Polynésie : « Aucun risque lié à la radioactivité » selon la sûreté nucléaire, une enquête soutient le contraire

Par Epoch Times avec AFP
3 décembre 2021 04:40 Mis à jour: 3 décembre 2021 18:46

Vingt-cinq ans après la fin des essais nucléaires dans l’archipel des Tuamotu, le délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection, François Bugaut, a affirmé à l’AFP qu’ « il n’y a aucun risque lié à la radioactivité en Polynésie ».

Le livre-enquête Toxique, paru en mars, soutenait le contraire, estimant notamment que l’armée et la France avaient minoré les retombées atmosphériques après les essais nucléaires et les doses reçues par les Polynésiens.

« Ce qui a été écrit est faux », a déclaré M. Bugaut, lors d’un déplacement à Papeete et sur les atolls de Moruroa et Hao cette semaine, indiquant qu’un autre ouvrage, présentant des données scientifiques « accessibles à tous », serait publié dans les prochains mois.

Indignation des Polynésiens

Les informations divulguées dans Toxique, une enquête du média d’investigation en ligne Disclose, avaient suscité une vague d’indignation en Polynésie. Une délégation menée par le président polynésien Édouard Fritch avait demandé, en juillet dernier, des explications et des engagements aux ministères de la défense, de la santé et des Outre-mer, ainsi qu’au président.

Une dépollution des sites au programme selon l’État

Fin juillet à Papeete, Emmanuel Macron s’était engagé à l’ouverture des archives sur le nucléaire, à la dépollution des sites et à une meilleure indemnisation des victimes.

La Commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentations nucléaires du Pacifique a présenté, mardi 30 novembre, à Papeete, un bilan de la surveillance de la radioactivité en Polynésie. Elle est jugée « très faible », à partir de prélèvements effectués dans l’air, les eaux, les sols et les denrées alimentaires.

La commission a également jugé « extrêmement peu probable » le risque de glissement d’une loupe (énorme masse, ndlr) de calcaires à Moruroa, qui provoquerait une vague importante et une inondation de la zone de vie de cet atoll, où résident trois techniciens civils et 27 militaires. Le système de surveillance géomécanique Telsite 2 permettrait, selon le rapport, d’annoncer ce glissement « plusieurs semaines à l’avance ».

La volonté de transparence qui ne convainc pas

Pour démontrer sa volonté de transparence, la Commission avait convié mercredi 1er décembre à Moruroa la presse locale et la militante anti-nucléaire Léna Normand, vice-présidente de l’association 193. Mais la visite de l’ « atoll du grand secret » n’a pas rassuré Mme Normand. « Ils disent que tout est propre et maîtrisé mais pas du tout, ils ne savent pas répondre à mes questions, même les plus simples », a-t-elle déclaré à l’AFP. « Ils disent qu’il n’y a aucun risque mais ne mangent pas les poissons par principe de précaution : il y a beaucoup d’incohérences ».

Sur les 31 premiers cartons d’archives consultés depuis les engagements du chef de l’État, « seuls 2% des documents sont totalement inaccessibles, parce qu’ils contiennent des informations proliférantes, qui permettraient par exemple à un État voyou de développer la bombe », a expliqué Patrick Latron, directeur de cabinet de la ministre chargée de la Mémoire Geneviève Darrieussecq. Les autres documents, jusqu’ici classés secret-défense, vont pouvoir être consultés par les historiens. Mais seuls 3% des cent mètres linéaires de cartons d’archives sur les expérimentations nucléaires dans le Pacifique ont pour le moment été ouverts.


Rejoignez Epoch Times sur Telegram
? t.me/Epochtimesfrance

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.