nombreux dômes volcaniques datant de cette période sont présents dans l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie formant des monts sous-marins.

Les restes d’un continent ancien

La Nouvelle-Calédonie a hérité d’une diversité géologique tout à fait exceptionnelle. On y trouve des éléments géologiques tels que du volcanisme de type Hawaïen, des reliques du continent Gondwana, des bassins océaniques contenant plusieurs kilomètres de sédiments, une fosse pouvant atteindre 7,9 km de profondeur et aussi le développement de récifs et de plateformes carbonatées datant de plusieurs millions d’années… Tous ces éléments se traduisent chacun par une géologie particulière constituant ainsi une grande géo-diversité.

Cette géo-diversité sous-marine est une chance pour la Nouvelle-Calédonie, autant en terme de potentiel en ressources que de variétés d’écosystèmes riches et uniques. Il est rare en effet, voire inédit, de pouvoir rencontrer à la surface du globe les restes d’un continent ancien englouti et de bénéficier de morceaux du manteau terrestre surélevés depuis les profondeurs jusqu’à la surface. (Selon Ifremer)

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