Un évènement d’ampleur international pour comprendre et anticiper les enjeux de cybersécurité au cœur de la défense de nos démocraties et de nos valeurs fondamentales, auquel Epoch Times a assisté. Placé sous le signe spécial du 80e anniversaire du Débarquement, le Paris Cyber Summit organisait les 4 et 5 juin au centre de la capitale, dans l’enceinte de la maison de la Chimie, sa sixième édition, avec la présence de personnalités et d’experts du numérique venus d’Europe et des Etats-Unis.
De la nécessité de sécuriser le cyberespace face aux ingérences
Représentants des Départements de la justice et de la défense américains, de l’Otan, d’Europol, de l’État-major français des armées, de la Commission européenne, du Parlement français, ou encore de Google… Cette grand-messe annuelle de la cybersécurité se voulait vectrice d’un symbole d’unité fort, marquant la poursuite de « l’internationalisation massive du sommet », selon les termes employés par Sébastien Garnault, son directeur général, et s’inscrivant dans la continuité de l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, lancé le 12 novembre 2018 lors du Forum de Paris sur la Paix.
Cette déclaration de haut niveau a d’ailleurs reçu, en 2021, le soutien des États-Unis et de la Commission européenne. Dans cet esprit, le souhait d’accentuer la coopération entre les deux continents autours des enjeux liés à la sécurisation et à la structuration du cyberespace a été souligné dès le discours d’ouverture du sommet, prononcé par Despina Spanou, cheffe de cabinet du vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas. Les cyberattaques sont aujourd’hui davantage utilisées que les tactiques employées dans le cadre de guerres conventionnelles, un phénomène amplifié par l’avènement de l’intelligence artificielle, qui pose à ce titre de nouvelles menaces sécuritaires, a-t-elle rappelé.
D’où l’importance de « faire front commun dans un partenariat équilibré », a enchainé durant le second discours d’introduction Daniel Le Coguic, président de l’Alliance pour la confiance numérique, organisation professionnelle chargée de la représentation institutionnelle des entreprises françaises dans les domaines de la cybersécurité, de l’identité numérique et de l’intelligence artificielle. Face à un « double bouleversement », l’explosion de la conflictualité géopolitique et la mutation accélérée de notre cadre technologique, face à cette « fracture insidieuse » observable entre pays démocratiques et régimes autocratiques, les discussions durant ce sommet international permettent de « créer un ciment pour parvenir à nous rejoindre sur l’essentiel » : la défense de nos valeurs communes, de la démocratie et des libertés, publiques et individuelles, a-t-il développé.
Avenir de la sécurité dans le cyberespace, résilience collective pour la cyberdéfense, impact, dangers et opportunités de l’intelligence artificielle, ou encore coopérations informationnelles… Ces deux journées ont été l’occasion de réunir d’éminents experts du cyber au travers de neuf panels de dialogue pour échanger, débattre et partager autour des sujets phares liés aux défis du numérique auxquels sont confrontés nos sociétés.
Thème récurrent de ces conversations, le besoin de favoriser un partenariat renforcé entre les secteurs privé et public : « Le Département de la défense a longtemps été le moteur du progrès technologique. Cela a changé. Désormais, c’est l’industrie qui est la force motrice de l’innovation technologique. C’est pourquoi nous devons examiner les modalités qui nous permettront de collaborer avec l’industrie de différentes façons », a notamment fait valoir Katherine Sutton, conseillère principale en technologie du directeur des opérations du US Cyber Command du Pentagone.
« Les Chinois préparent une guerre »
Un vœu également formulé par le sénateur français Olivier Cadic durant son discours d’ouverture de la seconde journée du Paris Cyber Summit, ponctué par des alertes sur la « guerre hybride » menée par la Chine : « Un partenariat fort entre les États-Unis et l’Union européenne, mais également avec les entreprises privées, doit s’opérer. À Washington, des représentants de Google m’ont confié que si la Russie est plus puissante que l’Ukraine, Google est plus puissant que la Russie sur internet ».
Estimant que « les Chinois préparent une guerre et sont déjà chez nous », le vice-président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a ainsi appelé à la création d’« une force de dissuasion cyber internationale pour détruire la cyber muraille de Chine » : « Les démocraties ont un plan à long terme : c’est d’empêcher les communistes chinois d’accomplir leur plan ».
À l’issue de ces deux journées chargées en échanges d’informations, aussi bien durant les panels de dialogue qu’entre chaque « networking break » soigneusement prévus, les participants au sommet ont fait état de leur satisfaction, à l’instar de Dara Murphy, directeur de la campagne électorale de 2019 du Parti populaire européen (PPE) et vice-président de Rasmussen Global, un cabinet de conseil en géopolitique et en stratégie.
« Cet évènement a été un succès car il a rassemblé ici d’importants acteurs des deux côtés de l’Atlantique. Il est particulièrement intéressant de noter le nombre d’Américains présents avec nous aujourd’hui. Souvent, vous voyez des industriels américains prendre part à ce genre d’évènements, puisqu’ils ont un intérêt direct à faire des affaires en Europe, de la même façon que les Européens en font aux États-Unis. Mais il y a également ici, par exemple, un représentant de la Maison-Blanche, qui travaille au sein du Bureau du directeur national du cyberespace. De notre côté, nous avons des représentants de la Commission européenne et des États membres de l’UE. En plus des entreprises privées dans le secteur cyber. C’est le type de réunion dont nous avons besoin, puisque la cyberdéfense est un sujet qui dépasse les frontières. Garder nos alliés près de nous et maintenir de fortes interactions avec eux est essentiel, car, à l’heure où la cybersécurité est devenue une priorité absolue, nous ne pouvons nous diviser, au risque d’être sérieusement affaiblis », nous confie Dara Murphy.
« Une enceinte de confiance pour les décideurs publics et privés »
Interrogé, Sébastien Garnault dresse lui aussi un bilan très positif de cette sixième édition du Paris Cyber Summit : « On a pu adresser les différents sujets autour du cyber entre Européens et avec nos alliés américains, et se dire les choses de manière assez directe, mais toujours très courtoise. » Par ailleurs, celui-ci met en avant l’utilité de « faire de la compréhension mutuelle » entre Européens grâce à ce sommet « pour construire concrètement l’Europe », rappelant que des plus petits pays, comme l’Estonie ou la Lettonie, ont le même poids au Conseil de l’Europe que des plus grands pays, comme la France. Apprendre à se connaitre, explique-t-il, permet de construire la souveraineté européenne en réduisant la dépendance de ces États à des puissances extérieures et en créant, à la place, une interdépendance entre pays du Vieux continent.
Et pourquoi Paris ? « Car il y avait l’appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, dont je suis l’un des premiers signataires, et parce que je reste français, même si notre approche est internationale. Par son histoire, la France porte une vision du monde qui se reflète dans notre architecture. En faisant venir tous ces acteurs à Paris, ils sont immergés dans cette ambiance française, ce qui nous permet de leur partager notre conception des choses et de faire rayonner notre pays. Mais ce sommet demeure un évènement organisé à Paris, et non pas pour Paris. Notre objectif, c’est de créer les conditions de la rencontre pour les décideurs publics et privés dans une enceinte de confiance ».
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