La lutte contre la pollution plastique mondiale a enregistré vendredi à Paris une victoire d’étape : après cinq jours « laborieux », 175 pays ont décidé d’établir une « première version » d’un futur traité d’ici leur prochain rendez-vous de négociations en novembre au Kenya.
Au siège parisien de l’Unesco, la séance plénière du Comité international de négociations (INC) de l’ONU-Environnement s’est conclue vendredi soir par l’adoption à l’unanimité d’une résolution prévoyant que cette première mouture soit rédigée d’ici le prochain sommet de négociations, fixé en novembre à Nairobi. Étape cruciale avant un texte définitif toujours espéré pour fin 2024.
« Voici ce qui a été proposé, est-ce décidé ? » a demandé le président de l’INC, Gustavo Meza-Cuadra Velasquez, aux délégués. Avant d’adopter la résolution d’un coup de marteau, sous les applaudissements des délégués. Cette issue positive succède à un « début de semaine laborieux » et « des manœuvres un peu dilatoires » de certains pays, selon les mots vendredi matin du ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu.
Les négociateurs n’avaient pu entrer dans le vif du sujet que mercredi soir après deux jours de blocage de pays du Golfe, grands producteurs de pétroles, ainsi que de la Chine, du Brésil ou de l’Inde. Ceux-ci refusent que le texte soit adopté par un vote en cas d’absence d’unanimité. La résolution de la controverse a été remise à plus tard. « Les négociations de cette semaine montrent clairement que les pays producteurs de pétrole et l’industrie des énergies fossiles font tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir le traité et retarder le processus », a dénoncé Greenpeace dans un communiqué.
« À l’horizon 2050, il y aura plus de déchets plastiques que de poissons dans les océans (…) Nous ne pouvons pas nous attarder sur des règles de procédure », a déclaré vendredi à l’AFP la négociatrice mexicaine Camila Zepeda, dont les interventions tranchantes contre l’obstruction de certains pays ont été plébiscitées pendant la semaine.
De son côté, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a salué des « progrès tangibles ». « Une grande majorité de pays, 145 selon notre décompte, ont exprimé cette semaine la nécessité que le traité prévoient des obligations contraignantes », s’est félicité auprès de l’AFP Eirik Lindebjerg du WWF.
Le principe d’un traité juridiquement contraignant a été arrêté en février 2022 à Nairobi, au siège du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE).
Un enjeu de taille
L’enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux, etc. Des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans, dans l’estomac des oiseaux et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta. Et la situation devrait s’aggraver : la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, seulement 9% est recyclé.
Pour « mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040 », une cinquantaine de pays, dont ceux du G7 à l’exception des États-Unis, ont formé une Coalition pour la haute ambition, qui a mis la réduction de la production mondiale en tête de ses priorités, ce qui ne fait toutefois pas l’unanimité. Les gros pays producteurs préfèrent parler de réutilisation, d’alternatives au plastique et de recyclage, mais cet axe est critiqué par les ONG. Parmi les solutions également discutées : une meilleure gestion des déchets et des mécanismes financiers pour aider les pays les plus pauvres. La question de la toxicité des plastiques et des additifs, soulevée par la société civile et les scientifiques, est aussi évoquée, mais de nombreux pays et les industriels, observateurs influents du processus, craignent que le futur traité bloque l’innovation.
Après des débats techniques fin 2022 en Uruguay, Paris accueillait la deuxième session de négociations. Après le 3e rendez-vous au Kenya en novembre, les négociations se poursuivront en avril 2024 au Canada pour se conclure en Corée du Sud en fin d’année 2024.
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