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Mediator : une épine dans le pied de l’industrie pharmaceutique

octobre 26, 2015 10:00, Last Updated: octobre 26, 2015 9:43
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Le 22 octobre, la justice française a reconnu la responsabilité des laboratoires Servier dans l’affaire Mediator. Selon le tribunal de Nanterre, le laboratoire aurait dû retirer le médicament contenant du benfluorex du marché, connaissant les risques d’hypertension qu’il pouvait induire.

D’après certains experts, le Mediator serait responsable de plus de 2 100 décès. En 2009, le médicament a été retiré du marché, notamment grâce aux révélations de la pneumologue Irène Frachon. Depuis, le fondateur des laboratoires Servier fabricant du Mediator, Jacques Servier a été mis en examen pour homicide en 2012, mais est décédé avant l’aboutissement du procès. Le 22 octobre, la justice a reconnu la responsabilité des laboratoires, suite à la mort des patients victimes de problèmes cardiaques. Il s’agit d’une grande première en France pour les uns, qui n’est pas suffisante pour les autres, au regard des recours collectifs à l’étranger et du manque de transparence des industries françaises.

Le combat pour les indemnisations

C’est le tribunal de Nanterre, qui après avoir été saisi par deux malades, a estimé qu’entre 2003 et 2006, « l’état des connaissances scientifiques ne permettait pas d’ignorer les risques d’hypertension artérielle pulmonaire et de valvulopathies induits par le benfluorex ».

Les laboratoires Servier se sont tout de même réservés le droit de faire appel « par principe », tout comme une plaignante qui a jugé que son indemnisation était insuffisante. Plusieurs autres procès sont en cours pour le Mediator alors que le groupe Servier a déjà payé 14 millions d’euros de provisions distribués aux victimes par l’intermédiaire de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam).

Néanmoins la décision devra être validée par la Cour de cassation et de nombreuses victimes espèrent déjà qu’elle pourra débloquer la situation en France.

La force des class-actions

En 2004, la société Merck avait été mise en examen suite à un recours collectif multifédéral regroupant 50 000 demandeurs en Louisiane aux États-Unis. Le géant pharmaceutique avait finalement été contraint de débourser plus de 4,8 milliards de dollars pour les victimes, et presqu’un milliard d’amendes pour pratiques commerciales frauduleuses.

Dans ce cas, c’est notamment la pression exercée par les laboratoires dans la prescription de leurs médicaments qui a fait surface. Le principal accusé, le médicament Vioxx, avait causé plus de 38 000 décès et 160 000 patients malades. Ce médicament, également commercialisé en France, n’y avait fait l’objet que de quelques communiqués et seulement trois dossiers avaient été transmis pour être associés au recours collectif des États-Unis.

En France, les citoyens ont la possibilité d’utiliser le recours collectif depuis février 2012, dans le cadre d’actions de groupe d’associations de consommateurs. Pour le Mediator, le combat des victimes reste aujourd’hui individuel. Pour Irène Frachon, la décision du tribunal « n’est qu’une étape sur un long chemin pavé d’embûches », estimant dérisoires les compensations offertes par les laboratoires.

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