Des « marches citoyennes » empreintes de « deuil et colère » contre les violences policières sont annoncées samedi dans plusieurs villes françaises, notamment un rassemblement à Paris en mémoire d’Adama Traoré que va interdire la préfecture de police.
Assa Traoré, sœur d’Adama et figure du combat contre les violences policières, avait indiqué qu’elle serait présente « samedi à 15h00 place de la République », après l’interdiction de la marche prévue à Persan et Beaumont-sur-Oise en mémoire de son frère décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.
Cette annonce avait été rapidement relayée par des militants de gauche et des députés de la France Insoumise, mais Assa Traoré n’avait toutefois pas directement appelé ses soutiens à la rejoindre, ce qui aurait pu être assimilé à l’organisation d’une manifestation sauvage, donc illégale.
Mathilde Panot, députée et présidente du groupe LFI, avait confirmé sur son compte Twitter que « les associations organisatrices de la marche, ayant décidé de maintenir l’appel, nous nous tiendrons à leur côté ».
Marche Justice et Vérité pour Adama Traoré
Nous souhaitons que demain, la liberté de manifester vive dans le Val d’Oise comme partout en France.
Les associations organisatrices de la marche ayant décidé de maintenir l’appel, nous nous tiendrons à leurs côtés demain.… pic.twitter.com/aOzmap0txX
— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 7, 2023
La préfecture de police a annoncé à l’AFP qu’un arrêté serait pris samedi matin pour interdire ce rassemblement, « notamment pour des raisons réglementaires, car il n’est pas déclaré », a précisé une source policière. Elle suit donc la décision d’interdiction prise jeudi par le préfet du Val-d’Oise et confirmée vendredi soir par la justice administrative.
Les juges des référés avaient motivé leur décision par « le contexte des émeutes qui ont suivi le décès de Nahel », 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier le 27 juin à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris.
Ces derniers « ont estimé que, bien que les violences aient diminué ces derniers jours, leur caractère extrêmement récent ne permet de présumer que tout risque de trouble à l’ordre public ait disparu », a fait valoir le tribunal administratif de Cergy-Pontoise.
À Paris, la préfecture de police a demandé « aux organisateurs de bien vouloir respecter cette décision de justice et d’appeler publiquement à ne pas se rendre sur les lieux ».
Des villes « qui ne se sont pas remises des saccages »
Une trentaine d’autres manifestations contre les violences policières ont été répertoriées en France sur une carte en ligne, de Lille à Marseille et de Nantes à Strasbourg.
Près d’une centaine d’associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces « marches citoyennes », pour exprimer « deuil et colère » et dénoncer des politiques jugées « discriminatoires » contre les quartiers populaires.
Ces organisations, mobilisées « pour le maintien des libertés publiques et individuelles », demandent « une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement ».
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué vendredi des organisations dont « la seule proposition », selon lui, est « d’appeler à manifester (…), samedi dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages ».
Il a particulièrement pointé la responsabilité des élus, dont ceux de la France insoumise, qui avaient appelé à se joindre à la marche interdite de Beaumont, les accusant de sortir « de l’arc républicain ».
La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi – sans précédent depuis 2005 – ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l’ordre.
Depuis le 27 juin, plus de 3700 personnes ont été placées en garde à vue en lien avec ces émeutes, dont quelque 1160 mineurs, selon des chiffres de la Chancellerie, qui a fait état vendredi de près de 400 incarcérations.
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