Pour une éducation sans violence

Par Epoch Times
20 mars 2017 21:45 Mis à jour: 30 avril 2021 07:00

Aussi longtemps qu’il y aura des enfants, il y aura des parents qui s’interrogeront sur l’éducation  à transmettre. Ainsi, nos sociétés ont traversé toutes sortes de modes, d’influences et d’habitudes.

Certaines générations ont reçu une éducation religieuse stricte. D’autres ont vécu le plein pouvoir des parents et en particulier celui du pater familias ou du précepteur. D’autres encore auront reçu une éducation imprégnée de violence, ou totalement laxiste générant des «enfants rois».

Bref, les parents se retrouvent face à un répertoire de possibilités et à un champ d’action, somme toute, relativement restreint. Au cours de leurs premières années, les enfants se développent «à tâtons». Les bébés se trouvent propulsés dans des mondes inconnus, bruyants, peuplés de toutes sortes d’odeurs, chauds ou froids, humides ou secs, ballottés dans des bras costauds ou pas, nerveux ou calmes, fragiles ou sûrs, agissant comme si ces nouveau-nés n’étaient qu’une continuité d’eux-même. Les adultes interprètent ces changements d’espaces comme une évidence à laquelle l’enfant doit s’habituer.

En cas d’opposition à l’éducation dispensée, des châtiments corporels étaient administrés: coups de bâton, coups de fouet, coups de ceinturon, et des punitions telles que la fessée dont on entend encore trop souvent chanter les louanges: «Une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne !» et pourtant…

L’avis de certains spécialistes comme les pédiatres, les pédopsychiatres, les psychologues, les thérapeutes, les enseignants, ont apporté un éclairage différent.

Bien évidemment, on peut citer Janusz Korczak, auteur de Comment aimer un enfant, Françoise Dolto, auteure de La cause des enfants et d’autres qui ont été les précurseurs en matière d’éducation sans douleur, sans «dressage». Il ont mis l’accent sur le fait d’élever un enfant au rang d’humain à part entière, et par conséquent, doué d’intelligence, d’individualité, susceptible de souffrir autant que l’adulte.

Jadis, un enfant sévèrement châtié était considéré comme un enfant bien éduqué et les parents étaient félicités de ce servage «bienveillant» (selon le vieil adage: «qui aime bien, châtie bien» particulièrement au cours de leurs premières années).

A cette époque, la communication et l’argumentation étaient vues comme une perte de temps.  Il en ressortait un manque de considération et une indifférence au bien-être de l’enfant.

Souvent, les parents ont du mal à appréhender les capacités de leur enfant en fonction de leur âge. Ils peuvent alors avoir envers l’enfant des exigences que celui-ci est incapable de satisfaire.

Une étude réalisée à partir des expériences paternelles a révélé que certains pères infligeaient à leur enfant des punitions corporelles dès l’âge de trois mois, dans le but d’améliorer leurs comportements.

Les punitions corporelles dans l’Histoire

Très peu de textes font état des méthodes utilisées afin de régler les conflits parents-enfants. Cependant, certains auteurs ont le mérite de nous éclairer sur ce tabou ancestral. La Bible reste la plus explicite sur la façon d’élever les enfants.

Dans l’antiquité, l’Ancien Testament de la Bible, écrit en hébreu, araméen et grec, donne beaucoup d’indications sur la façon dont on conseillait alors de traiter les enfants: «Un fils rebelle et révolté sera emmené à la porte de la ville où les hommes de la ville le lapideront jusqu’à la mort».

Bien que certains proverbes indiquent: «Ne t’emporte pas jusqu’à le faire mourir»; «Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort».

D’autres proverbes, peu enclins à la compassion, sont plus décisifs: «Qui épargne le bâton n’aime pas son fils, mais qui l’aime se hâte de le châtier».

Parallèlement, nous pourrons lire: «Un reproche fait plus d’effet à un homme intelligent que cent coups à un sot !».

Enfin dans l’Ecclésiastique, écrit vers 180 av. J.-C., on affirme: «Celui qui aime son fils lui donne souvent le fouet afin de pouvoir trouver sa joie en lui»; «Meurtris ses reins tant qu’il est enfant, sinon, devenu rétif, il ne t’obéira plus».

On voit donc se succéder des injonctions, parfois contradictoires mais le plus souvent, très violentes.

Dans le Nouveau Testament, Jésus y apparaît comme un révolutionnaire non violent. Il semble porter un regard attendri sur les enfants: «Laissez venir à moi les petits enfants» et «Si vous ne retournez à l’état des enfants, vous ne pourrez entrer dans le Royaume des Cieux».

Saint Paul va jusqu’à demander la réciprocité des devoirs dans la relation parents-enfants: «Enfants, obéissez en tout à vos parents, voilà ce que le Seigneur attend de vous. Parents, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent».

C’est au IVe siècle, avec Saint Augustin, philosophe chrétien, que la croyance au péché originel associée aux règles de l’Ancien Testament, a servi à justifier les châtiments corporels. Le père de famille n’est pas un éducateur. Il soumet ses enfants, ainsi que sa femme et ses serviteurs.

Sous l’empire grec, l’enfant pouvait être «maudit», exclu pour ses fautes mais il pouvait se racheter par un sacrifice.

Sous l’empire romain, le pater familias avait droit de vie et de mort sur son fils sans fournir la moindre justification. L’emploi de verges, l’emprisonnement, l’envoi aux travaux forcés, voire la vente en tant qu’esclave étaient pratiqués.

À la Renaissance, l’obéissance est observée par l’Église et l’État. La sévérité est de rigueur dans les collèges où le fouet est le recours le plus fréquent pour les moins de 20 ans.

Du XVe au XVIIIe siècle, époque de l’Inquisition, les enfants mineurs n’étaient pas épargnés par la peine de mort ou le bûcher.

Il semblerait ainsi que plus les sociétés se maintiennent par la violence, plus les punitions corporelles sont fortes et pratiquées à tous les niveaux: familial, scolaire, étatique.

A la fin du XVIIIe siècle, sous l’influence des philosophies des Lumières, se crée, à Paris, la première association de protection de l’enfance. En 1889, la première loi dénonce les cas de maltraitance. En 1898, la loi accorde aux juges le soin de confier la garde d’un enfant à l’Assistance publique dans le cas de crime parental commis sur cet enfant.

Selon le site nifesseesnitapes.org, «les attitudes vont à nouveau s’inverser, en Allemagne et en Autriche d’abord, à la fin du XIXe siècle où la fameuse ‘Pédagogie Noire’ va s’instaurer autour des écrits du Docteur Daniel Paul Schreber. Ce médecin orthopédiste a battu très tôt ses fils, s’en vante et écrit des livres pour apprendre à ses concitoyens comment dresser très rapidement les enfants pour qu’on puisse ensuite ‘les diriger d’un seul regard’. Son fils aîné est devenu fou, l’autre s’est suicidé, mais le livre du père a fait carrière. Un de ses émules, le capitaine Nemeczek, demanda même la réintroduction des châtiments corporels dans l’armée autrichienne. Alice Miller a très bien montré, dans son livre C’est pour ton bien comment cette triste pédagogie a pu constituer l’une des racines du nazisme».

En 1941, en France, le Manuel du Père de Famille du Vice-amiral de Penfentanyo, préfacé par le Maréchal Pétain, donnait les conseils suivants: «Si vous vous laissez apitoyer… dès la première nuit vous êtes perdu… ne jamais céder au moindre caprice».

De nos jours

Riche de tout cet héritage, il semblerait que les mœurs aient changé sans que l’on soit totalement à l’abri de toute forme de violence.

Les périodes de guerre ont laissé la place à des périodes de crise économique, et il apparaît, selon les statistiques, que la violence touche plus spécifiquement des populations en difficulté malgré les efforts de nos sociétés pour éviter l’isolement ou la décadence. Mais souvent, la violence demeure avant tout une affaire d’ignorance.

Dans le domaine de l’éducation, il arrive que nous passions de la culpabilité à l’irresponsabilité. Souvent, le choix donne naissance au doute.

Lors des conflits, certains parents auraient tendance à réagir en faisant preuve d’autoritarisme plutôt que d’autorité. La fermeté et les explications  font place aux réactions violentes et radicales, compromettant l’avenir, les rapports humains et le psychisme de l’enfant.

La maltraitance a ainsi des conséquences graves sur la santé physiologique et psychique.

Si l’enfant devient un exutoire, permettant de se défouler, il intégrera alors ce processus en se défoulant sur plus faible que lui.

Par ailleurs, des recherches démontrent que si les châtiments corporels amènent un enfant à obéir séance tenante, ils provoqueront de graves troubles du caractère et du comportement (dépression, suicide, toxicomanie).

Hitler, Staline, Mao et d’autres tyrans ont appris très tôt à glorifier la cruauté et la violence, à justifier les massacres qu’ils organisaient. L’ethnologue Ashley Montagu a conclu:

«Fesser un bébé, c’est semer la graine de la guerre».

En novembre 2009, la députée et pédiatre Edwige Antier a expliqué: «Plus on lève la main, plus l’enfant devient violent». «En frappant un enfant, vous lui démontrez que c’est le plus fort qui l’emporte, vous valorisez l’usage de la violence pour obtenir ce que l’on souhaite.»

Déjà, en 1979, la loi s’énonçait de cette façon: «Les enfants ont droit à protection, sécurité et éducation. Les enfants doivent être traités avec respect pour leur personne et leur individualité et ne doivent pas être soumis à des punitions corporelles ou à d’autres traitements humiliants.»

Pourtant, il meurt encore deux enfants chaque jour en France, soit 730 à l’année.

Pour en savoir plus:

www.nifesseesnitapes.org

Comment aimer un enfant, de Janusz Korczak, aux éditions Robert Laffont (1918, traduit en 1998)

La cause des enfants, de Françoise Dolto, aux éditions Robert Laffont

Échelle des tactiques de conflit (1979), Murray A. Straus

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