Pesticides : la pollution des eaux en France « très sous-estimée » faute de surveillance

Par Epoch Times avec AFP
15 octobre 2024 14:30 Mis à jour: 15 octobre 2024 14:43

La pollution des eaux en France est « très sous-estimée » car des dizaines de métabolites de pesticides, molécules issues de leur dégradation et potentiellement toxiques, ne font l’objet d’aucune surveillance, dénonce un rapport publié mardi par l’ONG Générations Futures.

« De nombreux métabolites de pesticides officiellement à risque de dépasser la norme pour l’eau potable n’ont fait l’objet d’aucun suivi dans les eaux souterraines ou l’eau potable ces dernières années », alerte l’association de défense de l’environnement.

L’ONG affirme avoir identifié 56 métabolites de pesticides n’ayant fait l’objet d’aucun suivi alors qu’ils risquent de contaminer les eaux souterraines à des concentrations supérieures à 0,1 μg/l, soit la limite réglementaire, selon leur analyse de travaux de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

Les métabolites sont des molécules issues de la dégradation de substances chimiques, telles que les pesticides, qui peuvent se retrouver ensuite dans les sols, les eaux de surface et les eaux souterraines, avant de contaminer les zones de captage d’eau potable.

« 12 métabolites particulièrement à risque »

« Parmi ces 56 métabolites non suivis, nous avons identifié 12 métabolites particulièrement à risque », affirme l’association, dont l’acide trifluoroacétique (TFA), une molécule très persistante déjà dans le viseur du Réseau européen d’action sur les pesticides (PAN Europe).

Le TFA est issu de la dégradation de certains « polluants éternels », les PFAS, qui sont des substances présentes dans des pesticides, des gaz réfrigérants, des revêtements anti-adhésif de poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques, et particulièrement dans les rejets des usines qui les produisent.

Le conservateur des forêts Joseph Garrigue (à droite) vérifie un appareil de collecte d’eau avec sa successeur Diane Sorel dans la réserve naturelle de la forêt de la Massane, dans le département des Pyrénées-Orientales, dans le sud de la France, le 12 janvier 2024. Le défenseur de la nature demande « l’arrêt immédiat » de l’utilisation des pesticides qui, selon lui, polluent jusqu’à la forêt vierge classée par l’Unesco à l’est de la chaîne des Pyrénées. (Photo ED JONES/AFP via Getty Images)

« Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer les risques de contamination des eaux souterraines par le TFA », alerte l’ONG, arguant de la proposition d’une agence sanitaire allemande de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.

Un effet cocktail dans l’eau

« Les conséquences d’une exposition chronique aux métabolites de pesticides présents dans l’eau potable sont largement inconnues », rappelle Générations Futures, qui dénonce régulièrement un déficit d’études sur la toxicité de ces molécules.

Même si les information manquent pour déterminer avec certitude les niveaux de concentrations sans risque, les associations antipesticides rappellent que les molécules se cumulent dans l’eau et peuvent avoir un « effet cocktail ».

« Une menace majeure pour la ressource en eau potable »

« Générations Futures demande la mise en place rapide d’un plan d’action pour améliorer la surveillance des métabolites et relancer une politique ambitieuse de diminution de l’usage des pesticides en France », prévue par le plan Ecophyto du gouvernement, très décrié par les écologistes.

Fin 2023, une commission d’enquête avertissait qu’en France, « sur au moins un tiers du territoire national, les pesticides et leurs métabolites constituent une menace majeure pour la ressource en eau potable ».

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