WASHINGTON – Carlos Lamoutte et GianLuca Pasquotto écoutent attentivement le vice-président américain JD Vance s’adresser à la foule, plusieurs dizaines de milliers de personnes, rassemblées le 24 janvier pour la 52e Marche nationale pour la vie.
Ces deux élèves de terminale du Jesuit High School, un lycée catholique pour garçons à Tampa, en Floride, ont fait le voyage jusqu’à la capitale avec plus de 45 autres membres du club pro-vie de leur établissement, qui envoie des élèves à la Marche pour la vie depuis plus de dix ans.
Mais ils ne représentent qu’une fraction des milliers de jeunes hommes issus de lycées, d’universités et de séminaires de tout le pays venus à Washington pour faire entendre leur voix.
À leurs côtés marchent de jeunes garçons tenant la main de leur père et de leur mère, ainsi que des hommes plus âgés portant des pancartes affichant des messages avertissant que « L’avortement est un échec de la virilité » et que « Les hommes regrettent d’avoir perdu leur paternité ».
Parmi les participants, Ryder Wittman, 20 ans, étudiant en dernière année à la Colorado Christian University, souligne : « Beaucoup de jeunes hommes ne savent même pas qu’ils peuvent s’impliquer. »
Il raconte que ses amis lui disent souvent : « Je ne savais pas que je pouvais avoir une opinion là-dessus. Je ne savais pas qu’il y avait quoi que ce soit que je puisse faire. Je pensais que c’était une affaire de femmes. »
En tant que bénévole dans un centre d’aide aux femmes enceintes à Denver, Ryder Wittman constate régulièrement que de jeunes hommes se sentent perdus face à une grossesse non prévue, et que souvent leur copine attend d’eux qu’ils prennent position.
« Beaucoup de gars viennent, et ils ont mon âge, 19, 20, 21 ans. On leur a inculqué l’idée qu’ils n’ont pas leur mot à dire, » explique-t-il à Epoch Times.
« Et pourtant, leurs copines les regardent en leur disant : ‘Aide-moi à y voir plus clair. Dis-moi ce qu’on doit faire.’ Pour moi, la question essentielle est : comment combattre cette idée que les hommes n’ont rien à dire ? »
Plusieurs organisations pro-vie reconnaissent qu’il y a une volonté de faire taire les hommes sur ce sujet, une tendance qui existe même au sein du mouvement pro-vie.
« Parfois, le mouvement pro-vie commet l’erreur de limiter cette question à la cause féminine, » affirme Frank Pavone, directeur national de Priests for Life. « C’est vrai qu’il arrive que l’on organise des événements en disant : ‘Seules les femmes prendront la parole.’ C’est une grave erreur. »
« Bien sûr, il est essentiel d’entendre la voix des femmes. Nous mettons en avant leurs témoignages dans nos campagnes. Mais là encore, les hommes sont concernés. »
Janet Morana, directrice exécutive de Priests for Life et cofondatrice de la campagne Silent No More Awareness, souligne que cantonner l’avortement à une question féminine contribue à isoler encore plus les femmes dans leur décision.
« Les hommes doivent retrouver leur rôle de protecteurs, » affirme-t-elle, en saluant le nombre croissant de jeunes hommes engagés dans le mouvement pro-vie.
Kristen Cooper, 21 ans, membre de Students for Life, insiste également sur la nécessité d’une implication des deux sexes : « Le mouvement pro-vie repose sur la famille, ce qui signifie qu’hommes et femmes doivent s’engager ensemble. Nous sommes ravis que des hommes se lèvent pour défendre notre cause. »
La génération post-Roe
Les jeunes hommes interrogés par Epoch Times estiment qu’il faut un changement culturel profond et durable aux États-Unis.
« Notre génération a la responsabilité de réhabiliter notre culture marquée par la mort et de la transformer en une culture de la vie, » écrit Carlos Lamoutte dans un courriel envoyé avant la marche. « Maintenant que Roe v. Wade a été annulé, il est temps de nous concentrer sur notre culture. »
« Comme le rappelait sans cesse saint Jean-Paul II, la culture est plus déterminante que la politique et l’économie lorsqu’il s’agit d’opérer un changement véritable et durable dans notre société. C’est la mission principale de notre génération post-Roe. »
Les parents de Carlos Lamoutte sont tous deux gynécologues-obstétriciens. Il explique que grandir auprès de deux médecins, et voir son père faire du bénévolat sur une ligne d’écoute destinée aux femmes cherchant à éviter un avortement, a profondément influencé sa perception de la cause pro-vie.
« Être témoin de ces situations m’a donné une perspective différente et m’a poussé à défendre ces femmes et leurs enfants, » dit-il.
GianLuca Pasquotto, lui, a été convaincu par les témoignages entendus lors de sa première participation à la Marche pour la vie.
« J’ai compris que ce n’était pas seulement une question politique ou sociale, » confie-t-il. « L’avortement est un dilemme moral qui touche directement la prochaine génération. Je veux simplement que mes enfants grandissent dans un monde qui valorise la vie, et non dans un monde qui l’élimine. »
Un combat qui continue
Roe v. Wade (1973) était un arrêt de la Cour suprême des États-Unis qui garantissait le droit constitutionnel à l’avortement avant d’être annulé en 2022 par Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization. Bien que la Cour suprême ait annulé cet arrêt et que plusieurs victoires législatives aient été remportées, ceux qui ont participé à la Marche pour la vie estiment que la lutte est loin d’être terminée.
« Le travail n’est pas fini, » déclare GianLuca Pasquotto. « L’annulation de Roe v. Wade était une avancée majeure, mais elle n’interdit pas totalement l’avortement. »
« La tâche la plus difficile reste à accomplir : interdire l’avortement à toutes les étapes de la grossesse et dans chaque État. Maintenant plus que jamais, les hommes doivent prendre leur place, car des millions de personnes ont encore besoin de connaître la vérité, ont besoin de nos prières et de notre action. »
Carlos Lamoutte ajoute que maintenir la mobilisation est essentiel : « Il est crucial de montrer que notre mouvement est toujours là et qu’il continuera à lutter pour la cause de la vie et pour l’abolition définitive de l’avortement. »
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