La fille d’un résident de l’Ehpad du groupe privé DomusVi, à Toulouse (Haute-Garonne), a peut-être ouvert la boîte de Pandore. Ayant installé un micro dans la chambre de son père, elle a découvert en écoutant ses plus de 350 heures d’enregistrement, que celui-ci était victime de violences physiques et psychiques par différents membres du personnel. Une enquête a été ouverte.
Le personnel soignant de la maison de retraite l’Écuyer – située à l’ouest de Toulouse – est soupçonné par certains proches de résidents d’être maltraitant envers ces derniers. Parmi eux Juliette Loore, dont le père est âgé de 91 ans. Des plaintes ont été déposées contre DomusVi, le gestionnaire de cet Ehpad, relate France 3 Occitanie. La justice enquête sur ces éventuels actes de maltraitance, a indiqué le parquet ce lundi 15 janvier.
« J’étais loin d’imaginer ce que j’allais découvrir »
Après avoir placé un enregistreur audio dans la chambre de son père, et ce sans en informer le personnel de l’Ehpad, Juliette Loore a été choquée de constater que son proche subissait diverses violences. Elle l’a notamment entendu se faire réprimander et insulter, mais a aussi perçu des bruits de gifles. Selon Médiacités, qui a révélé l’existence de ces enregistrements, on y entend effectivement des employées injurier cet homme de 91 ans ou s’adresser à lui sur un ton très irrespectueux.
Un Ehpad de Toulouse visé par plusieurs plaintes pour des soupçons de maltraitance pic.twitter.com/cJ1njrcu4j
— BFMTV (@BFMTV) January 14, 2024
« Regardez ce que vous avez fait, Monsieur Loore, regardez. C’est quoi ça, c’est quoi ? […] Quand tu fais des bêtises, il n’y a pas de bonjour. Qu’est-ce que tu nous fais là. Il a enlevé la culotte, en plus le bâ***. Pu***, espèce de bâ*** va. Il avait déjà commencé à faire pipi en plus, ce co*** ! […] Allez-y, il faut aller sur le lit. Vous attendez quoi ? Allez-y sur le lit, mettez-vous debout ! Moi je ne peux pas vous soulever. Sinon, vous restez là sur le tapis… » peut-on entendre dans un extrait de l’enregistrement audio.
La fille de monsieur Loore dénonce également le fait que son père a demandé, à plusieurs reprises, une assistance aux membres du personnel, mais celle-ci lui a été refusée. Le voyant faiblir « à vue d’œil », sa fille voulait, au départ, simplement vérifier que les collations censées être proposées tout au long de la journée étaient bien données à son père, ce dernier affirmant qu’il n’en était rien. « J’étais loin d’imaginer ce que j’allais découvrir », a-t-elle confié à France 3.
« On se rend compte que le vrai coupable ce ne sont pas ces employés »
Juliette Loore a donc porté plainte contre l’établissement. De même qu’Éveline Navlet, la fille d’une résidente aujourd’hui décédée. Cette dernière a porté plainte contre l’Ehpad toulousain pour « non-assistance à personne en danger », rapporte BFMTV.
De son côté, Pauline Blondon, la directrice régionale Occitanie du groupe DomusVi, a déclaré auprès de France 3 : « Je réfute toute violence structurelle au sein de cet établissement. Il s’agit d’un cas isolé. Effectivement, un de nos collaborateurs agirait de façon maltraitante. Les faits sont graves et nous les prenons aux sérieux. »
Or, selon Juliette Loore et d’après les enregistrements, son père a subi des violences de la part de plusieurs employés et non d’un seul. Pour autant, elle ne condamne pas ces derniers, consciente de leurs difficiles conditions de travail. « On se rend compte que le vrai coupable, ce ne sont pas ces employés. On ne peut que finir en burn-out lorsqu’on travaille dans ces conditions. Ils n’ont simplement pas le temps de s’occuper de chaque personne », a-t-elle précisé à France 3, ajoutant que « cette maltraitance est inévitable ». « Je serai même prête à défendre ces employés face à la direction, car eux aussi sont maltraités », a-t-elle fait remarquer.
Une enquête a été ouverte
La direction de cet Ehpad a précisé qu’une enquête interne avait été ouverte. De même, la justice s’est emparée de cette affaire et une enquête a aussi été ouverte début décembre, à la suite d’un signalement de l’Agence régionale de santé (ARS). Celle-ci vise notamment à établir s’il y a eu « maltraitance sur personne vulnérable », a précisé à l’AFP le procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta-Simon. La transcription d’enregistrements réalisés par Juliette Loore figure parmi les documents mis à disposition des enquêteurs.
Nos confrères mentionnent qu’une inspection surprise de l’établissement avait été réalisée en décembre dernier par l’ARS de la région Occitanie, celle-ci n’ayant pas donné lieu à une alerte de la part des inspecteurs.
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