Michelin : le géant français du pneu va fermer son usine de La Roche-sur-Yon, plus de 600 salariés concernés

Par Epoch Times avec AFP
10 octobre 2019 11:23 Mis à jour: 10 octobre 2019 18:20

Le fabricant de pneumatiques Michelin a annoncé jeudi son intention de fermer « d’ici fin 2020 » son usine de La Roche-sur-Yon qui est menacée par les difficultés du marché et la concurrence des pneus asiatiques à bas coûts.

Le couperet est tombé : menacée depuis plusieurs semaines, l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, qui emploie 619 salariés, fermera d’« ici fin 2020 », a annoncé jeudi le géant français du pneu, une décision vivement contestée par les syndicats d’une entreprise jugée très rentable.

La décision de fermeture a été annoncée jeudi matin au personnel de l’usine, sur place, par des dirigeants de Michelin. Le ton est monté, certains salariés invectivant les responsables en criant « assassins », « menteurs » ou encore « escrocs ».

« On a joué le jeu pour garder nos emplois. On nous a demandé sans arrêt de changer nos horaires et on l’a fait (…). Et le remerciement, c’est qu’on est licencié », a lancé, amère, Sandrine, 42 ans, dans l’usine depuis 2008.

L’usine Michelin de La Roche sur Yon. (Photo : LOIC VENANCE / AFP)

Plan d’accompagnement pour les salariés

Touchée par les difficultés du marché et la concurrence des pneus asiatiques à bas coûts, la marque au Bibendum avait déjà annoncé il y a deux semaines la fermeture d’ici à 2021 de son usine de Bamberg (sud de l’Allemagne), qui emploie 858 salariés pour produire des pneus de voitures.

La direction va proposer « un plan d’accompagnement des salariés » de La Roche avec des mesures de préretraite et des dispositifs de mobilité interne et externe, selon un communiqué du groupe.

« Michelin donnera à chaque salarié concerné la possibilité de rester au sein de l’entreprise en France », promet le numéro deux mondial des pneumatiques, s’engageant en outre à lancer « un projet public-privé d’envergure pour donner un nouvel avenir au site » vendéen, qui fabrique des pneus poids lourds depuis 1971.

Répercussions sur les postes des employés

« Notre objectif, c’est que tous les salariés retrouvent rapidement un emploi », et de « vérifier que l’emploi retrouvé est de qualité« , au sein du groupe ou à l’extérieur, notamment sur « un territoire vendéen qui est très dynamique », a assuré une source proche de la direction.

Par ailleurs, 74 personnes travaillant à l’usine de Cholet (Maine-et-Loire) à la fabrication de « mélanges de gomme » pour La Roche-sur-Yon « sont concernées par le projet de fermeture ». « Au-delà des mesures de préretraite », chacune « se verra proposer un nouveau poste sur le site » de Cholet, a précisé le groupe.

La fermeture de l’usine vendéenne aura aussi des répercussions sur les postes de 13 salariés à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 2 à Vannes et 1 à Poitiers, mais tous pourront rester sur leur site sans modification de contrat de travail, a indiqué la direction des ressources humaines de Michelin France.

(Photo : LOIC VENANCE / AFP)

« Difficultés du marché des pneus »  et une « concurrence exacerbée »

« Pendant des années, nous avons essayé de maintenir le site, mais nous n’y arrivons pas, les conditions du marché ne le permettent plus », a fait valoir le président de Michelin, Florent Menegaux, dans un entretien au quotidien Ouest-France. « Le site est petit et, malgré les investissements que nous avons réalisés pour essayer de lui donner une taille critique, il n’est pas suffisamment performant en termes de coût de revient industriel », a-t-il argumenté.

En cause, les « difficultés du marché des pneus poids lourds haut de gamme, tant en Europe qu’à l’export » avec notamment un marché européen attendu sans croissance » et une « concurrence exacerbée ».

Un argument insuffisant pour le syndicat SUD Michelin, qui dénonce une « trahison ». Les salariés « ne sont pas responsables de la calamiteuse stratégie de marge et de prix (…) qui conduit à cette catastrophe sociale », a estimé le syndicat, appelant à une « grève illimitée » et à « un rendez-vous de toute urgence » avec le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Les salariés font la queue pour participer à une réunion d’information sur l’avenir du site, le 10 octobre 2019 à l’usine Michelin de La Roche sur Yon. (Photo : LOIC VENANCE / AFP)

« On sacrifie des emplois »

« On sacrifie des emplois » pour « un objectif de rentabilité financière à court terme », s’est indigné Jean-Christophe Laourde (CFE-CGC). Laurent Bador (CFDT) a de son côté exprimé un  « sentiment d’accablement et une immense tristesse pour les salariés ».

« Dès cet après-midi, nous allons demander des comptes au président de Michelin et exiger, au-delà même des obligations légales, qu’il prenne toutes les mesures pour assurer l’avenir des salariés vendéens et du site de La Roche-sur-Yon », ont annoncé Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée, et Christelle Morançais, qui lui a succédé à la tête des Pays de la Loire.

Ils dénoncent un « manque de respect des salariés, qui ont fait des efforts considérables pour améliorer la compétitivité de leur usine, et dont la proposition de lancer une étude pour redimensionner ou diversifier l’activité du site n’a même pas été entendue par la direction« .

De  son côté, la préfecture de Vendée a annoncé que « l’État veillera à ce que le groupe Michelin respecte toutes les obligations légales et réglementaires qui s’imposent à lui » et qu’il s’assurera que « Michelin respecte ses obligations en matière de revitalisation du territoire et quant au devenir du site de La Roche-sur-Yon ».

Le groupe employait quelque 110 000 salariés (équivalent temps plein) fin 2018, dont plus de 20 000 en France où l’entreprise possède une quinzaine d’implantations industrielles.

 

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