L’utilisation de tablettes alimente la colère et les crises de colère chez les jeunes enfants, selon une étude

Les jeunes enfants passent de plus en plus de temps devant l'écran. Ils éprouvent plus de colère, de frustration et de crises de colère que jamais auparavant

Par Sheramy Tsai
15 août 2024 18:47 Mis à jour: 15 août 2024 19:03

Si votre jeune enfant fait de plus en plus de crises de colère, il se peut que sa tablette soit en cause. De nouvelles recherches suggèrent que le temps excessif passé devant un écran alimente la colère et la frustration des enfants d’âge préscolaire, ce qui rend leurs crises de colère plus difficiles à gérer.

L’utilisation d’appareils mobiles par les jeunes enfants a fait un bond, le temps passé devant un écran passant de cinq minutes par jour en 2020 à 55 minutes en 2022, ce qui souligne le rôle croissant de la technologie dans la petite enfance. À l’âge de 4 ans, la plupart des enfants possèdent déjà leur propre appareil.

Le lien entre temps d’écran et colère

Une nouvelle étude publiée dans JAMA Pediatrics a établi un lien entre l’utilisation des tablettes et les explosions émotionnelles chez les jeunes enfants. L’étude a suivi 315 enfants d’âge préscolaire pendant deux ans et a révélé que ceux qui passaient plus de temps sur les tablettes à l’âge de 3,5 ans étaient plus susceptibles de montrer des signes de colère et de frustration à l’âge de 4,5 ans.

L’étude s’est appuyée sur les données déclarées par les parents concernant l’utilisation de la tablette et le comportement émotionnel, en suivant l’évolution de chaque enfant au fil du temps. Les chercheurs ont constaté qu’une augmentation d’une heure d’utilisation quotidienne de la tablette à l’âge de 3,5 ans était liée à une augmentation de 22 % de la colère et de la frustration l’année suivante.

La recherche a également révélé que les enfants les plus enclins à la colère à l’âge de 4,5 ans augmentaient souvent leur utilisation de la tablette à l’âge de 5,5 ans, ce qui suggère que si un temps d’écran excessif peut déclencher des problèmes émotionnels, ces mêmes problèmes peuvent pousser les enfants à dépendre encore plus des écrans, créant ainsi un cycle difficile à briser.

« Les enfants qui sont plus difficiles et moins bien encadrés ont tendance à être exposés à plus de temps d’écran par les parents », indique l’étude. « Les parents confient utiliser les écrans comme un moyen de calmer les jeunes enfants et de les aider à gérer leurs débordements émotionnels. »

Menée pendant la pandémie du Covid-19, la recherche a également mis en évidence la manière dont les tensions particulières de cette période ont pu influencer les résultats de l’étude. De nombreuses familles étant confrontées à des routines perturbées et à un stress accru, l’utilisation de la tablette et l’état émotionnel des enfants ont pu être plus instables.

En moyenne, les enfants participant à l’étude passaient environ une heure par jour sur des tablettes à l’âge de 5,5 ans, mais cette durée variait considérablement.

Alors que des études antérieures ont suggéré un lien entre le temps passé devant un écran et les problèmes de comportement, cette recherche est l’une des premières à examiner cette relation au fil du temps chez les mêmes individus. En suivant les mêmes enfants pendant plusieurs années, l’étude démontre que l’utilisation de la tablette peut être à la fois la cause et la conséquence de problèmes émotionnels dans la petite enfance.

« Les parents et les personnes qui s’occupent des enfants devraient surveiller de près l’utilisation des tablettes par les enfants d’âge préscolaire, en particulier chez les enfants qui ont davantage tendance à exprimer leur colère et leur frustration », a expliqué à Epoch Times Caroline Fitzpatrick, l’auteur principal de l’étude.

L’importance de la petite enfance

La petite enfance est essentielle au développement des compétences en matière de contrôle émotionnel. Le cerveau connaît une croissance rapide, ce qui rend les activités comme le jeu interactif, la lecture et les interactions sociales vitales pour le développement des compétences émotionnelles et cognitives. La façon dont ces compétences sont cultivées peut varier considérablement.

Pour tenter de relever les défis de cette étape du développement, beaucoup de parents se tournent vers les tablettes pour occuper les enfants ou les apaiser en cas de crise émotionnelle, 65 % des éducateurs mentionnent utiliser des écrans à cette fin.

« Cette stratégie risque de se retourner contre l’enfant à long terme, car elle peut l’empêcher de développer des stratégies internes pour gérer ses émotions », a souligné Mme Fitzpatrick. Comme l’utilisation de la tablette est souvent une activité solitaire, les enfants ont moins d’occasions de mettre en pratique ces compétences cruciales.

Une étude publiée en début d’année dans JAMA Network Open a révélé que les enfants d’âge préscolaire qui passaient deux heures ou plus par jour sur des écrans présentaient des niveaux de bien-être psychologique nettement inférieurs à ceux qui ne passaient qu’une heure devant un écran. Ces enfants étaient moins susceptibles de faire preuve de curiosité, de résilience et d’émotions positives – des indicateurs clés d’un développement sain – et plus susceptibles de présenter des problèmes de comportement comme l’hyperactivité et l’agressivité.

Ces résultats rejoignent les préoccupations plus générales de la communauté médicale concernant l’impact du temps passé devant un écran sur les jeunes esprits. L’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry recommande de limiter le temps d’écran non éducatif des enfants âgés de 2 à 5 ans à une heure par jour en semaine et à trois heures le week-end, en insistant sur l’importance de la modération.

En revanche, l’American Academy of Pediatrics suggère que la qualité des interactions avec les médias numériques est plus importante que le respect de limites de temps strictes.

« Il n’y a pas suffisamment de preuves démontrant un bénéfice des directives spécifiques de limitation du temps d’écran », peut-on lire dans leur déclaration.

Conseils pour gérer le temps d’écran des enfants d’âge préscolaire

Mme Fitzpatrick souligne l’importance d’une gestion réfléchie du temps d’écran pour favoriser un développement sain chez les enfants d’âge préscolaire. Elle suggère de faire participer les enfants à des activités qui renforcent les capacités de contrôle émotionnel, comme la lecture partagée de livres et le jeu imaginatif.

« Les technologies destinées aux enfants ne devraient pas comporter de fonctions telles que la lecture automatique, qui peut entraîner des périodes d’engagement plus longues de la part de l’utilisateur », conseille Mme Fitzpatrick. Elle recommande plutôt d’opter pour des technologies qui encouragent la co-utilisation entre l’enfant et la personne qui s’occupe de lui, afin d’améliorer les possibilités d’apprentissage.

Elle suggère aux parents d’établir un plan d’utilisation des médias en famille afin de fixer des règles claires concernant le temps passé devant l’écran et de veiller à ce que les enfants soient exposés à des contenus éducatifs de grande qualité. Il est également conseillé de désactiver la lecture automatique et d’autres fonctions qui peuvent inciter les enfants à continuer à regarder le contenu. Encourager les enfants à éteindre la tablette lorsqu’ils ont terminé leur activité peut les aider à développer une meilleure autorégulation.

« Les parents et les éducateurs peuvent veiller à ce que les enfants utilisent les écrans dans les contextes appropriés », note Mme Fitzpatrick, ajoutant que les écrans devraient être évités pendant les repas et l’heure du coucher. Elle souligne également l’importance de donner l’exemple d’une utilisation équilibrée des médias, en suggérant que les parents et les éducateurs limitent leur propre temps d’écran en présence des enfants.

En fixant des limites claires et en montrant l’exemple, les éducateurs et les parents peuvent aider les enfants à développer des relations plus saines avec la technologie. En fin de compte, il est essentiel d’éviter d’utiliser les écrans comme outil pour calmer ou apaiser les enfants afin de favoriser leur résilience émotionnelle à long terme.

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