Les habitants du quartier Pissevin, à Nîmes, ont la sensation que la ville les abandonne à leur triste sort. Ils doivent non seulement subir les nombreuses fusillades qui mettent leurs vies en danger, mais de surcroît, la réduction de certains services publics. Après les transports, c’est l’accueil petite enfance qui est impacté.
Pissevin était, dans les années 1960, un quartier attractif avec ses tours équipées du chauffage central et ses espaces verts, rapportait Le Point en août dernier. Mais, depuis le début des années 1980 et au fils des années qui ont suivies, l’insécurité s’est accrue et ce qui était le « poumon » de Nîmes s’est dégradé, les commerçants ont notamment fermé leur rideau en raison des nombreux cambriolages et l’habitat s’est détérioré. Actuellement, le taux de pauvreté de cette « ZUP Sud », qui compte 15.000 habitants, avoisine les 70%. Et l’insécurité a atteint un degré tel – avec le décès tragique de Fayed, un enfant de 10 ans tué par balle le 21 août dernier, suivi de celui d’un jeune de 18 ans, également tué par balle deux jours plus tard – que la mairie a réduit certains services publics, ces deux morts ayant eu lieu dans le cadre de règlements de compte entre trafiquants de drogue.
Après les bus supprimés, au tour de l’accueil petite enfance d’être réduit
Situé à dix minutes du centre-ville de Nîmes en voiture, le quartier de Pissevin et ses habitants ont donc vu, il y a environ trois semaines, leur moyen de transport collectif disparaître. Des arrêts temporaires avaient néanmoins « été mis en place pour contourner cette zone », souligne BFMTV. Toutefois dans un communiqué, ainsi que le rapporte objectifgard.com ce 2 octobre, la préfecture du Gard a annoncé le retour du réseau Tango Bus dans ce quartier à compter de ce mercredi à 6 h 45, les conditions de cette reprise étant « désormais réunis », ont stipulé les services du préfet du Gard.
Cependant depuis ce lundi, c’est au tour des horaires de l’accueil petite enfance du quartier d’être réduits, toujours en raison de l’insécurité. Les crèches, les temps périscolaires et les centres aérés sont donc directement touchés, leurs temps d’accueil ayant été grignoté de 30 minutes le matin et le soir.
Les habitants se sentent abandonnés par la mairie
« Ça vient s’ajouter aux bus, ça vient s’ajouter à tout ! La fermeture de la médiathèque, les médecins qui menacent de fermer, de partir… » se désole au micro de BFMTV une habitante de ce quartier, mère de trois enfants. « Déjà qu’on se sentait isolés, on se sent encore plus isolés de tout : on est à l’écart de la ville de Nîmes alors qu’on est des citoyens comme tout le monde », ajoute-t-elle.
Alain Lorgeas, le président du comité de ce quartier, estime que Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes depuis 2001, est « à côté de la plaque parce qu’il a délaissé les quartiers ‘sensibles’ autour de la ville ». « On ne baisse pas le pantalon devant une trentaine de personnes ! Ce n’est pas intelligent de baisser les bras devant l’adversité », s’agace-t-il. Souhaitant exprimer leur mécontentement, les habitants du quartier avaient prévu de manifester ce lundi matin.
On ne peut pas « parler de rupture d’égalité »
De son côté, la mairie de Nîmes explique à nos confrères que « la priorité absolue doit être accordée à la sécurité des enfants et au personnel qui travaille dans ce quartier », et ce étant donné qu’« aucune amélioration de la situation sécuritaire du quartier ne se dessine ». « Nous allons donc réduire leur durée d’exposition aux risques extérieurs », ajoute la mairie, qui estime dans un communiqué que la sécurisation du quartier relève de la responsabilité de l’État.
« Toutes les personnes qui travaillent sur ces quartiers mettent quotidiennement leur vie en danger », renchérit sur la chaîne de télévision Franck Proust, le président de la communauté d’agglomération de Nîmes. Il considère en outre que cette limitation de certains services publics ne s’apparentait pas à une « rupture d’égalité ». « Depuis la mort du petit Fayed, c’est le syndrome de la balle perdue », indique-t-il, concluant : « C’est-à-dire qu’aussi bien les habitants que ceux qui travaillent sur ces quartiers, la problématique, c’est de se dire : ‘est-ce que ça peut pas m’arriver ?’ »
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