Une distinction sous condition pour celui qui a participé au sauvetage des œuvres de la cathédrale Notre-Dame de Paris durant l’incendie. L’inspecteur général des affaires culturelles, Antoine-Marie Préaut, a en effet affirmé son refus de recevoir l’Ordre du Mérite si les vitraux de Viollet-le-Duc sont finalement remplacés par des vitraux contemporains.
Durant l’incendie qui a dévoré la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019, Antoine-Marie Préaut a participé à l’évacuation et la mise à l’abri des œuvres de la cathédrale. Fervent défenseur des vitraux de Viollet-le-Duc – qui ont été « miraculeusement épargnés » par les flammes – il s’oppose à leur remplacement et va ainsi à l’encontre du projet décidé par l’archevêque de Paris et Emmanuel Macron. Il refuse toute distinction si ce projet n’est pas abandonné, comme il l’a expliqué sur son compte LinkedIn il y a environ une semaine.
« Ce mérite, c’est celui de tous ceux qui ont œuvré à la sauvegarde »
Après avoir découvert que son nom figurait « parmi ceux des professionnels distingués pour leur contribution à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris », l’ancien chef de service de la conservation régionale des monuments historiques a souligné sur LinkedIn : « Ce mérite, c’est celui de tous ceux qui ont œuvré à la sauvegarde et à la sécurisation de l’insigne monument, avant que ne soit venue l’heure de sa restauration. »
« Je forme le vœu d’un mérite qui ne soit pas celui du désaveu et recevrai cette décoration avec humilité et non sans allégresse lorsque l’incertitude qui pèse sur les vitraux épargnés de Notre-Dame aura été levée », a ajouté Antoine-Marie Préaut sur le réseau social.
Il a rappelé que, dans les jours et les semaines qui ont suivi l’incendie, des dizaines de professionnels ont « accepté de bouleverser leur quotidien et d’associer leurs connaissances tout autant que leurs compétences pour faire en sorte que Notre-Dame ne subisse pas d’autres pertes ou dommages que ceux causés par l’incendie », citant les architectes, conservateurs, techniciens, scientifiques, compagnons, entrepreneurs, agents de la Préfecture, du C2RMF, du LRMH, du Louvre, du Mobilier national, et enfin la DRAC.
« Identifier les moyens de garder et de transmettre »
Assurant que « cet engagement et cette détermination dans la sauvegarde de ce qui fait l’authenticité de l’édifice protégé » est « l’essence de l’action du service des monuments historiques sur l’ensemble du territoire national », Antoine Marie Préaut estime en outre que, chacun dans son rôle, doit « identifier les moyens de garder et de transmettre, tels des passeurs, le patrimoine dont nos prédécesseurs ou nos contemporains ont estimé que les qualités d’art et d’histoire rendent la préservation désirable ».
« Loin d’être immuables, les monuments historiques, témoins de l’excellence, sont un terreau fertile pour la création », a encore pointé Antoine-Marie Préaut dans son message, mentionnant que « l’architecture et l’art contemporain sont pour eux l’assurance d’une pérennité dès lors qu’ils s’ajoutent et non s’y substituent ».
De nombreux opposants au projet
Le 4 septembre dernier, le ministère de la Culture avait relancé le projet, l’objectif du président étant de remplacer les vitraux du XIXe siècle dans six des sept chapelles du bas-côté sud de la nef de Notre-Dame de Paris, Claire Tabouret ayant été choisie en décembre dernier pour réaliser les vitraux contemporains. De nombreux conservateurs, historiens et amateurs d’art, souhaitant préserver l’œuvre originale d’Eugène Viollet-le-Duc, ont depuis manifesté leur opposition. De même que la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture l’a également fait en juillet 2024.
Une pétition, demandant que la décision du chef de l’État soit abandonnée, a par ailleurs été lancée sur Change.org. Plus de 277.000 personnes l’ont signée à ce jour. L’association Sites et Monuments, qui en est le premier signataire par l’intermédiaire de son président Julien Lacaze, s’est dit prête à déposer un recours devant le tribunal administratif de Paris pour bloquer l’installation de ces vitraux contemporains, précise Le Figaro.
Également opposé au projet d’Emmanuel Macron, le présentateur Stéphane Bern l’a aussi ouvertement fait savoir en décembre dernier. Se demandant pourquoi l’État s’affranchit des règles qu’il impose aux autres, il avait fustigé : « C’est un souhait du président. Donc ce que le président veut, Dieu le veut, j’ai l’impression ! »
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