L’usine chimique Arkema, près de Lyon, sous le coup de plusieurs plaintes liées aux « polluants éternels » PFAS, a adressé un courrier aux utilisateurs de son jardin partagé leur recommandant de ne pas consommer les fruits et légumes, a indiqué vendredi l’entreprise.
L’usine Arkema de Pierre-Bénite, dans la « vallée de la chimie » au sud de Lyon, « a pris la décision de recommander de ne pas consommer les fruits et légumes issus des jardins potagers qu’elle possède, situés à proximité immédiate du site », a expliqué à l’AFP le service communication de l’entreprise.
Ce dernier a confirmé une information de France 3 selon laquelle l’entreprise avait adressé un courrier en ce sens aux quelque soixante locataires du jardin potager, mais a refusé de le publier.
Une analyse en cours de résultat
Selon l’entreprise, cette recommandation fait suite à des « résultats préliminaires d’analyses effectuées fin 2022 » qui doivent encore faire l’objet de « résultats définitifs de l’évaluation des risques potentiels ».
Cette étude, lancée à la suite à un arrêté préfectoral du 14 juin et disponible sur le site de la Direction régionale de l’environnement (Dreal), n’a relevé qu’un seul dépassement: il concerne un taux de PFNA (un des polluants PFAS) « jusqu’à 25 fois la valeur repère sur les carottes » aux abords immédiats de la plate-forme industrielle.
Cependant, la préfecture précise que ces résultats sont tout à fait préliminaires et « même primaires » et estime prématurée la décision d’Arkema de recommander de ne plus consommer les fruits et légumes. « Cette décision s’appuie sur des résultats non valables scientifiquement », indique la préfecture, car ils doivent encore être vérifiés par une contre-expertise de la part des services de l’État, comme le prescrivait l’arrêté qui a ordonné les analyses.
« Les représentants du groupe Arkema ont été reçus récemment en préfecture pour leur rappeler leur obligation de respecter la feuille de route définie par arrêté préfectoral », avertit la préfecture.
Une demande de sanctions contre l’industriel
L’usine Arkema de Pierre-Bénite est par ailleurs visée par un référé pénal environnemental, déposé en mai par une quarantaine d’associations et personnes physiques qui exigent des sanctions contre l’industriel et une étude des risques sanitaires liés aux PFAS.
Certains plaignants disent souffrir de « perturbations endocriniennes » et d’un « cancer des testicules chez un enfant de moins de deux ans », des maladies potentiellement liées au PFAS, selon leur avocate.
Arkema avait assuré lors de l’annonce de cette plainte collective que « le site de Pierre-Bénite respecte toutes les réglementations quant à ses rejets industriels et est régulièrement contrôlé par les autorités ».
Un arrêté préfectoral de 2022 a enjoint Arkema l’arrêt de l’utilisation de PFAS à fin 2024. L’industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ces rejets, mais les plaignants demandent que l’eau soit aussi traitée avant son utilisation.
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