Dans toutes les discussions sur la « transition » vers une économie à « zéro émission nette », on oublie trop souvent que la transition la plus conséquente est celle du capitalisme libéral au servage féodal.
C’est la conclusion du démographe américain et « démocrate en col bleu » Joel Kotkin, qui a mis en évidence que les politiques soi-disant « vertes » adoptées dans tout l’Occident sont effectuées au détriment des classes ouvrières et moyennes.
Comme l’a écrit Kotkin dans le magazine en ligne britannique Spiked au début de cette année, « les mesures climatiques extrêmes ont entraîné la perte d’emplois traditionnels de cols bleus [travailleurs manuels] dans les secteurs de la fabrication, de la construction et de l’énergie, tandis que d’autres réglementations environnementales ont fait grimper le prix du logement ».
La thèse de Kotkin est que l’Occident est sur la voie du servage. Plutôt que de maintenir nos sociétés capitalistes libérales où une nombreuse classe moyenne soutient un système démocratique stable, nous devenons des sociétés féodales stratifiées.
Le nombre de propriétaires de logements et de petites entreprises est en baisse, en particulier chez les jeunes et les moins nantis, tandis qu’un groupe de technocrates s’établit dans l’appareil gouvernemental en tant que dirigeants permanents et les oligarques des entreprises en viennent à dominer l’économie et la société en général.
Une telle transition est en cours depuis un certain temps, elle a été accélérée par les confinements liés au Covid-19 et par le zèle avec lequel les gouvernements occidentaux ont adopté, sans trop réfléchir, leurs objectifs de « zéro émission nette ».
Dans les deux cas, il s’agit d’une forme agressive de dépouillement à la Robin des Bois inversé : on dépouille les pauvres pour donner aux riches.
De nombreux pays se sont officiellement engagés à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, mais la plupart de leurs habitants ne savent pas comment le gouvernement compte réaliser cette nouvelle ambition, bien qu’ils aient souvent entendu le slogan « la technologie, pas les taxes ».
En revanche, le Trésor britannique a récemment publié un rapport intitulé Net Zero Review qui donne des détails sur la manière dont le gouvernement compte atteindre cet objectif.
Le rapport contient un aveu étonnamment honnête de la part de la bureaucratie : « Les coûts et les avantages de la transition vers une économie zéro émission nette seront en fin de compte répercutés sur les ménages par le biais d’une série de moyens différents. »
Le rapport comprend également un graphique bien révélateur et utile qui montre que, indépendamment de la politique ou du mécanisme spécifique, les coûts de l’économie zéro émission nette retomberont toujours sur les ménages, c’est-à-dire sur les mères, les pères et les travailleurs ordinaires.
Ce constat, évident pour beaucoup de personnes, est trop souvent occulté.
Le slogan « la technologie, pas les taxes » n’est pas seulement dénué de sens, il est également trompeur. La multiplication de programmes financés par le contribuable entraîne une augmentation des impôts. Subventionner certains types d’énergie, les voitures électriques ou les panneaux solaires – c’est augmenter les impôts. Exiger des entreprises qu’elles adoptent des technologies qu’elles n’adopteraient pas autrement signifie des prix plus élevés et moins de choix – en fait, un impôt furtif.
Le rapport note également que « les ménages aux revenus les plus élevés émettent environ trois fois plus de carbone que les ménages aux revenus les plus faibles ».
Pourtant, malgré tous ses appels à ce que les gens ayant de plus hauts revenus « paient leur juste part d’impôts », la gauche politique ne semble pas leur demander de réduire leur part d’émissions.
En fait, trop souvent, « agir sur le changement climatique » signifie simplement supprimer les emplois, les voitures, l’électricité, la nourriture et les loisirs pour les ménages aux revenus les plus faibles.
Le journal britannique The Telegraph, qui rend compte du plan du gouvernement d’atteindre le niveau zéro émission nette, a noté que les prêteurs de crédit pourraient être contraints de se conformer aux objectifs de l’efficacité énergétique avant d’accorder des prêts immobiliers.
« Cela pourrait signifier des prêts hypothécaires plus chers pour les logements qui ont de mauvaises performances [climatiques], afin d’encourager l’adoption de mesures telles que l’isolation des murs ou du toit », indique l’article du journal. « Cependant, le gouvernement n’a pas prévu de moyens supplémentaires pour aider les propriétaires à prendre des mesures d’efficacité énergétique. »
Traduction plus claire : pour atteindre le niveau zéro émission nette, il faudra probablement mettre les prêts hypothécaires hors de portée des familles de la classe ouvrière, à moins qu’elles ne « modernisent » leurs logements pour les rendre moins gourmands en carbone. Et le gouvernement n’a pas l’intention d’apporter un quelconque soutien pour de telles améliorations.
C’est le type de politique qui sera finalement effectué dans beaucoup d’autres pays. De nombreuses maisons et appartements anciens sont mal isolés et demandent, dans la tête des zélateurs du climat, trop de chauffage en hiver et trop de climatisation en été, ce qui augmente leur empreinte carbone.
Le résultat sera bien pernicieux. Les ménages les plus pauvres devront choisir entre payer encore plus pour l’acquisition de leur propre logement ou être condamnés à la classe des locataires.
En Australie, certains membres de la gauche politique ont indiqué que les efforts de réduction des émissions ont jusqu’à présent consisté principalement en pots-de-vin versés aux agriculteurs afin qu’ils ne développent pas leurs terres. Pourtant, pour arriver à l’objectif de zéro émission nette, il faudra prendre des mesures beaucoup plus importantes.
C’est vrai. Et la Grande-Bretagne montre exactement ce que cela signifie.
L’accession à la propriété immobilière sera possible qu’à ceux qui pourront s’offrir certains types de technologie. La possession d’une voiture ne sera accessible qu’à ceux qui pourront s’offrir des véhicules électriques coûteux. L’électricité deviendra plus chère et le gaz naturel pourrait être interdit.
Comme l’a récemment expliqué Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, le groupe automobile multinational créé en 2021, cela changera fondamentalement l’Occident.
« Je ne peux pas imaginer une société démocratique où il n’y a pas de liberté de mobilité, parce qu’elle sera disponible seulement aux riches [qui posséderont des voitures] tandis que tous les autres utiliseront les transports publics », a-t-il précisé.
Les prédictions de Joel Kotkin se réalisent aujourd’hui en temps réel. M. Kotkin fait partie des quelques gauchistes désillusionnés qui se rendent compte que lorsque les plus grandes sociétés, les banques, les financiers et les entreprises technologiques s’accordent avec les gouvernements sur une politique que les électeurs n’ont jamais approuvée, cela ne peut pas être bon ni pour les travailleurs ni pour la démocratie.
Cian Hussey est chercheur associé à l’Institute of Public Affairs de Melbourne, en Australie. Ses recherches portent sur l’impact de la bureaucratie sur les petites entreprises et l’économie en général.
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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