Malgré les menaces d’arrestation des autorités militaires, le 1er février 2022, à l’occasion de la « grève silencieuse » contre la junte, la majorité des citoyens birmans sont restés chez eux.
Après leur prise de pouvoir le 1er février 2021 et la détention des responsables de la Ligue nationale pour la démocratie au pouvoir, les militaires ont déclaré l’état d’urgence et mis en place un nouveau gouvernement, le Conseil d’administration de l’État (SAC), dont les membres ont été nommés par Tatmadaw (les forces armées).
Néanmoins, le régime de la junte a été immédiatement contesté par des citoyens inquiets qui ont engagé un mouvement de désobéissance civile et ont appelé au rétablissement du régime civil. Au cours de l’année écoulée, plus de 1 500 personnes ont été tuées et près de 12 000 arrêtées en raison de leur opposition à la junte.
Afin d’éviter d’être arrêtés lors d’une manifestation, les forces pro-démocratie ont organisé une « grève silencieuse » les 24 mars et 10 décembre 2021, en encourageant les habitants à ne pas sortir de chez eux. Pendant la grève, les villes étaient désertes pendant plusieurs heures et aucun piéton ou voiture ne circulait.
En procédant à l’arrestation de propriétaires de magasins ayant annoncé qu’ils baisseraient leurs rideaux de 10h à 16h le 1er février, le gouvernement militaire a tenté de dissuader les gens de se joindre à la « grève silencieuse » organisée cette année. Malgré leurs efforts, de millions de personnes ont choisi de ne pas sortir pendant la journée.
Des photos de la « grève silencieuse » relayées sur Twitter
Une rare grève éclair s’est tenue dans le centre urbain de Yangon quelques minutes avant la « grève silencieuse »
Même les habitants de la capitale Naypyidaw et d’autres villes où la présence militaire se fait lourdement sentir, sont restés chez eux.
Certains marchés ont été contraints de rester ouverts par crainte de sanctions, mais aucun client n’est venu :
Le mouvement de désobéissance civile a déclaré que la « grève silencieuse » a été un succès
Cette photo donne un aperçu des villes où la « grève silencieuse » a été organisée
Un chef de l’opposition a partagé une carte montrant l’étendue de la manifestation qui s’est tenue dans tout le pays :
Les réfugiés rohingyas au Bangladesh, qui ont été déplacés du Myanmar en raison d’opérations militaires, ont également pris part à la « grève silencieuse »
La Fondation des droits de l’homme de Monland a interrogé un habitant de la ville sur sa participation à la grève :
J’ai trouvé que les endroits qui habituellement sont très animés étaient silencieux aujourd’hui. J’ai vu des étrangers rejoindre les rassemblements pro-militaires le matin mais ils sont partis à présent. Très peu de voitures circulent sur les routes. La plupart des magasins sont fermés, certains dans la rue principale sont ouverts… J’ai l’impression que c’est le moyen le plus sûr d’exprimer son opposition au groupe responsable du coup d’État illégal.
Après la fin de la grève à 16 heures, les habitants ont commencé à applaudir bruyamment depuis chez eux, comme le rapporte Mizzima News
Des rassemblements pro-militaires se sont tenus pendant l’anniversaire du coup d’État et ont été autorisés par les autorités malgré la réglementation en vigueur contre les rassemblements de masse.
Le gouvernement militaire a décidé de prolonger l’état d’urgence pour six mois supplémentaires, ce qui reflète son incapacité à convaincre la majorité de la population d’accepter son autorité pour gouverner le pays. Cet éditorial de The Irrawaddy fait écho au sentiment de ceux qui continuent de rejeter le gouvernement militaire :
Il ne s’agit pas juste d’un mouvement pro-démocratie : le peuple est résolu à ce que l’ère des régimes dictatoriaux récurrents prenne fin une fois pour toutes ; ils savent que chaque jour passé sous la junte militaire est une journée en enfer.
Le peuple refuse de redevenir esclave de l’armée et n’abandonnera jamais.
Article écrit par Mong Palatino et traduit par Nicolas Carlier, publié avec l’aimable autorisation de Global Voices.
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