Une émission de télévision marocaine a été sanctionnée de suspension temporaire pour avoir laissé un chanteur se vanter à l’antenne de « tabasser sa femme », a annoncé mercredi un communiqué de la Haute autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA).
« Celui qui ne tabasse pas sa femme n’est pas un homme », a déclaré le très populaire chanteur Adil El Miloudi, soulevant des rires complices de l’acteur Sami Naceri et de l’animateur de l’émission Kotbi Tonight sur Chada TV, en juin dernier.
« Au Maroc, cela est normal, chacun peut faire ce qu’il veut de sa femme, la frapper, la tuer », a-t-il insisté quand l’animateur lui a rappelé en plaisantant que « c’est interdit de frapper sa femme partout dans le monde ».
#Miloudi doit être interdit de télé, radio, réseaux sociaux, spectacles, concerts.. Un vrai danger publique. Bougez-vous les associations ورونا حنة يديكم ? @HACAMAROC #feminicides #femmesbattues #violencesfaitesauxfemmes #twittoma #Maroc #Morocco #المغرب #العنف_الاسري #الميلودي pic.twitter.com/9k5rUyWSZK
— ?MAUR (@t8ther) September 4, 2019
Ces propos « constituent une apologie de la violence à l’égard de la femme, une incitation express à cette violence, présentée de manière positive comme un attribut de la virilité (…) voire même un comportement recommandable pour la consolidation des liens conjugaux« , s’indigne le communiqué de la HACA.
Face à ce « discours explicitement violent », l’animateur a adopté « un ton badin » et « laissé toute latitude à l’invité de répéter ses assertions appelant à la violence à l’égard des femmes », poursuit le texte. Aucune mention n’est faite de l’attitude de Samy Naceri, lui aussi très en phase avec le chanteur.
L’émission Kotbi Tonigh sera donc suspendue pendant pour trois semaines, selon la HACA. À ce stade, aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre Adil El Miloudi malgré des flots de réactions outrées sur les réseaux sociaux marocains.
Dans ce contexte, la HACA a jugé particulièrement important de transmettre sa décision à « la presse féminine, aux ONG féminines et droits de l’Homme, aux organisations internationales: ONU Femmes, UNESCO, etc », indique le mail accompagnant son communiqué.
En 2018, après cinq ans de débat, le Maroc a adopté une nouvelle loi réprimant les violences faites aux femmes. Parmi les mesures, le texte prévoit notamment le durcissement des sanctions à l’encontre des auteurs de violences conjugales. Reste à voir comment les autorités l’appliquent dans les faits.
Dans une déclaration à la presse, Bassima Hakkaoui, ministre de la Famille, de la Solidarité, de l’Égalité et du Développement social, a affirmé que la violence à l’égard des femmes est toujours répandue dans le pays en dépit de tous les efforts déployés pour l’éradiquer. Elle a précisé que 93,4 % des femmes violentées ne portaient pas plainte contre leur agresseur.
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