Mayotte : Bruno Retailleau ordonne au préfet d’organiser des « vols groupés » de reconduite à la frontière

Par Epoch Times avec AFP
3 octobre 2024 17:20 Mis à jour: 3 octobre 2024 17:23

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi avoir ordonné au préfet de Mayotte d’organiser des « vols groupés » pour reconduire les ressortissants de République démocratique du Congo dans leur pays.

Des blocages avaient paralysé l’île en proie à une insécurité profonde. Des membres d’un collectif citoyen et des habitants bloquent les principaux axes routiers de l’île pour protester contre l’insécurité et l’immigration dans ce territoire de l’océan Indien, département le plus pauvre de France. « Nous tous ici avons été au moins une fois agressé. Je marche pour faire savoir que Mayotte a mal, Mayotte souffre et Mayotte veut se relever » avait déclaré une manifestante.

« Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte – il en a l’instruction – organisera des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo » (RDC), a déclaré M. Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, interrogé par la députée RN Anchya Bamana.

Au moins trois en octobre

L’entourage du ministre a précisé à l’AFP que quatre vols groupés avaient été organisés depuis février et qu’il y en avait « au moins trois prévus pour le seul mois d’octobre pour vider en partie le centre de rétention administrative » (CRA) de Mayotte, situé sur Petite-Terre. La coopération avec la RDC est « excellente », ajoute l’entourage.

Interrogé ensuite par la commission des lois, mercredi en fin de journée, le ministre a par ailleurs « confirmé la création d’un CRA à Mayotte » ainsi que l’envoi « de deux brigades de gendarmerie ».

Le CRA déjà existant dans l’archipel a une capacité de 136 places et concentre à lui seul la plus forte activité de tous les CRA français, avec 28.180 personnes passées entre ses murs en 2023, sur un total national de 46.955, selon le dernier rapport de la Cimade.

« Je connais la situation à Mayotte et, croyez-moi, j’y serai très attentif », a promis M. Retailleau. « La question du droit du sol, il faut la poser, bien entendu. Évidemment, un Congrès au trois cinquième, c’est compliqué mais je n’ai pas changé d’avis. J’y suis favorable. Dans le cas de Mayotte, ça se justifie vraiment, totalement. »

Depuis la fin des années 2010, des centaines de migrants originaires de l’Afrique des Grands Lacs, en particulier de la République démocratique du Congo, rentrent chaque année clandestinement à Mayotte après un voyage en « kwassa » (barque) depuis les côtes de l’Afrique de l’Est, de Madagascar ou des Comores voisines.

L’an passé, l’installation de ces migrants dans un camp de fortune près d’un stade de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, a provoqué des tensions avec des habitants qui ont culminé en janvier, avec le blocage des principaux axes routiers de l’île principale par des collectifs demandant leur expulsion.

Des « accords de sécurité bilatéraux avec les pays » de la zone de l’Afrique des Grands Lacs

M. Retailleau a également annoncé des « accords de sécurité bilatéraux avec les pays » de la zone de l’Afrique des Grands Lacs (RDC, Burundi, Rwanda, Tanzanie) pour « arrêter les flux ».

Alors que la députée Anchya Bamana a réclamé la mobilisation de la Marine nationale pour contrôler les frontières de Mayotte, le ministre a affirmé que le « rideau de fer » imaginé par Gérald Darmanin en début d’année, aux contours obscurs, serait « évalué ».

Près de la moitié des habitants ne possèdent pas la nationalité française à Mayotte, où la population au 1er janvier était estimée à 321.000 personnes par l’Institut national de la statistique (Insee).

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