Les Nations Unies cherchent à se doter de nouveaux pouvoirs et d’outils de « gouvernance mondiale » plus puissants pour faire face aux situations d’urgence internationales telles que les pandémies et les crises économiques, comme le révèle une nouvelle Déclaration politique de l’ONU. L’administration Biden semble soutenir la proposition.
Le projet de création d’une « plateforme d’urgence », qui comprendrait un ensemble de protocoles activés lors de crises susceptibles d’affecter des milliards de personnes, a déjà suscité de vives inquiétudes et critiques de la part de décideurs et d’analystes américains.
Parmi ceux qui ont exprimé leur inquiétude figure le président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Michael McCaul (Parti républicain – Texas), dont la commission supervise la politique étrangère des États-Unis et son implication dans les organisations internationales.
« Nous devons nous assurer que tout protocole ou plateforme mondial exploité par l’ONU respecte la souveraineté nationale des Etats-Unis et l’argent des contribuables américains », a déclaré M. McCaul à Epoch Times.
Il a également fait part de sa préoccupation quant au fait que la plateforme proposée élargit l’autorité et le financement de l’ONU et les définitions d’ « urgence » et de « crise » pour inclure, par exemple, le changement climatique.
Les documents de l’ONU et les déclarations publiées en mars par les principaux dirigeants de l’organisation mondiale montrent clairement que le changement climatique est un élément majeur de l’agenda des urgences de l’ONU.
D’autres détracteurs ont confié à Epoch Times leurs inquiétudes quant à l’influence du Parti communiste chinois (PCC) au sein de l’ONU, des problèmes de corruption bien documentés de l’organisation mondiale et de ses antécédents en matière de gestion des situations d’urgence.
« Permettre à l’ONU de s’occuper de cette question équivaut à confier au PCC la responsabilité des urgences mondiales », a affirmé Kevin Moley, ancien secrétaire d’État adjoint américain aux organisations internationales, à Epoch Times.
La vision de l’ONU pour la réponse aux crises mondiales
Dans un document d’orientation intitulé « Notre Programme commun » et titré « Renforcer la réponse internationale aux chocs complexes – une plateforme d’urgence », le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exposé sa vision de l’habilitation de l’organisation mondiale à faire face aux crises mondiales.
« Les défis auxquels nous sommes confrontés ne peuvent être relevés que par une coopération internationale plus forte », a déclaré M. Guterres, appelant à « renforcer la gouvernance mondiale » pour les générations actuelles et futures.
La note d’information s’appuie sur un document antérieur intitulé « Agenda commun » et intervient alors que les dirigeants de l’ONU définissent les plans d’un « Sommet de l’avenir » qui se tiendra lors de la réunion annuelle de haut niveau de l’Assemblée générale en septembre.
S’ils obtiennent le feu vert des États membres, les protocoles d’urgence mondiaux seront « déclenchés automatiquement » en cas de crise mondiale, « quel que soit le type ou la nature de la crise en question », a déclaré le chef de l’ONU.
Les protocoles impliqueraient toutes sortes d’institutions, y compris les gouvernements nationaux, les institutions internationales et le secteur privé. En fin de compte, tous devraient reconnaître le « rôle principal des organes intergouvernementaux [tels que les agences de l’ONU] dans la prise de décision », indique le document.
« La plateforme d’urgence, une fois convoquée, serait un outil permettant au système des Nations Unies de mettre en œuvre les décisions prises par les organes concernés », selon le document.
Le Département d’État apporte son soutien
Un porte-parole du département d’État américain a laissé entendre que l’administration Biden soutenait le projet.
« L’administration a clairement exprimé sa ferme conviction que la sécurité nationale des États-Unis est mieux servie en s’engageant activement et globalement avec l’ONU et d’autres organisations internationales », a déclaré le porte-parole à Epoch Times dans un communiqué envoyé par courrier électronique concernant la proposition.
« L’ONU n’est efficace, transparente et responsable que dans la mesure où ses membres l’exigent, et les États-Unis travaillent sans relâche pour s’assurer que l’ONU réponde à ces exigences. »
La proposition de l’ONU a été dévoilée alors que le multimilliardaire Bill Gates, l’une des voix les plus en vue pendant la crise du Covid-19 et l’un des principaux financiers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des vaccins, a appelé à la création d’un « service d’incendie » mondial pour faire face aux urgences sanitaires internationales.
Dans un article publié le mois dernier dans le New York Times, M. Gates a déclaré qu’un « corps d’urgence sanitaire mondial » pourrait « entrer en action à tout moment en cas de danger ».
« Le corps d’urgence sanitaire mondial représentera un progrès massif vers un avenir sans pandémie », a écrit M. Gates dans cette tribune. « La question est de savoir si nous avons la clairvoyance nécessaire pour investir dans cet avenir avant qu’il ne soit trop tard. »
Protocole d’urgence de l’ONU
M. Guterres, qui demande aux gouvernements d’approuver son plan dans le courant de l’année, a déclaré que les risques augmentaient et devenaient plus complexes.
« Le renforcement de la coopération internationale est le seul moyen de répondre de manière adéquate à ces chocs, et les Nations Unies sont la seule organisation ayant la portée et la légitimité nécessaires pour se réunir au plus haut niveau et galvaniser l’action mondiale », a-t-il déclaré. « Nous devons continuer à renforcer le système multilatéral afin qu’il soit en mesure de relever les défis de demain. »
La définition exacte d’une situation d’urgence susceptible de déclencher l’intervention des Nations unies n’a pas été précisée.
Toutefois, le document indique que les crises n’ayant pas de « conséquences mondiales » ne seraient « pas nécessairement » classées dans la catégorie des urgences nécessitant une intervention de l’ONU. En d’autres termes, certaines crises qui n’ont pas de conséquences mondiales pourraient déclencher une réponse de l’ONU.
Le rapport donne deux exemples de crises mondiales récentes qui se sont produites au XXIe siècle et qui, selon les dirigeants de l’ONU, plaident en faveur de réponses mondiales coordonnées : la pandémie de Covid-19 et la « crise du coût de la vie » de 2022.
Loin de donner des précisions, la note d’information présente les grandes catégories et les types d’urgences susceptibles d’activer les protocoles mondiaux. Il s’agit notamment des événements climatiques ou environnementaux, de la dégradation de l’environnement, des pandémies, de la dissémination accidentelle ou délibérée d’agents biologiques, des perturbations des flux de marchandises, de personnes ou de capitaux, des perturbations du cyberespace ou de la « connectivité numérique mondiale », d’un événement majeur dans « l’espace extra-atmosphérique » et des « risques imprévus (événements de type ‘cygne noir’) » – ‘cygne noir’ désignant un événement statistiquement presque impossible mais qui se produit tout de même.
La réponse mondiale au Covid-19 est fréquemment citée dans le document. Le chef de l’ONU, qui a dirigé l’Internationale socialiste avant d’occuper son poste actuel, a déclaré qu’une réponse plus forte et mieux coordonnée de l’ONU aurait permis à un plus grand nombre de personnes de recevoir le vaccin Covid-19.
Les efforts actuels des dirigeants de l’OMS pour renforcer l’agence sanitaire de l’ONU avec un nouveau traité international sur les pandémies et des modifications du Règlement sanitaire international sont présentés comme des mécanismes clés pour les situations d’urgence.
Dès l’activation des protocoles d’urgence, les chefs de gouvernement, les agences de l’ONU, les institutions financières internationales, le secteur privé, la société civile et les experts seraient tous convoqués par l’ONU pour réagir.
Le secrétaire général de l’ONU déciderait du moment où les protocoles seraient activés. Il identifierait également tous les participants et superviserait leurs contributions à la réponse, explique la note d’information. Les contributions mentionnées dans le document vont de l’apport d’argent à la modification des politiques gouvernementales.
L’Agenda 2030, une priorité
Parmi les motifs justifiant l’urgence, l’ONU a indiqué que les situations d’urgence internationales pourraient compromettre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable de l’Agenda 2030, que les dirigeants de l’ONU qualifient de « plan directeur pour l’humanité ».
Les 17 objectifs, très critiqués, couvrent pratiquement tous les domaines de la vie et ont été signés par pratiquement tous les gouvernements nationaux en 2015, avec le soutien appuyé de l’administration Obama et du PCC.
Bien que le Sénat américain n’ait pas ratifié l’accord mondial, comme l’exigent tous les traités, il est néanmoins mis en œuvre dans le monde entier, puisque les politiques des entreprises et des gouvernements sont alignées sur l’ordre du jour.
« Lorsqu’un choc mondial complexe se produit, une réponse internationale plus opportune, plus prévisible et plus efficace pourrait potentiellement atténuer certains des impacts sur les objectifs de développement durable et permettre au processus de récupération de commencer plus tôt », peut-on lire dans le document. « La proposition d’adopter des protocoles pour convoquer une plateforme d’urgence vise à atteindre cet objectif. »
Le plan d’urgence est né de l’engagement pris par les États membres de l’ONU, lors du 75e anniversaire de l’organisation mondiale, de renforcer la « gouvernance mondiale ».
D’autres composantes de ce renforcement – des politiques qui correspondent en grande partie à la « grande réinitialisation » annoncée en 2020 par M. Guterres et d’autres, tels que Klaus Schwab, au Forum économique mondial (FEM) – comprennent un « contrat social » renouvelé. Le FEM est un « partenaire stratégique » de l’ONU dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030, en particulier pour ce qui est d’obtenir l’adhésion du secteur privé au niveau mondial.
Le plan d’intervention d’urgence de l’ONU a été publié en même temps qu’un autre rapport intitulé « Notre avenir commun », qui appelle à la nomination d’un nouvel « envoyé spécial pour les générations futures », à la création d’un « Futures Lab » (laboratoire d’études prospectives), à des changements radicaux dans les politiques en faveur de ce que l’ONU appelle le « développement durable », et plus encore.
Le rapport appelle à la mise en place de politiques qui, selon les dirigeants de l’ONU, préserveront la planète pour l’avenir, « au niveau mondial, là où sont prises certaines des décisions les plus importantes pour l’humanité ».
Les détracteurs pointent du doigt le PCC, la corruption et le Covid
L’une des principales préoccupations des dirigeants américains concernant la proposition de réponse à la crise est la forte influence du PCC au sein de l’ONU – une influence qui s’est clairement fait sentir pendant la pandémie et qui, selon les critiques, pourrait être encore plus dangereuse dans de futures situations d’urgence mondiales.
M. Moley, qui a occupé des postes clés au niveau international sous plusieurs administrations américaines, a rejeté le plan de l’ONU.
« Ce plan de l’ONU va à l’encontre de l’expérience que nous venons de vivre avec la dernière pandémie, qui montre pourquoi nous devrions réaffirmer notre souveraineté et ne pas en céder davantage », a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique avec Epoch Times.
M. Moley, qui a supervisé les relations des États-Unis avec les organisations internationales pendant son mandat au sein de l’administration Trump, a longtemps tiré la sonnette d’alarme sur l’influence croissante du PCC au sein de l’ONU, un processus qui, selon lui, a été soutenu à la fois par l’administration Obama et l’administration Biden. Il a qualifié ce processus de menace existentielle pour les États-Unis.
L’influence prépondérante du PCC et de ses alliés, pour la plupart « autoritaires », et des « démocraties de connivence » sur le système des Nations unies représente un danger majeur lorsqu’il s’agit de propositions visant à accorder plus de pouvoir à l’organisation mondiale, a affirmé M. Moley.
« Tant que les intérêts de contrôle de l’ONU sont entre les mains du PCC et avec l’aide et la complicité du G77 [une alliance de 134 gouvernements dont le PCC], cela ne peut être toléré », a-t-il ajouté.
En raison du contrôle avéré du PCC sur les principales agences de l’ONU et même de sa puissante influence sur la plupart des États membres, approuver le plan du protocole sur les situations d’urgence reviendrait à confier au régime communiste la responsabilité des crises mondiales, selon M. Moley.
Si l’on considère que le PCC est une « association criminelle » plus qu’un gouvernement et que ses agents dominent aujourd’hui de vastes pans de l’ONU, il s’agit là d’un « mélange catastrophique », a-t-il déclaré.
« Nous devons considérer avec beaucoup de scepticisme tout ce qui est parrainé par les Nations unies. Malheureusement, notre département d’État — surtout aujourd’hui — ne le fait pas. Au lieu de cela, ils regardent les États-Unis avec scepticisme. »
Plutôt que de suivre le plan de l’ONU, M. Moley a appelé à une refonte complète du département d’État américain.
« Il faut tout reprendre à zéro », a-t-il alerté, soulignant l’obstruction des bureaucrates de carrière tout au long du mandat de M. Trump.
« Tant que le département d’État reste dans sa composition actuelle, nous n’avons pas de diplomates qui parlent au nom de l’Amérique, mais au nom du financier milliardaire George Soros et de sa fondation Open Society, du mondialisme et de tout ce qui vise à saper la souveraineté américaine », a-t-il ajouté.
Un autre détracteur, Peter Gallo, avocat international et ancien enquêteur interne de l’ONU devenu lanceur d’alerte, a rappelé la longue histoire de corruption, de politisation et de scandales de l’organisation, notamment les cas où l’aide humanitaire a été détournée, voire militarisée, à des fins politiques.
Mais ce qui est encore plus alarmant, c’est ce que M. Gallo a décrit comme « l’exploitation sexuelle et le trafic d’êtres humains des victimes de ces catastrophes ».
« Le personnel de l’ONU a des antécédents flagrants d’implication dans cette exploitation et l’organisation a des antécédents honteux d’étouffer les allégations d’inconduite sexuelle au lieu d’enquêter correctement sur elles », a déclaré M. Gallo.
M. Gallo et d’autres anciens fonctionnaires de l’ONU estiment, sur la base des données de l’ONU, que plus de 60.000 femmes et enfants ont été violés et ont subi des abus sexuels de la part du personnel de l’ONU au cours des dix années de mandat de Ban Ki-moon, le précédent secrétaire général. M. Gallo a déclaré qu’il pensait qu’il s’agissait d’une « estimation très prudente ».
« Il n’y a aucune preuve que les choses se soient améliorées sous António Guterres », a ajouté M. Gallo, citant l’impunité des auteurs et les attaques contre les lanceurs d’alerte de l’ONU qui ont tenté d’y mettre un terme.
Compte tenu de tout cela, M. Gallo estime que c’est une erreur pour les gouvernements d’envisager de confier à l’ONU encore plus de pouvoirs pour superviser les interventions d’urgence.
Des affirmations contestées
James Roguski, journaliste d’investigation et expert de l’OMS, a quant à lui critiqué l’ONU et contesté de nombreuses affirmations contenues dans son document d’orientation sur les protocoles d’urgence.
Par exemple, James Roguski a ridiculisé l’idée selon laquelle les Africains souffraient de ne pas recevoir suffisamment de vaccins Covid-19 de la part de l’Occident.
« En réalité, 16 fois plus de décès par habitant ont été attribués au Covid en Amérique du Nord et du Sud et en Europe qu’en Afrique », a-t-il déclaré à Epoch Times, citant les données de l’OMS tout en qualifiant les affirmations des Nations unies de « mensonges flagrants ». M. Roguski s’est fait connaître aux États–Unis pour ses reportages sur les projets de l’OMS visant à consolider son pouvoir sur les questions de santé mondiale.
« À mon humble avis, les organisations mondialistes n’ont pas su tirer un grand nombre de leçons très importantes au cours des trois dernières années », a-t-il affirmé.
Faisant référence aux politiques Covid-19 défendues par l’OMS et d’autres agences des Nations unies qui, selon lui, sont préjudiciables et, dans certains cas, « indéniablement nuisibles et mortelles », M. Roguski a appelé à une approche différente.
« Ils n’ont pas appris que le contrôle centralisé était bien pire que les traitements médicaux individualisés et créatifs qui ont sauvé des dizaines de milliers de vies », a-t-il ajouté.
« Nous, le peuple, devons nous opposer à la pression incessante en faveur d’un contrôle centralisé et bureaucratique que les mondialistes proposent comme solution aux problèmes du monde. Nous devons nous lever et nous exprimer en faveur des libertés individuelles et de la souveraineté nationale. »
Le secrétaire général de l’ONU, M. Guterres, et son porte-parole, Stéphane Dujarric, n’ont pas répondu à l’heure actuelle à une demande de commentaire d’Epoch Times.
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