Par Derek M. GRIFFITH
Si vous deviez choisir, lequel préféreriez-vous avoir : un père en bonne santé ou un bon père ?
Les études suggèrent que les hommes choisissent souvent d’être un bon père plutôt que d’être en bonne santé.
Devenir père est une étape importante dans la vie d’un homme, qui change souvent sa façon de penser, cette dernière passant d’une « orientation centrée sur le moi » à un « une orientation centrée sur le nous ». Mais la paternité peut aussi modifier la façon dont les hommes perçoivent leur santé. Nos recherches ont révélé que les pères peuvent voir la santé non pas en termes d’aller chez le médecin ou de manger des légumes, mais en termes de la façon dont ils occupent un emploi, subviennent aux besoins de leur famille, protègent et enseignent leurs enfants et appartiennent à une communauté ou à un réseau social.
Nous sommes l’un des fondateurs et directeurs du Center for Research on Men’s Health (Centre de recherche pour la santé des hommes) de l’Université Vanderbilt et un boursier postdoctoral de l’université Meharry Medical College. Nous étudions les raisons pour lesquelles les hommes vivent moins longtemps que les femmes, les attitudes des hommes à l’égard de la paternité et la façon d’aider les hommes à adopter des comportements plus sains, ainsi que ce qui peut être fait pour réduire les risques de diabète de type 2 et de maladie cardiaque chez les hommes.
Travail et santé
En travaillant avec les hommes pour les inciter à être plus actifs physiquement, à manger plus sainement et à maintenir un poids santé, nous avons constaté que, pour plusieurs, leur propre santé physique et mentale ne figure pas en tête de leurs priorités. Nous avons trouvé que les hommes traitent leur corps comme des outils pour faire un travail. La santé n’est pas toujours importante ou quelque chose à laquelle ils accordent beaucoup d’attention jusqu’à ce qu’une mauvaise santé les empêche d’aller travailler ou de faire quelque chose d’important pour eux. Ces rôles et responsabilités sont souvent la façon dont ils se définissent en tant qu’hommes tout en étant aussi la manière dont leur entourage va évaluer leur valeur.
Nous avons constaté que beaucoup d’hommes croient qu’ils sont souvent considérés comme bons ou comme ayant réussi s’ils ont un emploi rémunéré suffisant pour s’occuper de leurs enfants et assumer d’autres responsabilités. Les pères aspirent généralement à pouvoir s’occuper de leurs enfants, de leur conjoint et de leurs proches. Cela peut signifier moins de sommeil, de longues heures de travail et moins de temps libre pour les passe-temps et l’exercice.
Vouloir être un bon père peut motiver les hommes à se pousser à travailler plus longtemps et plus fort qu’ils ne l’auraient cru possible, mais ces choix peuvent avoir un coût, surtout s’ils ne prennent pas le temps de prendre soin d’eux-mêmes.
Nous avons constaté des signes de désespoir, comme des symptômes dépressifs, des pensées suicidaires, une consommation excessive d’alcool et de marijuana, chez des adultes dans la vingtaine et la trentaine. Ces comportements ont tendance à être plus élevés chez les hommes pendant la période où ils ont tendance à devenir pères pour la première fois. Conformément à cette tendance, les blessures non intentionnelles et le suicide sont les principales causes de décès des hommes à travers tous les groupes raciaux et ethniques dans la vingtaine et la trentaine. Ce n’est pas le cas pour les femmes.
À 45 ans, les maladies cardiaques et le cancer sont les principales causes de décès chez tous les groupes d’hommes. Ces maladies chroniques peuvent être évitées, dans une certaine mesure, en ne fumant pas, en mangeant des aliments plus sains et en buvant moins d’alcool. De plus, améliorer le sommeil, s’asseoir moins souvent et bouger davantage sont des comportements importants pour une bonne santé.
Plutôt que d’essayer de reprendre ces comportements après une pause de plusieurs années, des études ont montré qu’il est important d’aider les hommes à conserver des comportements sains dans leur vie en vieillissant.
Au fur et à mesure que les hommes vieillissent, ils peuvent ne pas choisir délibérément d’adopter des comportements moins sains, mais ils peuvent le faire parce que leur vie et leur environnement rendent les choix malsains plus faciles que les choix sains. Les décideurs politiques doivent réfléchir aux moyens de faciliter les choix sains dans la vie quotidienne des hommes et d’intégrer la santé dans le temps que les pères passent avec leurs enfants et leur famille ou au travail.
Les hommes veulent tous être en bonne santé et avoir une influence positive sur leurs enfants et leur famille, mais où trouver du temps pour leur propre santé mentale et physique s’inscrit-il dans la vie occupée et stressante d’un père ? Nous avons constaté que ce sera différent pour chaque père, mais les êtres chers doivent les aider à trouver un moyen. D’après notre recherche, nous croyons que les familles, en particulier les femmes dans la vie des hommes, peuvent jouer un rôle important en encourageant les pères à manger plus sainement et à prendre mieux soin de leur santé.
Les épouses, en particulier, apportent souvent un soutien émotionnel, donnent des conseils, aident les hommes à se rendre chez le médecin et encouragent un comportement sain.
Les épouses, les filles et les autres femmes dans la vie des pères sont d’importantes sources d’information sur la santé des hommes et elles jouent souvent un rôle clé pour aider les pères et les autres hommes à mieux comprendre le stress et à mieux le gérer.
Alors que nous célébrons la Fête des pères, il est important de reconnaître que d’une manière générale, les pères ne placent pas la santé au premier rang de leurs priorités. Beaucoup de pères se sacrifient volontiers pour voir leurs enfants heureux, en sécurité et prospères. Le problème est que si les pères ne pensent qu’à ces objectifs, leur propre santé peut souvent en souffrir.
Derek M. Griffith est professeur de Médecine, santé, société et est fondateur et directeur de Center for Research on Men’s Health de l’Université Vanderbilt – Nashville, Tennessee, États-Unis. Elizabeth C. Stewart est boursière postdoctorale à l’Université Vanderbilt. Cet article a été publié pour la première fois dans The Conversation.
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